La semaine prochaine, les 27 et 28 avril, aura lieu le dialogue de Petersberg, l’une des rares rencontres internationales sur le climat prévues cette année du fait du Coronavirus. C'est un moment clé pour articuler les enjeux sur le climat avec le développement de plan de réponse à la crise sanitaire et économique. Voici l’analyse de Fanny Petitbon, experte climat de l’ONG CARE France :  

Les gouvernements doivent stopper leur soutien aux industries polluantes.

La pandémie du Coronavirus a démontré qu’il était possible d’agir rapidement et efficacement pour faire face à des menaces qui pèsent sur l’humanité entière. Il est crucial que ce sentiment d’urgence soit appliqué à la lutte contre le changement climatique. La fenêtre d’action est courte : le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a donné jusqu’en 2030 pour ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement climatique et stopper une catastrophe climatique mondiale.
 
Les gouvernements ne doivent pas être obnubilés par une croissance à court terme et en oublier la vraie priorité : sauver des vies et assurer une justice sociale. Les États doivent réaffirmer leur soutien au Green Deal comme matrice de la relance de l'économie, et pour l’Union européenne le maintien de son calendrier pour adopter d'ici la fin de l'année un objectif de réduction d'émissions d’au moins -55 % d’ici 2030. Parmi les mesures simples à envisager, il pourrait y avoir la fin des subventions aux industries polluantes ainsi que la mise en place de mécanismes de contrainte ou sanction afin que les entreprises prennent des mesures concrètes en faveur de la transition écologique. Mais aujourd’hui, nous sommes loin du compte :  

  • En France, cette semaine, le Sénat a entériné, dans la foulée de l’Assemblée Nationale, le déblocage d’une enveloppe de 20 milliards d’euros à destination des industries polluantes (aviation, automobile..) sans que ces aides soient conditionnées à des mesures claires de réduction des émissions de la part des entreprises bénéficiaires. En faisant cela, la représentation nationale balaie du revers de la main le rapport publié mardi soir par le Haut Conseil pour le climat appelant les responsables politiques à ne pas soutenir des secteurs très polluants sans demande de contrepartie, mais bien à conditionner ces aides. 
  • Dans le reste du monde, la Chine a lancé un plan de relance de 7 000 milliards de dollars américains comprenant le financement de nouvelles centrales au charbon. Et les États-Unis ont approuvé une relance soutenant les industries les plus polluantes (aérien et énergie fossile), sans aucune condition pour endiguer les émissions.Les subventions accordées au secteur de l’énergie propre en difficulté ont été bloquées.

Ces décisions sont inacceptables car le changement climatique ne se met pas en pause pendant la crise du Coronavirus. Il est plus que temps d’écouter les scientifiques qui lancent des alertes depuis des décennies sur le changement climatique.

Le principe de la solidarité internationale ne doit pas être oublié.

Aujourd’hui, il est possible de construire un monde capable de résister aux chocs sanitaires, mais aussi climatiques, qui sont amenés à se multiplier. Ne ratons pas cette occasion !

  • En ce qui concerne la solidarité internationale, il y a également beaucoup à faire : les financements publics fournis par les pays développés aux pays en développement pour les mesures d'adaptation au climat ont diminué en 2018 par rapport à l'année précédente, selon les dernières données de l'OCDE. La part des financements alloués à l’adaptation par rapport à ceux dédiés à la réduction des émissions est passée de 47% (18 milliards de dollars américains) à 41% (16 milliards de dollars américains) au lieu d'augmenter vers un équilibre 50/50. Or il est crucial que les financements de l'adaptation augmentent rapidement, notamment pour les pays du Sud les plus fortement touchés par la crise climatique alors même qu’ils en sont les moins responsables. Ces soutiens doivent être accordés sous forme de dons, et non de prêts, pour ne pas constituer pas un poids supplémentaire sur la dette des pays vulnérables. 

Il est vital de se souvenir que le changement climatique n’est pas une crise : c’est une transformation irréversible. Il n’y aura pas de retour à la normale, pas de vaccin possible. 

Contact médias

Fanny Petitbon, notre experte climat, est disponible pour toute interview. Contactez Laury-Anne Bellessa au 0624618537, bellessa@carefrance.org
 

À propos de CARE :

CARE est l’un des plus grands réseaux humanitaires au monde créé en 1945. La lutte contre les impacts climatiques est l’une des priorités stratégiques de nos actions de lutte contre l'extrême pauvreté et les injustices.

  •  CARE soutient les populations affectées par des chocs climatiques ponctuels (tempête, inondations) ou de long terme (variabilité des saisons et des précipitations).
  •  CARE met en place des programmes de préservation de l'environnement et d'adaptation au changement climatique : soutien agricole aux communautés qui souffrent de la disparition des glaciers ; mise en place de réseaux d'accès à l'eau ; projets de plantation de mangroves et de restauration de systèmes de défense côtiers.
  •  CARE participe également aux négociations internationales sur le climat et mène des actions de plaidoyer pour inciter les gouvernements à mettre en oeuvre des politiques climatiques ambitieuses.