L'échec des derniers pourparlers sur le Soudan du Sud qui ont eu lieu à Addis Abeba aura de terribles conséquences pour les civils qui subissent une guerre civile brutale depuis 20 mois, alertent les organisations humanitaires CARE, IRC et Oxfam.

Une cessation immédiate des hostilités et une paix durable sont les deux signaux que les Sud-Soudanais attendent pour pouvoir garantir le développement durable de leur pays.

Rama Anthony, Directeur pays par intérim d'Oxfam au Soudan du Sud explique : « Les civils subissent de plein fouet les retards accumulés dans la signature d'un accord. 4,6 millions de personnes sont menacées par les pénuries alimentaires. Un accord doit être trouvé de toute urgence pour mettre un terme au cycle de violences qui affecte très durement les populations civiles sud-soudanaises. De nombreuses familles n'ont plus les moyens de se procurer des denrées de base comme la nourriture ou l'eau potable. La malnutrition est ainsi devenue particulièrement sévère et l'eau non-potable expose les populations à des maladies mortelles telles que le choléra ».
« Ce conflit, qui s'envenime de jour en jour, empêche les personnes d'obtenir l'aide dont elles ont besoin pour survivre, car elles sont forcées de se cacher pour se protéger. En dépit des énormes besoins, l'appel de l'ONU pour le Soudan du Sud n'a été financé qu'à moitié et les organisations humanitaires luttent pour fournir une aide pourtant essentielle », ajoute Rama Anthony.
Simon Chol Mialith, expert en médiation de conflits et promotion de la paix pour CARE au Soudan du Sud poursuit : « Ce conflit a semé la destruction dans les vies des Sud-Soudanais. En l'absence de paix, il y aura toujours plus de combats, plus de victimes et plus de mouvements migratoires. Notre pays n'a que quatre ans. Je ne peux qu'espérer que l'on puisse atteindre son cinquième anniversaire ».

Les femmes et les filles ont été parmi les plus touchées par ce conflit. L'impossibilité de parvenir à un accord de paix rend les femmes et les filles d'autant plus vulnérables, notamment aux violences basées sur le genre. Les traumatismes et bouleversements qu'elles subissent risquent d'aggraver sérieusement les inégalités dont elles font déjà l'objet.

Ronald-Paul Veilleux, Directeur pays d'IRC au Soudan du Sud conclut: "La société sud-soudanaise repose sur les femmes et les filles. C'est en investissant dans leur avenir et celui de la nation que l'on fera un pas déterminant vers la sortie du conflit."

Les femmes et les filles, premières victimes de ce conflit © JoshEstey/CARE

CARE, IRC et Oxfam demandent instamment que :

  • Les parties au conflit parviennent à un accord immédiat qui priorise les besoins des populations civiles, mettant fin aux hostilités et plaçant le pays sur la voie d'une solution politique durable.
  • Les bailleurs continuent de soutenir financièrement l'aide humanitaire nécessaire pour atténuer l'impact des combats actuels et de la crise économique toujours plus préoccupante.
  • Les bailleurs maintiennent leur soutien sur le long terme pour protéger les acquis durement obtenus et garantir que les civils résidant dans les zones moins affectées par le conflit puissent accéder aux services de base et ne pas être davantage affectés par la crise humanitaire.
  • Les bailleurs et les acteurs diplomatiques appuient les initiatives de réconciliation à tous les niveaux de la société sud-soudanaise, notamment en soutenant une approche inclusive du processus de paix qui garantisse la participation des populations.
  • Les acteurs diplomatiques régionaux et internationaux utilisent leur influence pour faire pression sur les parties au conflit afin d'assurer la protection des civils et de trouver une solution politique au conflit.

Note aux éditeurs:

  • Plus de 2 millions de personnes ont dû fuir leur maison. 4,6 millions de personnes sont en proie à la faim et des milliers de Sud-soudanais sont victimes de violences.
  • La crise est accentuée par les obstacles récurrents à l'aide humanitaire en raison du conflit et du blocage des voies d'approvisionnement, comme la récente suspension de l'acheminement par barques de l'aide alimentaire sur le Nil qui a privé des centaines de milliers de Sud-soudanais vivant dans les régions les plus affectées par le conflit d'accès à des denrées vitales.
  • Plus de 200 000 personnes ont fui leur maison pour trouver refuge dans les sites de protection des civils de l'ONU (PoCs) qui accueillent toujours plus de nouveaux arrivants chaque jour.
  • 1,4 million de personnes supplémentaires ont dû fuir leur maison et vivent à l'extérieur des PoCs. La plupart n'ont pas accès aux services de base et à l'aide humanitaire vitale.
  • Plus de 746 000 Sud-soudanais vivent dans des camps de réfugiés en Éthiopie, au Soudan, Kenya et en Ouganda - la plupart de ces personnes ont fui depuis le début du conflit en décembre 2013.
  • On estime que 4,6 millions de Sud-soudanais (soit 41 % de la population) sont en proie à la faim, selon le dernier rapport IPC- Integrated Phase Classification sur la sécurité alimentaire.

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