Après plus d'un mois d'intenses combats au Yémen, 22 organisations humanitaires présentes sur place alertent quant au potentiel arrêt de leur aide humanitaire d'urgence si les voies terrestres, maritimes et aériennes ne sont pas immédiatement rouvertes pour permettre l'approvisionnement en fuel.

«Nous risquons de manquer de carburant dans les prochains jours » déclare Hajir Maalim, responsable de la mission d'Action contre la Faim au Yémen. « Nous avons besoin d'au moins trois véhicules afin de transporter le personnel médical ainsi que le matériel nécessaire au traitement de plus de 1 600 enfants sévèrement malnutris à Hodeïda, au Nord du Yémen. Si nous n'obtenons pas de carburant d'ici 10 jours, nous ne pourrons plus aider ces enfants, les mettant ainsi en grave danger. Des enfants ne devraient pas risquer de mourir à cause d'une pénurie de pétrole, c'est inacceptable. »

Avant les récents pics de violence, 16 millions de Yéménites soit 60 % de la population, avaient besoin d'assistance humanitaire et 13 millions de personnes, près de la moitié de la population, n'avaient pas accès à l'eau potable et à des installations sanitaires. Suite à la recrudescence des violences, les besoins humanitaires ont augmenté très rapidement. Fin 2014, 10 millions de personnes souffraient d'insécurité alimentaire ; ils seraient aujourd'hui près de 20 millions selon les dernières estimations, soit 80% de la population yéménite.

« Les pénuries de carburant ont atteint un niveau critique. En l'absence d'importations régulières, il nous sera bientôt impossible de fournir une assistance vitale au nombre croissant de personnes dans le besoin », informe Edward Santiago, Directeur pays de Save the Children. « Nous avons réussi à apporter une aide en maintenant les distributions alimentaires, les accès à l'eau et à l'assainissement, et l'approvisionnement en matériel médical. 50 000 personnes dont 21 000 enfants en ont bénéficié mais nous devons faire plus. Nous sommes extrêmement préoccupés par nos stocks de carburant qui diminuent alors que les besoins se multiplient. Des millions de vies sont en danger, en particulier celles des enfants.»

Dans des circonstances normales, le Yémen a besoin d'au moins 144 000 barils de pétrole par jour afin de soutenir son économie et faire fonctionner ses infrastructures. Cette pénurie entraine inévitablement l'accentuation de la catastrophe humanitaire. Des communautés entières sont sans eau car les systèmes d'approvisionnement fonctionnent avec du carburant qui permet de pomper et d'acheminer l'eau du sol à la surface, pour ensuite être traitée. Les infrastructures médicales sont saturées, beaucoup sont fermées et d'autres dans l'incapacité de fournir un service minimum. Les communications pourraient être coupées dans les jours qui viennent. L'électricité est disponible quelques heures par jour au mieux.

« Une cessation immédiate et permanente du conflit doit être mise en place maintenant; les voies terrestres, maritimes et aériennes doivent rouvrir afin d'acheminer les produits de première nécessité tels que la nourriture, le carburant et le matériel médical pour assister les millions de personnes dans le besoin ». explique Grace Ommer, responsable d'Oxfam au Yémen.

Face à cela, le Forum des ONG Internationales du Yémen appelle toutes les parties au conflit à rouvrir les voies terrestres, maritimes et aériennes afin de permettre la reprise des importations essentielles. L'annonce d'une potentielle « pause humanitaire » dans les opérations militaires ne réduira pas l'impact du conflit et les membres du Forum des ONG au Yémen appellent les belligérants à mettre fin au conflit.

L'association humanitaire CARE vient en aide aux populations du Yémen

CONTACT MEDIAS :

Contactez Laury-Anne Bellessa, chargée des relations medias chez CARE France, + 33 (0) 1 53 19 89 92, + 33 (0) 6 24 61 85 37, bellessa@carefrance.org