Aurélie Ceinos

La COP21 a-t-elle permis de remobiliser les entreprises et de renforcer leurs engagements ?

La COP21 est l'occasion de mobiliser un grand nombre d'acteurs de la société : individus, associations, gouvernements, collectivités et entreprises. Elle contribue à une prise de conscience générale mais c'est principalement l'urgence de la situation, avec de plus en plus d'impacts ainsi que les nombreux « avantages » économiques engendrés par une transition qui font agir et réagir.

En ce qui concerne plus particulièrement l'engagement des entreprises, on ne peut pas généraliser. Certaines entreprises sont engagées depuis longtemps dans des modèles bas-carbone, d'autres se lancent et font des progrès petit à petit ; d'autres encore continuent de pratiquer surtout le « greenwashing » : investissant plus dans la communication que dans un changement réel de leurs pratiques.

Quelles contradictions et points de convergence des entreprises relevez-vous pour avancer vers des objectifs communs durables ?

Les entreprises ne pourront pas faire de profit dans un monde dévasté par les catastrophes naturelles. Même si à très court terme, les investissements pour s'adapter et aller vers une économie bas-carbone sont importants, certains réalisent qu'à moyen terme ce coût sera bien plus faible que celui des dégâts que le changement climatique pourra occasionner.

La compréhension de cet enjeu économique est large, cependant une grande majorité des acteurs économiques favorise encore une rentabilité purement économique et à court terme. Par exemple, dans le secteur des énergies et/ou de l'investissement, de trop nombreuses entreprises investissent encore dans le charbon alors que les énergies renouvelables sont disponibles à un coût abordable. Consommer mieux (d'un point de vue social et environnemental) et penser à long terme est loin d'être la tendance adoptée par tous les acteurs économiques.

Quelle recette pour une mobilisation du secteur privé et une COP21 réussie ?

Le secteur privé (et l'ensemble des organisations ou gouvernements) doit questionner son modèle de développement en profondeur pour savoir s'il est cohérent en terme d'émission de gaz à effet de serre mais aussi d'adaptation, car les impacts se feront sentir partout. Nous avons tous la responsabilité d'agir, c'est une question d'équité et de justice envers ceux qui n'ont pas ou peu contribué au changement climatique. Les populations vulnérables sont en effet les plus affectées par notre inaction. La bonne nouvelle, c'est que les solutions existent et sont à portée de main et que de nombreux salariés, mais aussi clients et parfois actionnaires demandent aux entreprises de s'engager plus. Espérons que ce soit un mouvement de fond durable.

CARE travaille depuis de nombreuses années avec des entreprises et les relations partenariales que nous avons établies nous permettent d'aborder ces sujets avec certains de nos partenaires et ainsi contribuer, à notre niveau, à faire évoluer leurs pratiques.