Le 24 mai, CARE France a organisé une conférence sur les droits des femmes, en collaboration avec Elisabeth Guigou, présidente de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Les intervenantes ont dénoncé les nombreux défis qu’il reste à surmonter pour atteindre l’égalité de genre, notamment d’un point de vue politique. Elles ont également évoqué les moyens à mettre en œuvre pour soutenir l’autonomisation des femmes, facteur d’un développement juste et durable. 

Une centaine de personnes dont des parlementaires, des experts, des institutionnels et des personnes de la société civile se sont réunies à l’Assemblée nationale pour participer à ce temps d’échange.

Les inégalités entre les sexes restent une réalité

Arielle de Rothschild, présidente de CARE France, a rappelé les nombreuses inégalités existantes. Les femmes représentent 43% de la main d’œuvre agricole dans les pays en développement alors qu’elles sont moins de 20% à avoir accès à la propriété foncière dans le monde.

Et les résistances politiques et diplomatiques sont fortes pour faire de l’égalité une réalité.

« Rien n’est acquis en matière de droits des femmes, les résistances sont toujours aussi fortes. Certains Etats mettent en avant leur primauté nationale et défendent une sorte de relativisme des droits des femmes », a déclaré Fanny Benedetti, directrice exécutive du Comité ONU Femmes France.

Un point de vue appuyé par Catherine Coutelle, présidente de la délégation des droits des femmes de l’Assemblée nationale. Elle est revenue sur les discussions de la 60ème session de la Commission sur la Condition de la femme :

« L’Europe n’arrive pas à parler d’une seule voix pour défendre les droits des femmes, notamment en termes de santé sexuelle. »

« La France doit jouer un rôle moteur pour les autres pays », rappelle la ministre des Familles, de l’Enfance et des droits des femmes

La présence de membres du gouvernement et du parlement a permis de rappeler la responsabilité politique et diplomatique, ainsi que les engagements de la France dans ce domaine. 

« La France est très engagée et très écoutée sur le message de l’universalité des droits. Ce sont des principes que nous devons continuer à défendre », a rappelé Elisabeth Guigou, présidente de la Commission des Affaires Étrangères de l'Assemblée Nationale.

« En tant que ministre, je dois agir, dans tous les champs, pour atteindre l’objectif 5 de l’Agenda 2030 pour le développement durable, celui qui concerne l’égalité des sexes et l'autonomisation de toutes les femmes et les filles. La France doit jouer un rôle moteur pour les autres pays », a ajouté Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes.

Soutenir l’autonomisation des femmes sur le terrain

L’ensemble des intervenantes ont appelé les États et la société civile à rester mobilisés pour les droits des femmes et à participer pleinement à la mise en œuvre des différents engagements internationaux existants sur les droits des femmes. Outre le terrain diplomatique, les financements et la mise en œuvre de programmes en faveur de l’égalité sont indispensables. 

Il faut plus de financements

CARE France a ainsi dénoncé la faible part de l’aide publique au développement (APD) intégrant le genre. En effet, près de ¾ des projets de l’APD française en 2014 n’intègrent pas la notion d’égalité femmes-hommes et d’autonomisation des femmes.

« Parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes ne pourra pas se faire sans des financements ambitieux intégrant le genre », a rappelé Arielle de Rothschild.

Camille Le Bloa de l’Agence Française de Développement (AFD) a insisté sur le rôle des bailleurs pour s’assurer que cette thématique soit intégrée dans les projets financés. L’intégration du genre dans l’ensemble des projets d’appui au secteur privé, à l’entreprenariat et à l’inclusion financière est également un objectif de l’AFD.

Retour sur une expérience en Côte d’Ivoire

Nous savons que l’autonomisation économique des femmes est un pari gagnant pour le développement. Fati Abdou, notre collègue de CARE Côte d’Ivoire, a présenté la situation des femmes dans son pays en rappelant que le système financier classique n’est pas adapté aux personnes les plus vulnérables. Pour répondre à ce problème, CARE a développé la méthodologie des AVEC (Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit) permettant aux femmes d’épargner en commun et de pouvoir entreprendre des activités génératrices de revenus. 

Fati Abdou est également revenue sur les défis à surmonter pour parvenir à l’autonomisation des femmes :

« L’autonomisation financière des femmes favorise leur implication dans les prises de décisions au niveau familial et communautaire. Mais c’est un processus long qui n’est pas forcément accepté par tous. Nous travaillons avec les autorités locales et les hommes pour que l’autonomisation des femmes ne crée pas de tensions. »

Une centaine de personnes dont des parlementaires, des experts, des institutionnels et des personnes de la société civile se sont réunies à l’Assemblée nationale pour participer à ce temps d’échange. Les débats ont été animés par l'écrivaine Irène Frain. 

Vous pouvez lire le compte-rendu détaillé de la conférence.