Découvrez trois idées fausses qui nous rappellent que la lutte contre le changement climatique doit également rester une priorité si l’on veut sauver des milliards de vies humaines.  

Depuis le début de la crise du Coronavirus, des idées fausses circulent sur les liens entre la pandémie et la crise climatique.
© CARE

1) Les températures chaudes - et donc le réchauffement climatique - mettront fin à la pandémie

Le bruit court que le Coronavirus, comme la grippe ou le rhume, disparaîtra avec l'arrivée des températures plus chaudes. Mais rien n'est moins sûr. Aujourd’hui, le Coronavirus se propage même dans les régions chaudes et sèches, comme au Moyen-Orient. 

Et surtout, définitivement, le changement climatique n’apporte rien de bon en termes d’épidémie. Au contraire, et ce pour deux raisons : 

  • La hausse des températures pourrait développer certaines pathologies. Par exemple, certains moustiques, vecteurs de la dengue, de la fièvre jaune, de Zika et du chikungunya, se déplaceront plus au nord jusqu'en Alaska, selon une étude parue en 2019 dans la revue scientifique PLOS. Rien qu’en Europe, le nombre de personnes exposées à ces virus pourrait ainsi doubler d'ici la fin du siècle. 
  • Et deuxièmement, comme pour le paludisme ou Ebola, la destruction de l’environnement est un nouveau facteur d’épidémies. L’élevage intensif et le trafic d’animaux, la déforestation au profit des monocultures intensives et de l’expansion urbaine mettent aujourd’hui en péril des millions de vies humaines. Par exemple, en 2017, le virus Ebola était apparu dans des zones déforestées d’Afrique de l’Ouest après que des chauves-souris aient été chassées de leur habitat naturel. 

Alors c’est simple, plus la biodiversité et les écosystèmes naturels seront protégés, moins il y aura de risques d’épidémies. Car n’oublions pas que la faune sauvage abriterait 1,7 million de virus encore inconnus, selon les scientifiques du projet Global Virome.  

2) La réduction des activités économiques est une bonne chose pour le climat

La baisse temporaire des émissions de CO2, liée à la réduction des activités industrielles et du trafic aérien, n’est pas une raison pour se réjouir. Premièrement parce qu’on sait que les émissions de gaz à effet de serre ont toujours tendance à rebondir, après une crise. On le voit déjà en Chine. Et beaucoup de gouvernements risquent de vouloir retrouver une croissance à n’importe quel prix. Pire encore, ils pourraient vouloir remettre en question les quelques mesures climatiques prises jusqu’à présent. 

Deuxièmement, lutter contre le changement climatique demande au contraire des changements structurels et permanents dans nos économies qui les rendent durables à long terme. Or, la COP26, rendez-vous crucial pour la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris, a déjà été reportée. Et alors que 2019 a marqué un nouveau record mondial de concentration de CO2 dans l’atmosphère selon l’Organisation météorologique mondiale, la Chine a approuvé un plan de relance de 7 000 milliards de dollars américains comprenant le financement de nouvelles centrales au charbon. De même, les États-Unis ont approuvé un plan de relance soutenant les industries les plus polluantes (aérien et énergie fossile), sans aucune condition pour endiguer les émissions. Et les subventions accordées au secteur de l’énergie propre en difficulté ont été bloqués. 

Il est vital de se souvenir que le changement climatique n’est pas une crise : c’est une transformation irréversible. Il n’y aura pas de retour à la normale, pas de vaccin possible.  

3) Les pandémies font de nombreuses victimes, contrairement au changement climatique qui est une menace lointaine

Les pandémies sont une réelle menace pour la population mondiale. Mais les dommages du changement climatique et le nombre de victimes potentielles à long terme sont incommensurablement plus importants que dans le cas du Coronavirus. Même si pour beaucoup, cela reste encore abstrait. 

Si le pire est à venir, le changement climatique impacte déjà des millions de personnes et nos économies. Sur les six premiers mois de 2019, les catastrophes naturelles - telles que les cyclones Idai dans le sud de l'Afrique et Fani en Inde - ont fait 5000 morts et 40 milliards de dollars de pertes dans le monde, selon réassureur Swiss Re. De même, l’industrialisation à l’origine même du changement climatique fait déjà de nombreuses victimes. En Chine, en moyenne 1,1 million de personnes meurent victimes de la pollution, chaque année.

Le changement climatique est donc bel est bien une catastrophe déjà à l'œuvre mais à la différence du Coronavirus, il touche pour l’instant plus durement les pays vulnérables : 70% des 10 pays les plus affectés par les événements climatiques extrêmes entre 1999 et 2018 sont des pays parmi les moins développés, selon Germanwatch Climate Risk Index. Cependant, aucune région n’est et ne sera épargnée par le changement climatique. 

Il ne faut donc pas céder à la tentation de procrastiner en pensant que le changement climatique est une menace lointaine aussi bien géographiquement que dans le temps. Car la fenêtre d’action pour limiter une catastrophe climatique de grande ampleur est courte, selon le GIEC : seulement une dizaine d’années.