Suite à la fermeture il y a deux ans des frontières de plusieurs pays de l’Union Européenne, quelque 60 000 réfugiés sont bloqués en Grèce. L’un des obstacles majeurs de leur vie quotidienne est la barrière de la langue. Ne pas être en mesure de communiquer ou d’interagir avec les habitants rend leur intégration encore plus difficile. Dora Vangui de l’ONG CARE témoigne.

L'association CARE accompagne les réfugiés
© CARE / 2017

En l'espace de quelques semaines, CARE a déjà aidé plus de 150 réfugiés et demandeurs d'asile.

Aider les réfugiés en Europe prend de nombreuses formes : hébergement, soutien d’urgence. Mais il y a un aspect qu’on oublie trop souvent. Avant de pouvoir retrouver une nouvelle vie stable, un travail, les réfugiés sont confrontés à des démarches très complexes. Nous savons tous comment les procédures administratives peuvent être longues et compliquées. Et c’est encore pire lorsqu’on se trouve à l’étranger. Alors imaginez devoir effectuer ces démarches dans un pays dont vous ne parlez pas la langue.

« C’est ici que je peux obtenir un numéro AMKA et AFM ? » L’homme qui vient de passer la porte du centre mis en place par CARE a environ 25 ans. Il est Syrien et essaye d’identifier du regard un interlocuteur qui le comprenne. Son visage s’éclaire lorsque mon collègue Saïd lui répond en arabe : « Bienvenue mon ami. Ici, nous pouvons t’accompagner dans tes démarches et t’aider à préparer les documents dont tu auras besoin. »

Sans les numéros AMKA (sécurité sociale) et AFM (numéro fiscal), les réfugiés ne peuvent pas se rendre dans un hôpital public, bénéficier du système national de protection sociale, ou travailler légalement dans le pays. CARE, avec le soutien d’ECHO (le programme de protection civile et d'aide humanitaire de la Commission européenne), aide les réfugiés à obtenir ces documents essentiels. C’est un service vital non seulement pour les réfugiés mais également pour les services publics grecs qui n’ont pas les moyens ou le personnel nécessaire pour expliquer les procédures aux réfugiés. En l'espace de quelques semaines, CARE a déjà aidé plus de 150 réfugiés et demandeurs d'asile.

Nous avons besoin de nous sentir utile à nouveau.

Obtenir ces documents n’est cependant que le premier pas vers l’intégration des réfugiés. Comme me l’a confié Taher, un ami syrien, lors de sa venue au centre :

 « Trouver un emploi est la chose la plus importante pour nous. Nous avons besoin de nous sentir utile à nouveau. Utile pour nous et utile pour la Grèce parce que c'est notre nouvelle maison. »

Il y a un peu plus d’un an, j’écrivais l’histoire de Taher et racontais ses efforts pour trouver un travail en Grèce. Aujourd’hui, il a trouvé un emploi en tant qu’interprète pour les organisations humanitaires. Il a pu réaliser son ambition d’aider les autres. Malheureusement, les difficultés et le découragement dont il m’avait fait part sont aujourd’hui le quotidien de beaucoup de réfugiés.

En collaboration avec l’organisation des syndicats d’Athènes, nos équipes organisent des ateliers en arabe, anglais, farsi et français afin de faciliter l’accès des réfugiés au marché du travail. Nous les aidons à comprendre leurs droits. Ils peuvent participer à des sessions pour la rédaction de CV et lettres de motivation, ou encore des formations sur l'utilisation des plateformes de recherche d'emploi. Des rencontres avec des professionnels ont également été organisées.

 Mais les obstacles restent nombreux : peu ont la possibilité de présenter leurs diplômes perdus durant la guerre ou leur fuite. Et la principale difficulté reste la barrière de la langue et l’apprentissage du grec. On estime que plus de 30 000 réfugiés resteront en Grèce. Soutenir les réfugiés dans leur quête d’autonomie est, selon moi, l’une des approches les plus durables pour leur avenir ainsi que pour celui des pays européens. 

Soutenez nos actions en faveur des populations syriennes

L’ONG CARE et ses partenaires ont fourni une aide humanitaire à plus de 2,5 millions de personnes en Syrie et dans les pays qui accueillent des réfugiés syriens.