Après 5 ans de guerre, les travailleurs humanitaires syriens restent mobilisés. Certains des partenaires de l’ONG CARE témoignent des difficultés quotidiennes, de leur motivation malgré le danger, mais aussi de leur sentiment d’impuissance face à une crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver. 

L'association CARE aide les populations syriennes
Distribution, la semaine dernière, de biens de première urgence pour aider les familles déplacées autour de la ville d'Alep. © CARE

« Nous savons que notre aide ne suffit pas » : Wael, responsable de programmes

Ici, les gens ont besoin d’une aide d’urgence et d’un soutien psychologique pour les aider à surmonter le deuil de leurs proches morts dans les violences et les difficultés quotidiennes qu’ils vivent dans une ville assiégée. Ce qui me pousse à continuer mon travail d’humanitaire, ce qui me motive, c’est l’envie de leur garantir une vie digne, d’aider les civils à échapper aux impacts du conflit.

Chaque jour, nous travaillons dans des situations d’urgence. Chaque jour, nous sommes témoins des effets de plus en plus dévastateurs de cette guerre sur les familles syriennes.

La communauté internationale, les pays doivent unir leurs efforts pour mettre fin à cette crise, car toute l’énergie déployée par les organisations humanitaires ne suffit pas. Nous savons que notre aide ne suffit pas. Nous avons besoin du soutien de la communauté internationale. Et nous avons besoin d’une action immédiate.

« C’était une leçon d’humilité… Ces enfants, qui vivent des atrocités tous les jours, et qui continuent à voir le bon côté des choses » : Mohammad, responsable de programmes

Cela fait presque quatre ans que je suis travailleur humanitaire. Et aussi longtemps que le conflit durera, j’espère trouver la force de continuer. C’est très difficile, car les besoins humanitaires ne cessent d’augmenter. Et peu importe l’ampleur de notre action, nous devons redoubler d’efforts. Je voudrais désespérément qu’on puisse atteindre toutes les régions affectées par la guerre, mais cela n’est malheureusement pas possible pour le moment.

J’ai survécu à des moments très durs. J’ai été kidnappé et menacé. C’est un souvenir terrible, mais cela ne m’empêchera pas de faire mon travail. Le peuple syrien souffre, et chacun doit faire son possible pour lui venir en aide.

Je suis toujours en admiration devant la force des gens que nous rencontrons. Une fois, nous distribuions de l’aide dans la zone rurale d’Idleb. La situation était calme et il faisait beau. Trois enfants nous ont demandé de jouer au football. Ils nous taquinaient en disant : « On sait qu’on jouera mieux que vous, vous allez voir ! ». Notre équipe avait du mal à jouer, parce que le terrain avait été bombardé et le sol était inégal. Les enfants se sont moqués de nous : « Vous voyez, nous on sait jouer et pas vous ! » C’était une leçon d’humilité… Ces enfants, qui vivent des atrocités tous les jours, et qui continuent à voir le bon côté des choses. 

« J’ai peur de ne plus pouvoir faire mon travail, si la guerre ne fait qu’empirer, si on nous empêche d’aider les gens » : Fatima, réceptionniste dans un centre communautaire

Tant que les besoins humanitaires continuent à augmenter, nous devons continuer à faire notre travail. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre une journée. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un travailleur humanitaire, car nous perdrions quelqu’un qui aurait pu aider ceux qui n’ont plus aucune ressource.

Ce qui me motive, c’est le rôle que nous jouons. Ce n’est pas facile d’être un travailleur humanitaire, mais en aidant les personnes qui vivent dans un pays en guerre à avoir une vie meilleure, j’arrive à surmonter tous ces obstacles. J’en ai déjà surmonté un bon nombre dans ma vie.

Mais j’ai peur. J’ai peur de ne plus pouvoir faire mon travail, si la guerre ne fait qu’empirer, si on nous empêche d’aider les gens. Le chaos qui règne ici m’y fait penser tous les jours…et ça me rend triste. Malgré cela, nous luttons contre les pensées négatives. Certains perdent espoir et deviennent pessimistes, en se disant que rien ne va changer. Nous ne pouvons pas nous permettre de penser ainsi. Dans notre secteur, nous essayons d’éviter ce type de pensées négatives. 

CARE et ses partenaires ont déjà soutenu 1,5 million de personnes en Syrie et dans les pays voisins. Vous pouvez nous aider à poursuivre notre action.

La guerre en Syrie demeure l'une des plus grandes crises humanitaires et politiques actuelles. En cinq ans, les violences ont fait 290 000 morts et ont poussé à l'exode plus de la moitié de la population.

Plus de 13,5 millions de Syriens, soit environ 70 % de la population, dépendent aujourd'hui de l'aide humanitaire en termes d'eau, de nourriture, de logements, et de santé. 

CARE et ses partenaires locaux ont déjà fourni une aide humanitaire à plus d'1,5 million de personnes : populations en Syrie, réfugiés syriens ou communautés hôtes des pays voisins comme la Jordanie ou le Liban.

Nous menons de nombreuses actions pour soutenir les populations syriennes. Nos équipes :

  • distribuent de la nourriture et des biens de première nécessité (kits d’hygiène, vêtements, ustensiles de cuisine, matelas),
  • soutiennent des cuisines communautaires pour aider les familles les plus vulnérables en Syrie,
  • améliorent l'accès aux soins médicaux en Syrie (via des cliniques mobiles ou le soutien aux structures existantes), à l'eau et à l'assainissement en Syrie et dans les pays voisins,
  • apportent un soutien financier,
  • soutiennent des centres d’abris collectifs pour les personnes déplacées, aident à réparer des habitations et fournissent des kits d’abris en Syrie,
  • soutiennent les activités agricoles et d’élevage dans les zones syriennes les moins affectées par les conflits,
  • apportent un soutien psychosocial,
  • informent les réfugiés sur leurs droits.