CARE France et SERA ROMANIA soutiennent la réintégration dans leur famille des enfants placés sous la protection de l'Etat.

Contexte

La particularité de la situation en Roumanie est que beaucoup d'enfants qui sont à plus ou moins long terme dans les institutions ont en fait une famille. En effet, de nombreux abandons sont liés à la pauvreté et aux difficultés sociales qui en découlent.

Parmi les enfants placés sous la protection de l'Etat, une proportion importante maintient le contact avec sa famille biologique. Lorsque la décision de placer un enfant a été conditionnée par des difficultés financières, une aide matérielle, même modeste, peut suffire à la famille pour reprendre son enfant en son sein. Cette réintégration doit bien sûr être accompagnée d'un soutien social, psychologique et émotionnel pour en garantir le succès.

La réintégration familiale bénéficie aux enfants et à leurs familles mais également à l'Etat. L'aide matérielle fournie constitue un investissement pour l'avenir, permettant d'alléger les dépenses publiques à long terme.

Fiche projet

Début : 31/12/1969

Fin : 31/12/1969

Objectif

Permettre aux enfants placés sous la protection de l'Etat de réintégrer leurs familles biologiques et de vivre dans un environnement épanouissant.

Activités

  • Réintégrations familiales lors des fermetures d'institution

Lors des projets de fermeture ou de restructuration de centres de placement, la solution privilégiée par SERA ROMANIA est la réintégration de l'enfant dans sa famille biologique. Lorsque celle-ci est possible, SERA offre un soutien matériel adapté à la situation de la famille ainsi qu'un suivi psychologique pendant tout le processus de réintégration.

  • Réintégrations familiales à l'échelle départementale

SERA ROMANIA a développé une méthodologie pour mener des réintégrations familiales à plus grande échelle, au niveau d'un département. Un programme pilote a été mis en place à Vaslui et a permis de développer une méthodologie pour la réintégration familiale qui puisse être répliquéedans d'autres département. Suite aux résultats probants du projet, le modèle a été présenté lors d'une réunion de directeurs des Directions départementales de la Protection de l'Enfance, en novembre 2013. Il est actuellement répliqué à plus petite échelle (avec pour objectif 50 réintégrations) dans le département de Dambovita.

Etude de cas : Vaslui, un programme pilote

Le département de Vaslui, à l'Est du pays, est très pauvre et rural, il n'y a quasiment pas d'industrie, la population vit essentiellement de petite agriculture. Il est très touché par la crise et la recrudescence de la pauvreté. Avec 2700 enfants protégés par l'Etat en 2012, Vaslui est le second département présentant le plus fort taux d'enfants placés sous la protection de l'Etat par rapport à la population totale (6 ‰).

Le projet a débuté en avril 2012 et s'est achevé en octobre 2013. L'objectif a été de mener à bien la réintégration dans leurs familles d'origine de 150 enfants du département, placés dans les institutions d'Etat ou dans des familles d'accueil. L'équipe comptait trois assistants sociaux et un psychologue.

Dans un premier temps, l'équipe du projet a rencontré chaque famille afin d'évaluer sa capacité économique et sociale à prendre en charge l'enfant. Il s'agit de déterminer si la réintégration est envisageable et constitue effectivement une amélioration de la situation, au vu de l'intérêt (supérieur) de l'enfant. L'équipe du projet a évalué la situation de 537 enfants, et ainsi identifié 200 enfants pour lesquels une réintégration était envisageable.

L'équipe du projet en accord avec la famille a défini le soutien le plus adapté à la situation de la famille. Il peut s'agir d'améliorer le logement de la famille en fournissant du matériel pour construire ou rénover le logement, en fournissant du mobilier approprié pour les personnes en situation de handicap ou en installant des sanitaires. Le soutien peut également prendre la forme d'un don en nature ; un animal domestique, tel qu'une vache ou un cochon par exemple, constitue une source de revenus pour la famille et permet d'améliorer sa situation sur le long terme. Certaines familles ont également reçu des fournitures scolaires, des vêtements ou une aide alimentaire.

L'équipe de SERA a accompagné les enfants et les familles tout au long du processus de réintégration, et suit les familles pendant 8 mois après la réintégration de l'enfant.

A la fin du projet, l'objectif initial de 150 réintégrations a été dépassé : 184 enfants ont réintégré leurs familles.

Exemple d'une famille bénéficiaire* : Elena C.B.

Elena élève seule ses 3 enfants depuis le départ du père, qui a refait sa vie et s'est installé dans un autre département. Suite à son départ, les parents du père de famille, chez qui la famille habitait, a mis dehors Elena et ses enfants. Elle a alors dû demander asile à différents amis et voisins.

Elle a fini par demander de l'aide à la DGASPC et les enfants ont dû être placés provisoirement chez des assistantes maternelles. Pendant toute la durée de ce placement, la mère a gardé le lien avec ses enfants, leur rendant visite et leur téléphonant, s'enquérant de leur santé, leur bien-être et elle a maintenu de bonnes relations avec les assistantes maternelles.

La mère a demandé la réintégration de ses enfants et suite aux évaluations, la construction d'une maison a été considérée comme le besoin primordial de cette famille démunie. Le matériau pour une maison de 2 pièces a été fourni, qui sera raccordée à l'électricité. Cette famille va aussi bénéficier d'un soutien social et psychologique.

* Extrait du compte-rendu de mission du 7 au 12 octobre 2012