L’égalité femmes-hommes ? Aucun pays ne l’a encore atteint dans le monde. En Zambie, Stephen est l'un des 110 hommes formés par CARE pour sensibiliser à l’égalité des genres et lutter contre les pratiques sexistes ! Stephen est devenu un véritable modèle dans sa communauté : une expérience qu’il vous partage aujourd’hui. 

atelier de cuisine entre hommes et femmes en zambie
© CARE

Au sein de votre communauté, quel est le défi le plus important concernant l’égalité femmes-hommes ?

Dans notre culture, les hommes veulent contrôler et dominer. Et les femmes se sentent opprimées. Ça se voit notamment dans notre quotidien et dans la répartition des tâches : les hommes en ont très peu alors que les femmes doivent en faire beaucoup pour s'occuper de la famille. Mon devoir en tant que « champion de l’égalité des sexes » a d'abord été de montrer à ma famille comment nous pouvions nous entraider au quotidien. Puis de l'enseigner aux hommes de ma communauté afin qu'ils puissent améliorer leur vie de famille à leur tour.

Quel est votre secret pour convaincre les hommes de s'engager ?

L’idée est d’abord de créer un lien. Pour parler aux hommes de respecter les femmes, vous ne pouvez pas vous contenter de pointer les erreurs, sinon ils se sentiront décrédibilisés et cesseront de vous écouter. 

Nous organisons donc des évènements comme des ateliers sur l'alimentation infantile par exemple. Cela nous permet de rencontrer les maris des femmes qui participent. Nous faisons aussi du porte-à-porte pour discuter avec les hommes de nos communautés.

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Selon vous, quel est le meilleur moyen pour changer les mentalités ?

Pour moi, la clé a été de devenir un exemple : mes actes correspondent à mes paroles. Il est important pour moi que ma famille et mes amis me voient faire les choses que j’essaye de leur apprendre. 

Et c’est un plaisir de montrer à quel point ma famille est heureuse maintenant que nous nous soutenons et nous entraidons. Nous pouvons facilement montrer comment nous vivions avant, les difficultés qui survenaient quand une seule personne devait s’occuper de tout dans la maison et des enfants, et comment nous nous vivons maintenant. La joie de vivre ensemble sans que personne ne soit opprimé ou exploité.

Quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien en tant que « champion de l’égalité des genres »?

On ne peut pas s’attendre à ce que quelqu’un change si facilement quand il est né et a grandi avec certaines idées. Imaginez que vous deviez aider quelqu’un à changer mais qu’il a vécu ces 50 dernières années d’une seule et même manière. Ce n’est pas facile d’apprendre de nouvelles façons de faire.

L’autre difficulté c’est que nous (les champions de l’égalité des sexes) sommes confrontés au défi du nombre : nous sommes peu à enseigner l’égalité alors que beaucoup d’hommes ont besoin d’apprendre ! Et ces hommes vivent loin les uns des autres alors nous devons les rencontrer et les accompagner un par un.

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Vous avez sensibilisé beaucoup d’hommes, mais qu’est-ce que cette expérience a changé pour vous ?

Grâce à cette expérience, j’ai pu changer ma propre façon de penser, la façon dont je prends soin de ma famille. Par exemple, j'apprends à m’occuper de mes enfants de telle sorte que tous les besoins de la famille soient satisfaits. J’ai découvert que si nous fonctionnons et prenons des décisions ensemble, nous sommes plus heureux. Nous travaillons maintenant ensemble pour aller de l'avant.

une famille souriante en zambie
© CARE

L’impact insoupçonné de l’engagement des hommes

À travers le monde, CARE forme et soutient des groupes d’hommes pour lutter contre les discriminations sexistes : violences domestiques, inégalités sociales et économiques... Et les impacts positifs sont multiples.

En Zambie, au Malawi et Mozambique, par exemple, l'engagement des hommes comme Stephen nous permet de lutter contre les causes profondes de l’insécurité alimentaire chez les femmes et les enfants. Notre programme soutient une communauté de 62 000 personnes grâce à l'apprentissage de meilleures pratiques nutritionnelles et de santé, ainsi qu’à la promotion de l’égalité femmes-hommes. 

Car les injustices de genre sont à la fois une cause et une conséquence de la faim : les femmes n’ont pas accès à l’éducation et aux informations de santé, elles n’ont pas accès aux ressources économiques pour avoir de quoi nourrir leur famille, elles sont les premières à se priver de nourriture lors de pénuries alors même qu’elles abattent une charge de travail (domestique et professionnel) inimaginable. Briser le cercle des inégalités femmes-hommes permet donc de faire reculer la faim dans le monde.