Cette semaine marque l’entrée de la Syrie dans sa neuvième année de guerre. Les conséquences de ce conflit, qui semble ne jamais prendre fin, sont désastreuses : 11,7 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, dont une grande majorité de femmes. Alors que s’ouvre demain la conférence des donateurs à Bruxelles, les équipes de CARE sur place alertent sur l'ampleur de la crise humanitaire.

Résurgence de maladies évitables

« En Syrie, tout est à reconstruire : les hôpitaux continuent d’être la cible d’attaques, le système de santé s’est effondré dans de nombreuses régions et les réseaux d’eau et d’électricité sont gravement endommagés. On nous a signalé des épidémies de poliomyélite, de typhoïde ou encore de rougeole qui sont normalement des maladies facilement évitables », déplore Nirvana Shawky, directrice de CARE pour le Moyen-Orient.

5,6 millions de Syriens ont fui le pays et 6,2 millions ont été déplacés à l’intérieur du pays. Pour l’année 2018 uniquement, c’est 1,7 million de personnes qui ont dû fuir les combats en abandonnant tout derrière eux, parfois à plusieurs reprises. Ces déplacements incessants ont des conséquences terribles sur la population forcée de vivre des conditions très précaires.

« Ce qui se passe en Syrie est une véritable tragédie. Cette guerre a entrainé le plus important déplacement de population depuis la Seconde Guerre mondiale et en moyenne, 170 personnes ont été tuées chaque jour, depuis 8 ans », alerte Nirvana Shawky.

72% des personnes ayant besoin d’aide humanitaire en Syrie sont des femmes

Comme dans chaque conflit, les filles et les femmes sont les plus durement impactées. On estime qu’elles représentent 72% des personnes ayant besoin d’aide humanitaire en Syrie. La situation est la même dans les pays d’accueil puisqu’au Liban 79% des réfugiées syriennes déclarent ne pas être capable de subvenir à leurs besoins de base.

« Dans la plupart des familles, les hommes sont partis se battre, ont été arrêtés ou sont morts, laissant aux femmes la responsabilité de subvenir aux besoins de leurs famille, en plus de leurs rôles traditionnels de s'occuper des enfants et de gérer les tâches ménagères. Isolées, elles deviennent alors plus vulnérables », explique Nirvana Shawky.

Le stress, les tensions et les déplacements forcés ont également causé une augmentation des violences domestiques. Les jeunes filles, dont certaines n’ont que 10 ou 11 ans, font face à des risques accrus de mariages précoces et forcés car les familles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins et pensent pouvoir les protéger en les mariant.

« Ces huit dernières années de guerre ont eu des conséquences dramatiques sur la vie des femmes syriennes. Malgré tout, elles sont la clé de l’avenir du pays et doivent être entendues et inclues dans les processus de paix et de reconstruction », interpelle Fanny Petitbon, responsable plaidoyer de l'ONG CARE en France.

Alors que la conférence de Bruxelles débute à quelques jours du huitième anniversaire de la crise syrienne, la situation reste dramatique. L'appui de la communauté internationale est essentiel pour les Syriens à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Tant que les retours en Syrie ne sont pas sûrs et dignes, CARE appelle les pays donateurs à continuer d'aider les pays voisins de la Syrie qui accueillent un grand nombre de réfugiés. CARE appelle également les pays hôtes à soutenir l'intégration des réfugiés et à leur permettre de bâtir un avenir. Enfin, CARE appelle toutes les parties impliquées, ainsi que les gouvernements extérieurs influents, à faire de l’aide humanitaire et de la protection des civils une priorité.

Contact média

Des porte-paroles (anglophones), présents à la conférence des donateurs de Bruxelles et dans la région du Moyen-Orient, sont disponibles pour des interviews. Nous avons également des porte-paroles francophones disponibles à Paris.

Contactez Camille Nozières, CARE France : nozieres@carefrance.org ; +33 7 86 00 42 75 / + 33 1 53 19 87 68

Notes aux rédactions

  • CARE et 10 ONG appellent la communauté internationale à annoncer à l'occasion de la conférence des donateurs un soutien accru aux millions de civils syriens affectés par la crise et à traduire leurs engagements financiers en actions concrètes. Pour lire l'intégralité des recomendations : SIRF brienfing note 
  • Depuis le début du conflit en Syrie, CARE et ses partenaires ont fourni une aide humanitaire à plus de 4.4 millions de personnes en Syrie et dans les pays accueillant les réfugiés syriens. En Jordanie, au Liban, en Egypte et en Turquie, CARE travaille auprès des réfugiés et des communautés d’accueil.