Quatre ONG travaillant dans la région d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie, s’inquiètent des conséquences désastreuses pour des millions de civils si l'accord russo-turque, qui doit être complètement mis en œuvre d'ici le 15 octobre, n'est pas appliqué.

Quatre ONG internationales intervenant à Idlib, leurs partenaires locaux ainsi que les civils recevant de l'aide craignent que les violences ne deviennent incontrôlables dans les prochains jours si l'accord conclu en septembre entre la Russie et la Turquie échoue. L’accord prévoit la création d’une « zone démilitarisée » à Idlib. Les groupes armés doivent quitter cette zone le 15 octobre au plus tard.

Des informations selon lesquelles différentes parties au conflit refusent d’accepter les termes de l’accord menacent l’espoir des populations. Pourtant, la mise en œuvre de cet accord, si elle est conforme au droit international humanitaire et n'entraîne pas une augmentation de la violence en dehors de la zone démilitarisée, offrirait une bouée de sauvetage à la population d'Idlib.

Près de 3 millions de personnes vivent à Idlib et on estime qu’une offensive militaire, même limitée, entrainerait le déplacement de centaines de milliers de personnes.

« Les habitants d’Idlib et les travailleurs humanitaires retiennent leur souffle à l’approche de la date limite du cessez-le-feu. Même si les termes de l’accord sont connus, qu’en sera-t-il si les parties au conflit ne l’appliquent pas ? Est-ce que ce sera une guerre totale ? Maintes et maintes fois, des accords similaires ont tout simplement abouti à un bain de sang. Les civils pris dans cette impasse doivent être épargnés à tout prix », alerte Joelle Bassoul, porte-parole de l’ONG CARE pour la Syrie.

« Les habitants d’Idlib ont besoin d’un accord qui leur offre une protection sur long terme et qui permette l’acheminement de l’aide à tous ceux qui en ont besoin. Les capacités des ONG sont déjà poussées au maximum à Idlib, où la population a doublé au cours des dernières années, à cause de l’arrivée de Syriens d’autres régions. Si cet accord échoue et que les opérations militaires commencent, nous aurons du mal à fournir de l’aide aux centaines de milliers de personnes qui en ont tant besoin », explique Lorraine Bramwell, directrice d’IRC pour la Syrie.

« Les enfants nous disent déjà qu'ils sont terrifiés à la perspective de nouvelles violences. L'année scolaire vient à peine de commencer, mais les écoles mettent déjà en place des plans d’urgence prévoyant des exercices d’évacuation en cas d’attaques ainsi que la suspension des cours. Beaucoup d’enfants à Idlib ont déjà été forcés de fuir leur maison une douzaine de fois, les contraignant à rater des années d'école. La reprise du conflit aggraverait les souffrances de plus d'un million d'enfants à Idlib », dénonce Sonia Khush, directrice de Save the Children pour la Syrie.

« Certains de nos bénéficiaires ont fait le plein de nourriture et s'attendent à rester bloqués chez eux pendant des jours si les combats reprennent. D'autres ont fait leurs bagages et s’apprêtent à fuir dès le premier raid aérien. Dans les deux cas, si les conditions de sécurité ne nous permettent pas de travailler, nous ne pourrons pas venir en aide à ces personnes. Tout le monde craint de mourir si les bombes commencent à pleuvoir. Ce dont nous avons besoin, c'est d'un accord non seulement respecté, mais également étendu à d'autres zones d'Idlib et garantissant un accès humanitaire total », a déclaré Arnaud Quemin, directeur de Mercy Corps en Syrie.

Signataires de cette déclaration :

CARE, International Rescue Committee, Mercy Corps, Save the Children. 

Contact médias

Des porte-paroles francophones sur place sont disponibles. Contacter Camille Nozières, CARE France : nozieres@carefrance.org ; +33 7 86 00 42 75 / + 33 1 53 19 87 68

Notes aux rédactions

  • Depuis le début de l’année, CARE et ses partenaires ont fourni de l’aide à plus de 300 000 personnes à Idlib : distributions d’urgence, amélioration des conditions de vie, soutien financier et psychosocial. Depuis le début du conflit en Syrie, CARE et ses partenaires ont fourni une aide humanitaire à plus de 3 millions de personnes en Syrie et dans les pays accueillant les réfugiés syriens. En Jordanie, au Liban et en Turquie, CARE travaille auprès des réfugiés et des communautés d’accueil.
  • IRC et ses partenaires aident chaque mois 80 000 personnes via dix établissements de santé et deux équipes de santé mobiles. IRC fournit également des soins spécialisés aux femmes et aux filles vulnérables ainsi qu’une aide à des milliers de Syriens :  soutiens financiers d'urgence, subventions aux entreprises et formations.
  • Mercy Corps soutient plus de 68 000 personnes avec des distributions d’urgence. Mercy Corps travaille en Syrie depuis 2008. En 2017, nous avons fourni une aide alimentaire à environ 500 000 personnes, distribuée plus de 240 000 kits d'urgence et fourni des lieux sécurisés et un soutien psychosocial à plus de 11 000 jeunes syriens.
  • Save the Children et ses partenaires ont apporté une aide à plus de 42 318 personnes dans le nord-ouest de la Syrie au cours du mois dernier. Depuis le début de ses actions à Idlib, Save The Children est venu en aide à 1,9 million de personnes, dont 1,3 million d’enfants. Save the Children soutient des cliniques de santé, une maternité, des centres de nutrition et plus de 40 établissements d’enseignement. Il s'emploie également à fournir des services spécialisés de protection de l'enfance et un soutien en matière de santé mentale et psychosocial, ainsi qu'une aide à la subsistance et à une réaction rapide en cas de nouveau déplacement.