La dernière version du texte de négociations partagée par la présidence polonaise, hier soir, reste bien en dessous de ce qu’il faut pour répondre à l’urgence climatique. Fanny Petitbon, experte climat de l’ONG CARE, décrypte les points à revoir impérativement dans les prochaines heures.

« Il est temps que les États prennent du recul et se rappellent pourquoi ils sont ici. »

« Le rapport du GIEC est sorti juste avant cette COP. Si la très grande majorité des États présents à Katowice ont clairement pris conscience de l’urgence de la situation, cela ne se reflète pas dans les textes actuels. Il n’y a pas de lien clair entre les conclusions des experts scientifiques et l’absolue nécessité de revoir à la hausse les objectifs de réduction des émissions avant 2020. Pourquoi commanditer un rapport si l’on n’est pas prêts à en tirer les leçons? », se questionne Fanny Petitbon, experte climat de l’ONG CARE France.

Réduire les émissions de manière drastique est essentiel pour ne pas dépasser la limite des 1,5°C, qui est ni plus ni moins qu’une question de survie pour les pays et populations les plus vulnérables. Cette semaine, les petits États insulaires ont une fois de plus poussé un cri de détresse : « Nous ne sommes pas prêts à mourir mais si nous poursuivons comme cela, nous ne survivrons pas », a ainsi déclaré l’ancien président des Maldives.

« Alors que nous entrons dans les dernières heures des négociations, il est temps que les États prennent du recul et se rappellent pourquoi ils sont ici. Derrière les discussions sur un texte, des allers-retours sur des mots ou des virgules, il y a des vies humaines. Les nations les plus riches ne doivent être aveuglées par leurs propres intérêts et respecter la promesse faite à Paris de protéger les plus vulnérables », alerte Fanny Petitbon.

CARE appelle l’ensemble des États à rectifier le tir

CARE appelle l’ensemble des États à rectifier le tir dans les prochaines heures sur les points suivants :

  • Il faut absolument que le texte final de la COP24 inclue un engagement clair de l’ensemble des États à soumettre des plans climats plus ambitieux d’ici 2020, afin de rester sous 1,5°C. Les déclarations des derniers jours de plusieurs groupes de pays sont encourageantes mais éparses. Il faut une action conjointe et organisée.
  • Les États doivent réintégrer la référence aux droits humains qui a été supprimée du texte, en totale contradiction avec les promesses faites à Paris. La transition juste, priorité de la présidence polonaise de la COP24, est un rappel salutaire que les populations doivent être au coeur des décisions et de l’action climatique.
  • Les éléments sur les financements, dans le manuel d’application, doivent être revus pour donner une vision claire aux pays en développement du soutien financier nouveau et additionnel dont ils pourraient bénéficier. L’absence de processus pour définir un objectif de financement au-delà de 2025 est alarmante.
  • Le bilan de l’action collective qui aura lieu tous les 5 ans à partir de 2023 ne doit pas faire l’impasse sur les pertes et dommages. En cantonnant cette question cruciale à une simple note de bas de page du manuel d’application, les États envoient un signal dédain aux populations qui subissent déjà les pires impacts du changement climatique.

Contact médias

Notre experte est à Katowice du 02 au 14 décembre pour suivre les négociations : Fanny Petitbon (francophone et anglophone). Pour toute demande d'interview, contactez Camille Nozières (également en Pologne) : 07 86 00 42 75 ; nozieres@carefrance.org