Le Liban est aujourd'hui le deuxième pays d'accueil pour les Syriens qui fuient les violences dans leur pays. Certains y vivent dans des conditions extrêmement précaires, susceptibles de se dégrader encore cet hiver.

L'association CARE France aide Khaled, réfugié syrien.
Khaled, réfugié syrien, vit au Liban avec sa famille depuis 18 mois ©2015/CARE FRANCE

Les conditions de vie très précaires des réfugiés syriens

Avoir un toit au-dessus de sa tête, voilà la principale préoccupation des réfugiés dans les villes libanaises. Trouver un endroit où vivre, de l'argent pour payer le loyer... Pour Khaled, réfugié syrien au Liban, ces pensées le taraudent constamment, du lever au coucher.

Des logements insalubres

N'ayant pas de quoi louer un logement propre, même basique, il vit avec sa famille de cinq personnes dans une chambre obscure et humide qu'une connaissance a trouvée pour eux. Ils n'ont ni accès à l'eau courante ni à des sanitaires. « C'est rempli d'insectes et de rats » explique sa famille.

L'air est glacé. Khaled porte une veste, sa mère, sa femme et ses enfants ont empilé les couches de vêtement. L'hiver dernier, ils n'ont pas pu s'offrir de radiateur. De nombreux réfugiés n'ont pas de quoi se préparer pour le prochain hiver.

Les violences en Syrie

Il y a plus d'un an que Khaled, sa femme Raeda, sa mère Najah et ses enfants Nour et Suleiman, respectivement 11 et 10 ans, ont fui la Syrie. La violence et les bombardements aériens de plus en plus fréquents les ont forcé à quitter leur foyer.

« Nous étions propriétaires. Maintenant notre maison est totalement démolie », se confie Khaled, les yeux rivés vers le sol. « Si nous avions été à l'intérieur lors des bombardements, nous serions tous morts. »

220 000 civils ont été tués depuis le début de la guerre en Syrie

Khaled raconte que son neveu a été tué par un éclat d'obus. Abdel Qadir n'avait que 12 ans lorsque les morceaux d'une bombe-baril, une arme omniprésente dans cette guerre, lui ont ôté la vie. Ce conflit, qui a commencé il y a cinq ans, a déjà fait plus de 220 000 victimes.

Khaled se remémore sa famille en Syrie :

« Y penser ne fait que remuer le couteau dans la plaie. Toute ma famille est en Syrie. Nous n'avons plus aucun contact avec eux. »

Ils ont appris que le frère de Raeda a été tué dans des bombardements. Ils n'ont pas plus de nouvelles.

L'avenir incertain des réfugiés syriens

L'absence de ressources financières

En Syrie, Khaled était peintre en bâtiment.

« Chaque journée de travail rapportait beaucoup. Mais c'était avant la crise. Une fois la guerre commencée, il n'y a plus eu de travail, ni d'argent. Il ne restait plus que les bombardements. »

Khaled cherche du travail tous les jours, mais les résultats sont très irréguliers :

« Il arrive que je travaille deux jours en tant qu'ouvrier puis que je ne trouve rien pendant dix jours. »

Une journée de labeur lui rapporte entre 7 et 10 dollars.

L'association CARE apporte une aide aux réfugiés syriens au Liban
©2015/CARE FRANCE

Le manque de nourriture

Aujourd'hui, son but est de trouver un logement propre et sûr pour sa famille.

« Je veux louer un endroit décent mais je ne peux pas me le permettre. Nous ne mangeons déjà pas à notre faim, notre alimentation est très pauvre. Le peu que nous mangeons, je l'obtiens à crédit chez des commerçants. Nos repas se limitent à des nouilles, du thon en boîte, des produits en conserve... Et tout ce que les gens nous donnent », admet Khaled. « Nous mangeons un repas complet tous les dix jours environ. »

Le manque d'aide internationale

L'absence de financement international a mené à des coupes budgétaires dans les programmes d'aide alimentaire aux réfugiés. Cette famille ne peut pas en bénéficier. Depuis environ six mois, CARE soutient la famille de Khaled grâce à un fond d'urgence de l'Union européenne, à hauteur de 175 dollars par mois. Avec cet argent, ils achètent de la nourriture et des médicaments pour la mère de Khaled qui est diabétique.

« Que Dieu garde CARE. Sans leur aide, nous n'aurions rien », s'exclame Khaled. « J'espère que Dieu nous donnera bientôt une vie plus facile. Un foyer, de la nourriture et de l'eau. Pour le moment nous supportons cette situation. Que pouvons-nous faire d'autre ?"

Les enfants syriens privés d'éducation

Les enfants de Khaled auraient dû entrer en CM1 et CM2, mais dorénavant ils ne peuvent plus aller à l'école.

« Ils ont manqué une année de scolarité », déplore Khaled. « Le transport, les livres... cela coûte trop cher pour nous. »

Suleiman, 10 ans, aimait aller l'école.

« J'adorais étudier l'anglais », avoue-t-il timidement. « Quand je serai grand, je veux devenir cosmonaute.»

Khaled craint qu'aucun des rêves de son fils ne soit réalisable.

« Quel gâchis », soupire leur père en les regardant jouer. « En Syrie j'aidais mes enfants à faire leurs devoirs. Ils ont des ambitions, mais sans éducation ils n'ont aucune chance d'avoir un avenir meilleur. »

L'association CARE France soutient les réfugiés syriens
Les enfants de Khaled ©2015/CARE FRANCE

Propos recueillis par Mary Kate MacIsaac, membre de CARE International dans la région du Moyen-Orient.