Interview de Philippe Lévêque, Directeur de CARE France

CARE a signé les principes directeurs, pourquoi ?

Nous pensons qu'un développement économique inclusif et respectueux de l'environnement et des hommes est un moyen efficace de lutter contre la pauvreté. Toutes les parties prenantes ont un rôle à jouer pour faire évoluer les paradigmes. CARE est depuis près de 15 ans engagée dans ce dialogue avec le secteur privé et même au-delà, dans la création de nouveaux modèles qui apportent une valeur ajoutée sociale tout en étant économiquement viables.

Je participe moi-même à ce dialogue depuis de nombreuses années au sein de panels de parties-prenantes mis en place par un certain nombre de grandes entreprises et j'ai pu en constater l'intérêt mais aussi les limites. C'est un exercice délicat qui, pour être pertinent et efficace, suppose vraiment une transparence et une confiance mutuelle qui est fragile entre des acteurs aussi divers.

Mais nous sommes convaincus que les entreprises (et les organisations) ne peuvent pas faire face seules aux enjeux de demain et c'est pourquoi nous soutenons cette initiative qui contribue à faire avancer le développement durable au sein des entreprises.

Qu'en attendez-vous ?

Nous espérons que ces principes directeurs contribueront à mieux faire comprendre des démarches de dialogue et surtout à les intégrer à tous les niveaux de l'entreprise. Car un écueil fréquent est en effet que le dialogue avec les Parties-prenantes reste « un exercice de style » limité à quelques dirigeants et non « un état d'esprit » qui se distille à tous les niveaux de l'entreprise, dans les branches opérationnelles, le marketing etc.

Enfin, j'ai envie de croire que cette envie d'un dialogue constructif est partagée dans le secteur associatif et que nombre d'associations et ONG signeront aussi.

Y a-t-il un principe directeur qui vous parait plus important ?

Ils ont été pensés pour fonctionner ensemble donc il est difficile d'en isoler un, mais c'estsans doute le premier et le sixième qui illustrent le mieux ce que je viens de dire : « Se donner les moyens de changer » et « ancrer la démarche dans le temps et la durée ». Il s'agit bien d'impulser un changement de façon de fonctionner et d'innover... et cela doit se faire dans la durée, devenir un process acquis.