Inondations, sècheresses à répétition... Dans le nord de la Thaïlande, le changement climatique a de graves conséquences sur la vie des agriculteurs et agricultrices. Sarinthip, cheffe de projet pour CARE, les aide à adopter des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Découvrez sa journée type comme si vous y étiez !

L'association CARE lutte contre le changement climatique
Sarinthip lors d'une mission de coordination avec nos équipes en Inde. Nos équipes du monde entier se rencontrent régulièrement et partagent les bonnes pratiques pour améliorer nos actions sur le terrain. © CARE

6h30 du matin

Je me lève tôt pour prendre mon petit déjeuner avec ma fille avant de l’amener à l’école. Ce sont des moments importants pour moi. Ensuite, je pars pour le bureau. 

8h30

Lorsque j’arrive au travail, j’établis les priorités de la journée. Mon rôle est de coordonner l’un de nos projets d’adaptation au changement climatique au sein de 21 villages.

Je supervise les agents de terrain qui accompagnent les agriculteurs et agricultrices. Nous les formons à des pratiques agricoles durables et à une meilleure gestion des ressources naturelles. Par exemple, nous leur distribuons des semences biologiques plus résistantes aux inondations.

Et pour que ces familles soient moins vulnérables aux variations climatiques, nous les aidons à diversifier leur production : culture de fruits et légumes en marge des traditionnelles rizières ou petites activités d’élevage.

9h30

Je prends le temps de discuter avec chaque agent de terrain. On parle des prochaines activités à mettre en œuvre, de leurs succès et de leurs défis.

Un des sujets qui nous tient à cœur est que les communautés acceptent d’impliquer les femmes dans toutes les discussions et prises de décision de leur village. Bien souvent, les femmes partagent la responsabilité du travail agricole mais n’ont pas leur mot à dire. C’est le mari qui décide des investissements, choix des pratiques, etc. Cela est dû à de nombreux facteurs culturels et sociaux.

Etablir l’égalité femmes-hommes est donc un long travail.

11h30

J’échange avec l'une des petites associations partenaires car ce programme est un vrai travail collectif. Chacun apporte son expertise pour soutenir les communautés.

Par exemple, cette association, spécialisée dans le développement communautaire, connait parfaitement le contexte de chaque village où nous intervenons. Elle facilite ainsi notre travail de sensibilisation sur le respect de l’environnement.

Et c’est d'autant plus important d’impliquer ces petites associations, car ce sont elles et les communautés bénéficiaires qui assurent la pérennité de nos projets. Et ensemble, elles les diffusent dans d’autres villages.

Par exemple, toutes les parcelles du projet suscitent un vif intérêt. Beaucoup d'agriculteurs et agricultrices de la région viennent découvrir et apprendre les techniques mises en place. C'est un vrai succès ! Et c’est comme ça que nous arrivons à aider le plus grand nombre.

14h

J'ai rendez-vous avec les autorités locales pour les informer de l’avancée de notre projet. Je porte ainsi les messages globaux de CARE pour demander aux gouvernements de renforcer leur soutien aux communautés affectées par le changement climatique. Partout dans le monde, nous devons accélérer la mise en œuvre de politiques respectueuses de l’environnement.

C’est une autre partie intéressante de mon travail qui demande de faire preuve de beaucoup de diplomatie et de persuasion !

15h

Je me rends dans l’un des villages qui participent à notre programme et discutent avec les agriculteurs et agricultrices. 

L’un d’eux m’a récemment raconté qu’il avait mobilisé des agriculteurs d'autres villages pour lutter contre les pesticides. En plus des dangers pour la santé, il leur a expliqué que les pesticides détérioraient la qualité du sol. Maintenant ses amis utilisent les mêmes techniques efficaces et durables qu’il a apprises lors de notre projet : fabrication de compost naturel, surélévation de certaines cultures pour éviter les attaques d’insectes, installation de perchoirs à oiseaux qui vont venir manger les insectes, etc.

16h

J’aide l'agent terrain qui travaille dans ce village à organiser notre prochaine formation sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes.

Le changement climatique affecte plus durement les femmes. Pourquoi ? Parce que les agricultrices ont souvent moins de ressources pour s’adapter au changement climatique : leurs droits fonciers sont souvent remis en question, elles n’ont pas accès aux mêmes formations, ont moins de matériels et ne sont pas entendues par les autorités.

S’assurer que les femmes ont les mêmes opportunités de faire face aux conséquences du changement climatique est donc un pan essentiel de notre programme. 

17h

Je reprends la route pour rentrer chez moi, retrouver ma famille. Dans les embouteillages qui encombrent Chiang Mai chaque soir, je repense à cette journée chargée et à tout ce que j’ai appris.

C’est un métier difficile, mais tellement enrichissant que je ne me vois pas faire autre chose.

Le Projet Where The Rains Falls

  • Where The Rain Falls 3 est la troisième phase d’un projet initié dès 2011 dans 8 pays dont le Bangladesh, en partenariat avec l’Université des Nations unies. La phase de recherche a permis de mettre en lumière la manière dont les changements dans les régimes de précipitation affectent les communautés rurales et leur niveau de vie (le rapport d’étude à l’origine de ce projet est disponible en ligne).
  • Depuis 2014, des programmes d’adaptation à base communautaire sont en cours en Inde, en Thaïlande et au Bangladesh.