Le virus Ebola a tué des milliers de personnes et paralysé les pays affectés par cette épidémie. Les associations villageoises d'épargne et de crédit (AVEC), créées par CARE en 2004 au Sierra Léone et en 2008 au Libéria, ont permis aux populations d'atténuer les impacts économiques de l'épidémie d'Ebola. Découvrez trois témoignages.

Une source de revenu alternative après la fermeture des plantations

« Au plus fort de l'épidémie Ebola, les plantations d'huile de palme au Libéria ont dû fermer, mon mari a perdu son travail. Du jour au lendemain, j'ai dû assumer seule le quotidien de ma famille », explique Nyonblee.

Nyonblee est membre d'une AVEC du comté de Margibi, un groupe autogéré d'épargne et de crédit. Grâce à un prêt de 100 dollars octroyé par son groupe, elle a pu aider sa famille à traverser cette période difficile.

« J'ai pu acheter deux poulets ainsi que des semences et des outils pour cultiver quelques légumes. Nous avons survécu en mangeant des feuilles de manioc, des arachides et des œufs. J'ai aussi gagné un peu d'argent en vendant quelques œufs à ses voisins. »

Aujourd'hui, les marchés locaux ont ré-ouvert, mais les plantations d'huile de palme sont toujours fermées. Le mari de Nyonblee reste sans emploi. Cependant, grâce à la vente de ses produits et sur le marché, Nyonblee a déjà pratiquement économisé de quoi rembourser son prêt avec les intérêts.

L'association humanitaire CARE vient en aide aux populations affectées par Ebola.
Grâce à un prêt de 100 dollars octroyé par son AVEC, Nyonblee a pu aider sa famille à traverser cette période difficile. © 2015 / CARE

L'achat de semences pour garantir la prochaine récolte

Lorsque les marchés ont fermé en Sierra Leone, les 30 femmes membres de l'AVEC de Mateboi ont perdu leurs sources de revenu. Le groupe a collectivement décidé d'octroyer un prêt de 200 dollars à chaque membre, grâce aux économies préalablement mises en commun. Cela leur a permis d'acheter de la nourriture.

Le groupe a également décidé d'utiliser 300 dollars d'épargne collective pour acheter des semences et garantir des récoltes lors de la prochaine saison.

« Les efforts, que nous avons mis en œuvre depuis des années pour épargner, nous ont aidés à survivre à Ebola. Notre groupe dispose aujourd'hui d'un solde de 4 000 dollars », explique Relevance, l'une des dirigeantes de cette AVEC.

L'association humanitaire CARE vient en aide aux populations affectées par Ebola.
Relavance est membre d'une AVEC en Sierra Leone © 2015 / CARE

Un soutien financier pour les enfants orphelins

16 000 enfants ont perdu leurs parents à cause de l'épidémie Ebola, selon l'UNICEF. Beaucoup d'entre eux ont dû prendre en charge leurs frères et sœurs plus jeunes. Parmi eux, Christian, 14 ans, qui vit à Mapaki en Sierra Leone et doit désormais s'occuper de ses 3 jeunes frères et sœurs.

« Notre mère était un membre actif d'une AVEC. Le groupe nous a aidé financièrement pour faire face aux dépenses quotidiennes. Aujourd'hui, l'AVEC m'aide à me former pour devenir mécanicien », témoigne Christian.

L'association humanitaire CARE vient en aide aux populations affectées par Ebola.
Les parents de Christian sont morts du virus Ebola. Il doit s'occuper de ses 3 jeunes frères et sœurs. © 2015 / CARE

Les AVEC

Les AVEC sont des groupes autogérés, qui pallient le manque d'accès aux structures bancaires. Les membres mettent en commun leurs épargnes et se font des prêts. Ils investissent cet argent dans pour créer ou développer des activités génératrices de revenus, pour réparer leur maison effondrée, pour envoyer leurs enfants à l'école ou acheter de la nourriture.

  • Au Libéria, CARE a lancé les premières AVEC en 2008. Aujourd'hui, 205 groupes ont été créés comprenant près de 6 000 membres. Ces groupes ont épargné plus de 250 000 dollars. Dans le comté de Margibi, qui a été durement touché par le virus Ebola, le nombre d'AVEC a presque doublé, passant de 50 groupes en 2013 à 86 groupes fin 2014.
  • Au Sierra Leone, la première AVEC a été créée en 2004. Il existe désormais plus de 2 000 groupes, rassemblant 62 000 membres. Ces deux dernières années, 900 groupes ont été créés. Ils ont épargné plus de 830 000 dollars et octroyé près de 200 000 dollars en prêts.