CARE et 3 autres ONG appellent au respect absolu du droit international humanitaire et à un accès sans entrave aux 22 millions de Yéménites ayant besoin d'une aide d'urgence.

© CARE

Les populations civiles sont les principales victimes de cette situation inextricable

Depuis 2015 et le début de l’intervention de la coalition menée par l’Arabie Saoudite contre les Houthis, le Yémen qui était déjà le pays le plus pauvre du monde arabe, a sombré dans la violence. Si les lignes de front ne bougent quasiment plus montrant l’inanité de la réponse militaire, les bombardements qui frappent trop souvent les infrastructures civiles comme les écoles et les hôpitaux, eux, continuent. Absence de pourparlers de paix, gouvernement en exil, menace sécessionniste, chaos sécuritaire, économie de guerre : rien ne semble indiquer une sortie de crise à court terme. Les populations civiles sont les principales victimes de cette situation inextricable et toutes les parties au conflit continuent de commettre des violations du droit international humanitaire et des droits humains en toute impunité.


Ce pays plonge dans sa quatrième année de conflit. 5 500 personnes ont été tuées et 9 000 blessées parmi la population civile, plus de trois millions ont été déplacées. Pourtant, ces chiffres effrayants ne reflètent que partiellement la gravité de la situation. En effet, les trois quarts de la population du pays a désormais besoin d’assistance humanitaire, soit plus de 22 millions de personnes ! Pour la moitié d’entre elles, cette aide est devenue une question de survie. Un tiers des districts du pays et 8,4 millions de personnes risquent de sombrer dans la famine à tout moment. L’épidémie de choléra pourrait affecter un million de personnes, du jamais vu au 21e siècle ! Les services publics s’effondrent notamment dans les hôpitaux, l’administration et les écoles. La moitié des centres de santé fonctionne au ralenti, et l’autre moitié est tout simplement à l’arrêt ou détruite. Seize millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. 

Survivre est désormais la seule priorité pour de nombreux.ses Yéménites. La communauté internationale ne peut l’ignorer et rester sans rien faire.

Il est temps de faire respecter le droit international humanitaire

De nombreux obstacles freinent l’intervention humanitaire. Alors que le pays continue d’épuiser ses stocks de fuel, de nourriture et de médicaments, les aéroports sont sérieusement endommagés et ne permettent qu’un approvisionnement au compte-gouttes de l’aide humanitaire. Fin 2017, le blocus des principaux ports du pays pendant plus de six semaines par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, a entraîné une sérieuse aggravation de la crise humanitaire. Malgré la réouverture le 20 décembre dernier du port de Hodeïda aux navires humanitaires et commerciaux pour une période de 30 jours depuis renouvelée, la pénurie de carburant continue et les livraisons doivent être autorisées et déchargées à un rythme beaucoup plus soutenu. À elle seule la nourriture n'est pas suffisante pour répondre aux besoins, stabiliser les marchés ou compenser les dégâts du blocus humanitaire et commercial total.


Les organisations non gouvernementales peinent à répondre aux besoins de la population civile. L’entrée du personnel international est verrouillée par des procédures longues et contraignantes, sans garantie de réussite. Tout mouvement terrestre est soumis à de multiples autorisations qui entravent voire tout simplement empêchent la circulation du personnel humanitaire. L'arrivée d'un nouvel envoyé spécial et d'une nouvelle coordinatrice humanitaire des Nations unies en mars 2018 doit créer une nouvelle impulsion.


Il est temps de faire respecter le droit international humanitaire. Il est temps de permettre aux ONG d’acheminer librement en quantité suffisante la nourriture, les médicaments, le matériel pour traiter l’eau. Temps de lever définitivement le blocus qui limite dramatiquement l’entrée des produits commerciaux que l’aide humanitaire ne pourra jamais remplacer. Temps aussi pour faire pression sur la coalition arabe et le gouvernement Hadi afin d’offrir un second souffle à une population yéménite qui se meurt. 

La communauté internationale ne peut ignorer l’état d’un pays où l’accès humanitaire est une question de survie pour une grande partie de la population.

Signataires

Liste des organisations signataires : Hélène Quéau, directrice des opérations de Première Urgence Internationale Pour la commission Humanitaire de Coordination SUD, CARE France, Fanny Petitbon, responsable plaidoyer. Secours Islamique France, Rachid Lalou, président-fondateur. SOS Villages d’Enfants, Gilles Paillard, directeur général.