Alors que la pression est de plus en plus forte pour que les pays respectent leurs engagements climatiques, les négociateurs n’ont pas - encore - réussi à transformer l’essai de Paris. Voici l’analyse des conclusions de la réunion de Bonn par les expertes “climat” de CARE France.

La compréhension des détails de l'Accord ?re?ste? très disparate selon les pays.

Par Fanny Petitbon, responsable Plaidoyer

La signature de l’Accord de Paris en décembre a marqué le début d’un long cheminement pour empêcher une catastrophe climatique. Or, les discussions traînent. Non seulement, la question de l'accélération des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre avant 2020 n’a pas été abordée mais Bonn, seule étape officielle de négociations d’ici la COP22, a eu beaucoup de mal à démarrer.

La première semaine de discussions a été longue et laborieuse. Alors que l’Accord de Paris accorde une place centrale à la question de l’adaptation, les pays en développement ont, malgré tout, dû batailler cinq jours durant pour inscrire la thématique à l'agenda des modalités d'application concrète de l'Accord.

La mise en place de l’Accord de Paris reste un réel défi. 

Des lenteurs et des retours en arrière inquiétants

Certains pays reviennent à d’anciennes positions et pourraient remettre en cause l’élan positif de Paris.

Droits humains et égalité de genre restent un point de débat. Par Fanny Petitbon, responsable Plaidoyer

Alors qu’un consensus semblait émerger sur la nécessaire reconduction du programme de travail de Lima sur le genre qui arrivera à terme à la COP22, l’Arabie Saoudite a de nouveau joué les trouble-fête. Le pays a proposé de laisser aux États la liberté de prendre ou non en considération l’égalité entre femmes et hommes dans leurs actions climatiques. De tels principes fondamentaux ne sont pas matière à négociation.

Nous saluons la proposition du groupe Afrique d’organiser, en 2017, un atelier d’échange d’expériences sur les succès et défis liés à l’intégration des droits humains dans l’action climatique. La COP de Marrakech doit marquer un pas vers la traduction des engagements, en termes de respect des droits humains et d’égalité de genre dans toute politique de lutte contre le changement climatique. 

La question de l’agriculture cristallise les tensions. Par Aurélie Ceinos, responsable Climat

Les États doivent décider d’ici la COP22 des prochaines étapes du travail sur l’agriculture au sein de la CCNUCC mais ils campent sur leurs positions. Les pays développés veulent discuter de la réduction des émissions des gaz à effet de serre dans ce secteur alors que les pays en développement et émergents souhaitent se concentrer sur l’adaptation.

Cette scission nous renvoie aux débats menés il y a plusieurs années. La confiance mutuelle semble s’être étiolée à Bonn. Il sera difficile d’obtenir une décision à la COP22 si les pays ne profitent pas des mois à venir pour avancer de leur côté et trouver un compromis.

Chaque pays doit, sans attendre, travailler au niveau national et concrétiser les promesses faites. Les pays développés doivent, par exemple, soutenir l'initiative africaine pour l'adaptation, mobiliser des financements plus importants sur ce sujet et mettre en place des moyens de répondre aux pertes et dommages inévitables.

Il reste beaucoup de travail d’ici la COP 22.

Par Fanny Petitbon, responsable Plaidoyer

Si les pays ont finalement établi une ébauche de plan de travail commun, il leur reste beaucoup à faire pour s’assurer du succès de la COP22, présentée comme celle de l’action par la future présidence marocaine.

Par exemple, limiter le réchauffement climatique à 1,5°C sera extrêmement difficile si les pays ne sont pas capables de réduire l’écart entre leur ambition et les actions réellement mises en place. Le premier bilan des efforts aura lieu en 2018. Il est nécessaire que, d’ici là, les pays revoient sérieusement à la hausse les contributions annoncées avant la COP21.

Contacts medias :

Fanny Petitbon et Aurélie Ceinos, qui étaient présentes à Bonn, sont disponibles pour tout commentaire.

Contactez Laury-Anne Bellessa, chargée des relations medias, bellessa@carefrance.org, 01 53 19 89 92/ 06 24 61 85 37