Alors que le Liban s'enfonce dans la crise économique et politique avec la démission du Premier ministre, c'est toute la population qui souffre au quotidien. Manque d’argent, de nourriture, d’électricité, de médicaments : près d’un an après l’explosion meurtrière de Beyrouth, les Libanais sont à bout de force. Nos équipes sur place témoignent de la situation : 

Une personne sur deux a sombré dans la pauvreté

La situation au Liban est l'une des trois plus graves crises mondiales depuis le milieu du 19ème siècle, selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur l'économie libanaise publié en juin.

Le témoignage de Bujar Hoxha, directeur national de CARE au Liban :

"Le pays a maintenant l’un des salaires minimums les plus bas du monde, avec 29 dollars par mois. Plus de la moitié de la population vit actuellement sous le seuil de pauvreté. Les Libanais - même de la classe moyenne ou supérieure - doivent faire des choix impossibles : beaucoup ne peuvent plus se permettre d’acheter certains aliments ou médicaments, de payer leur loyer ou même d'inscrire leurs enfants à l'école. Nous manquons aussi d’experts, comme les médecins, qui fuient le pays en raison de la dépréciation de la livre libanaise. 

C'est l'une des situations les plus ambiguës que j'ai vues dans ma carrière humanitaire - alors que nous ne sommes même pas dans un contexte de conflit ici au Liban. 

Si des solutions ne sont pas trouvées, la situation continuera de s’aggraver, d'autant plus que le gouvernement prévoit de lever les subventions sur les produits de première nécessité. Le Liban est plongé dans l'inconnu et je crains le pire pour les jours, les semaines et les mois à venir. Le pays a plus que jamais besoin de l'aide internationale."

"Je ne supporte plus d'aller au supermarché, je ne veux plus voir les gens pleurer parce qu'ils ne peuvent pas acheter de nourriture."

Patricia Khoder, membre de CARE au Liban :

"En ce moment, nous n'avons qu'une heure d'électricité par jour, et 6 heures de coupures de générateur, du coup je n'ai rien dans mon frigo car je ne peux pas stocker de nourriture. Je ne supporte plus d'aller au supermarché, je ne veux plus voir les gens pleurer parce qu'ils ne peuvent pas acheter de nourriture. Par exemple : nous avions l'habitude d'acheter du Labneh (yaourt libanais) qui coûtait 5 000 lires, aujourd'hui il est à 34 000 lires alors que les gens gagnent seulement 1 500 lires et que beaucoup d'entre eux ont perdu leur emploi.  

Nous manquons de médicaments, nous n'avons même pas de paracétamol dans les pharmacies, les étagères sont complètement vides. Les pharmacies qui étaient ouvertes 24h sur 24 ferment maintenant à 18h parce qu'elles n'ont rien à vendre. Nous vivons dans la crainte d'avoir une blessure grave et d'être hospitalisés, car il n'y a pas non plus de ressources dans les hôpitaux, pas de scanners ni d'équipements.  

Tout est devenu si difficile pour nous, tout le temps. Même si vous avez de l'argent, il y a beaucoup de produits que vous ne pouvez pas trouver. Parce que le dollar est en hausse, les magasins ferment parce qu'ils ne savent pas comment fixer le prix des produits. D'hier à aujourd'hui, le dollar a augmenté de 2 000 lires et nous nous attendons à ce que cette hausse se poursuive encore." 

L'action de CARE au Liban

Dans tout le pays, nos équipes assurent des distributions d'urgence (nourriture, kits d'hygiène) et soutiennent les petits commerces. À Beyrouth, CARE participe à la reconstruction des maisons et assure un soutien psychologique aux victimes des explosions.

Contact médias

Nos porte-parole au Liban sont disponibles pour des interviews. Contactez Camille Nozières : nozieres@carefrance.org, 07 86 00 42 75