Hind est membre de l’ONG CARE et vit au Yémen. A l’approche du 26 mars qui marquera la troisième année de guerre dans le pays, elle a souhaité rendre hommage aux femmes yéménites. Elle témoigne de leur force, de leur courage et de leur résilience.

© CARE

Aujourd’hui, les femmes yéménites brisent les tabous

Guerre. Pour beaucoup ce n’est qu’un mot, un mot effrayant que l’on croise dans les livres ou les films. Mais lorsque le mot devient réalité, c’est encore pire que ce que vous pouvez imaginer. Parfois, je me sens comme piégée. Il est difficile de garder espoir quand on vit dans un pays déchiré par une guerre qui semble sans issue, mais certaines histoires, certaines rencontres, me permettent d’espérer à nouveau.

 « Ce sont les femmes qui bâtissent des nations » avait l’habitude de me dire mon père lorsque j’étais enfant. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais réellement compris la signification de cette phrase. Depuis le début de la guerre, cela a pris tout son sens : je le vis, je le sens, je l’entends dans toutes les maisons yéménites qui abritent des femmes animées d’un esprit de résilience exceptionnel.

Traditionnellement, notre société est dominée par les hommes, on considère qu’ils sont les seuls capables de subvenir aux besoins de leur famille. Mais aujourd’hui les hommes sont au combat, sans emploi, blessés ou morts. Comme cela s’est passé en Europe durant la guerre, des milliers de femmes ont dû prendre leur place pour faire fonctionner le pays et nourrir leurs familles. Aujourd’hui, les femmes yéménites brisent les tabous : on peut les voir sur les marchés vendre des légumes, du parfum, des pâtisseries. C’était avant quelque chose d’invraisemblable. 

Je pense que le monde devrait saluer et soutenir les femmes yéménites

Je suis amenée à rencontrer certaines de ces femmes dans le cadre de mon travail chez CARE. Toutes ont une histoire à raconter, souvent pleine de souffrance mais également empreinte d’une force extraordinaire. A l’image de Samar qui, malgré les ordures déposées devant sa boulangerie tous les matins, en guise d’intimidation, ne désespère pas : 

« Parfois je ris, parfois je me fâche, cela me frustre mais je dois continuer pour mes enfants et pour que les autres femmes n’aient plus peur de travailler. »

Ou encore à l’image de Bushra qui, après sa journée de travail, coud des vêtements pour homme, une première au Yémen ! Grâce à cette deuxième activité, elle peut subvenir aux besoins de sa famille et permettre à ses frères et sœurs de continuer leurs études.

On nous a conditionné à croire que les femmes étaient inférieures aux hommes, qu’elles ne pouvaient pas participer ou contribuer à la société. Cette idée nous a longtemps privés d’accès à l’éducation. Je pense que le monde devrait saluer et soutenir les femmes yéménites, pour leur détermination, leur force, leur capacité de croire en elles et pour tous leurs sacrifices malgré l’horreur et la difficulté de notre quotidien. Saluons-les, car ce sont les femmes qui bâtissent les nations au beau milieu de la guerre.

L'action de CARE au Yémen

Au Yémen, CARE a déjà aidé plus de 2 millions de personnes.

CARE apporte une aide d’urgence : nourriture, accès à l’eau et à l’assainissement, soutien de centres de santé, soutien financier aux familles les plus vulnérables. Nos équipes mènent aussi des programmes d'autonomisation économique des femmes : formations et micro-prêts pour développer des petites entreprises. CARE travaille également avec la société civile pour promouvoir l'égalité des sexes.