Demain, mardi 20 octobre, aura lieu la conférence des bailleurs pour le Sahel central. Cette région à cheval sur le Mali,  Burkina Faso et Niger est l’épicentre d’une grave crise humanitaire qui continue de s’aggraver: alors que les besoins humanitaires ont augmenté de 74% en un an, l’engagement des bailleurs quant à lui n’a augmenté que de 9,1% !

L'ONG CARE intervient au Sahel pour soutenir les populations

Les chiffres pour décrire l’urgence de la situation dans la région du Sahel central - regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger – sont édifiants :

  • 13,4 millions de personnes, dont 5 millions d’enfants, ont besoin d’aide humanitaire : un nouveau record, avec une augmentation de 74% par rapport à 2019.
  • Le nombre de déplacés internes, à cause des conflits et de l’insécurité, a été multiplié par 20 depuis 2018passant de 70 000 à 1,5 million.
  • Le nombre de personne souffrant de la faim a été multiplié par 3 par rapport à l’an dernier, passant à 7,4 millions de personnes.
  • Les mesures de confinement pour endiguer la propagation de la Covid-19 ont poussé 6 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté.

Seuls 2% des financements sont consacrés aux femmes

Pour pouvoir fournir une aide d’urgence à ces populations en 2020, les organisations humanitaires ont besoin de 1,4 milliard de dollars US. Or, au 7 octobre 2020, l’intervention humanitaire pour le Sahel central n'était financée qu'à 39%, et sur ces 39%, seuls 2% sont consacrés aux femmes et à la lutte contre les violences sexistes. Pourtant, comme dans chaque crise, nous constatons sur le terrain que les femmes et les filles sont les premières victimes. La région est le théâtre d’une recrudescence des violences contre les civils, et en particulier contre ces dernières. Nous observons aussi une augmentation des violences domestiques suite aux mesures de confinement prises pour endiguer la pandémie de la Covid-19.

« Maintenant que mon mari ne va plus travailler, il reste à la maison et passe ses journées à me frapper et me violer. Aujourd’hui, j’ai aussi peur de la Covid-19 que de mon mari. Je prie pour qu’un vaccin soit trouvé. Si la pandémie continue ainsi, certaines d’entre nous ne survivront pas », témoigne une bénéficiaire de CARE au Niger.

Malheureusement, lorsque les victimes de ces violences cherchent des soins, les services de santé n’ont pas les capacités de les prendre en charge. Ce sont les ONG qui doivent, tant bien que mal, prendre le relais. 

« Il faut que les bailleurs et gouvernements de la région tiennent leurs engagements et veillent à ce que les besoins humanitaires soient entièrement financés afin de nous permettre d'affecter des fonds et un soutien spécifique à la prévention et à l'assistance en matière de violences sexistes. Et nous devons, nous les acteurs humanitaires, l'ONU et les bailleurs, veiller à ce que les femmes puissent apporter leur voix dans la définition des interventions humanitaires », appelle Mahamoudou Guimbayara, Coordonnateur du plaidoyer humanitaire de CARE en Afrique de l'Ouest.

Contact médias

Des porte-paroles sont disponible pour des interviews, contactez Camille Nozières : nozieres@carefrance.org, 0786004275

Notes aux rédactions

Réaction des équipes de CARE à l'issue de la conférence (mise à jour 21/10/2020)

Une délégation de CARE était présente à la Conférence des donateurs pour le Sahel, voici nos premières réactions : 

  • Les équipes de CARE accueillent positivement les engagements financiers qui ont été pris par les responsables politiques : 1,7 milliard de dollars pour 2020 et plus de 725 pour 2021 et au-delà.
  • CARE se félicite du niveau d'attention accordé aux femmes et aux filles durant les interventions des représentant·e·s des bailleurs ou des instances internationales. Néanmoins, nous déplorons un manque d’attention accordé aux violences basées sur le genre, qui deviennent un enjeu majeur à mesure que les conflits et les déplacements se multiplient. Des actions concrètes doivent être prises en matière de prévention des violences et d’accès aux services de soutien.
  • Nous alertons enfin sur le manque d’inclusion de la société civile locale dans les discussions. Elle n’a pas réellement été impliquée alors qu’elle est la plus à même d’exprimer les besoins et demandes des populations les plus vulnérables.