A l’occasion du retour des États-Unis sur la scène internationale de la politique du climat, Joe Biden a convié 40 chefs et cheffes d’États à son sommet les 22 et 23 avril. Il est d’une grande importance car en plus de montrer les nouveaux engagements de la Maison blanche pour le climat, il vise à entraîner plusieurs pays dans sa course à l’ambition. Il s’agit donc de lancer une nouvelle dynamique internationale et préparer les grands rendez-vous de l’année sur le climat, comme le G7, le G20, la COP15 sur la biodiversité et la COP26 prévue en novembre à Glasgow.

Des attentes multiples de la société civile, en particulier envers les pays les plus émetteurs

Les attentes de la société civile s’articulent autour de 5 enjeux clés pour ce sommet.

  1. La relève de l’ambition climatique est capitale afin de respecter l’objectif de limitation de la température à +1,5°C, en particulier pour les grands pays émetteurs de gaz à effet de serre.
  2. En plus de la mise à jour de leurs objectifs climatiques, ces pays doivent augmenter la part de leurs financements climat. Il en va de leur responsabilité envers les pays les plus vulnérables, peu responsables des émissions mais qui n’ont pas les moyens de faire face seuls aux changements climatiques.
  3. La réorientation des financements publics et privés vers l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, et donc la sortie des énergies fossiles serait un signal fort.
  4. Le sommet doit réunir un certain nombre d’acteurs non-étatiques, dont des chefs de grandes multinationales, comme Bill Gates. Ces acteurs sont évidemment essentiels pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris, mais ce rendez-vous ne devra pas être un énième sommet où ils s’engagent et verdissent leur communication, sans aucune réelle transformation dans leur fonctionnement quotidien. Un cadre de redevabilité et un suivi robuste devraient être mis en œuvre, notamment par la CCNUCC, afin d’éviter le greenwashing
  5. Enfin, ce sommet ne doit pas être une scène de promotion de solutions purement technologiques, qui pourraient avoir un impact négatif sur l’environnement et la biodiversité et qui omettraient les enjeux sociaux et de protection des droits humains.

La France encore loin d’être sur une trajectoire compatible avec l’Accord de Paris

A moins d’une surprise lors de ce sommet, l’État français considère qu’il a fait sa part de l’effort via la réhausse des objectifs européens et ne prévoit pas de faire des annonces. Pourtant, la France manque les occasions d’engager les transformations écologiques nécessaires, dans un esprit de justice sociale, comme le montrent le plan de relance ou le projet de loi de la Convention Citoyenne. Comme d’autres pays occidentaux, elle a délocalisé ses émissions de gaz à effet de serre à l’étranger, au lieu de réduire les émissions liées à notre consommation. Certaines mesures sectorielles montrent son retard évident en matière de protection du climat et de la biodiversité, dans le secteur des transports (comme l’automobile ou l’aérien), ou encore celui de l’énergie et de la sortie des énergies fossiles. Enfin, en termes de financement climat et biodiversité, la France a encore beaucoup d’efforts à faire, notamment en augmentant son financement pour le climat (sous forme de dons à 35%) à 8 milliards d’euros par an pour la période 2021-2025. La moitié de ces financements doivent être dédiés à l’adaptation. Pour finir, la France doit stopper de financer des projets gaziers à l’étranger et se donner les moyens de consacrer au moins 30% de ses financements climat à la biodiversité, en les accroissant d’au moins 800 millions d’euros par an, d’ici 2025.

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