Au regard du genre, les situations d'urgences ne font pas exception, les femmes étant les plus vulnérables.

Le constat dressé par le Conseil de l'Europe en 2014 est sans appel : « En septembre, à Gaza, il y avait 46 000 femmes enceintes, dont 10 000 femmes déplacées ; 200 000 femmes enceintes en Syrie [...]. Au Libéria, trois cas de mortalité sur quatre dus au virus Ebola concernent des femmes et en Sierra Leone, elles sont 3 sur 5. Les infirmières représentent la majorité du personnel soignant infecté qui décède à cause de ce virus. »

La majeure partie des déplacés, réfugiés, ou victimes des crises humanitaires en 2014 était des femmes et des enfants. Elles doivent alors faire face à d'importantes difficultés telles que l'accès aux ressources, les violences, la malnutrition ou encore la santé reproductive.

L'accès aux services de santé

Les services de santé sont difficilement accessibles, les établissements médicaux étant bien souvent détruits ou submergés par l'afflux des personnes blessées. Cette réalité est particulièrement inquiétante pour les femmes enceintes.

Les services de santé reproductive ou de soins prénataux et obstétricaux sont souvent inaccessibles. Les femmes enceintes et les nouveau-nés, ne pouvant avoir accès à l'assistance adaptée pour des accouchements sans danger, ils sont plus exposés aux complications et aux risques de mortalité. En période de bouleversements, les décès liés aux grossesses sont beaucoup plus nombreux.

Les femmes, tout comme les enfants, sont également plus sujets à la malnutrition ou aux maladies, d'autant plus difficiles à enrayer lorsque les populations ne sont pas suivies ou prises en charge.

L'augmentation des violences basées sur le genre

Comme nous l'avions évoqué lors d'un précédent petit-déjeuner du Cercle, les femmes sont particulièrement confrontées aux violences dans les situations de catastrophes et de conflits. Il est nécessaire par exemple de proposer des hébergements sûrs et d'éclairer les rues des camps de réfugiés pour protéger les femmes et les filles.

Lors de crises, il n'est pas rare que le nombre de mariages arrangés augmente. La pratique permet en effet aux familles ayant tout perdu, d'alléger le fardeau économique qu'ils supportent. La violence domestique est également problématique. Les ressources du foyer étant souvent réduites à néant, cela exacerbe les conflits et les pressions endurées par la femme.

Outre l'accroissement des risques, les injustices pré existantes peuvent s'amplifier lorsque les systèmes de régulation interne éclatent : services de sécurité, services sociaux ou encore services judiciaires. Les femmes se trouvent désarmées et seules à faire face aux agressions dont elles sont les victimes.

Des charges supplémentaires sur les épaules des femmes

Dans les sociétés patriarcales, c'est aux femmes de prendre soin des plus faibles : enfants, personnes âgées... C'est encore plus vrai dans les situations de crises et d'urgence, bien qu'elles aient moins accès aux ressources. Les femmes peuvent être forcées d'adopter des rôles nouveaux et imprévus pour prendre soin de leur communauté. Elles partagent l'aide qu'elles reçoivent afin de subvenir aux besoins vitaux de la famille. Elles jouent ainsi un rôle très important dans le renforcement des moyens de subsistance.

Une réponse adaptée aux besoins des femmes et des filles

Partant du constat que les situations d'urgences ne sont pas imperméables aux problématiques de genre, les réponses proposées doivent prendre en considération ces aspects. Les normes culturelles et la place accordée aux femmes dans les sociétés bénéficiaires doivent faire partie intégrante des stratégies mises en place par les ONG.

Les différents acteurs humanitaires doivent travailler de manière proactive avec les locaux et les femmes afin de comprendre les besoins et les vulnérabilités de chacun.

CARE mène des programmes de prévention de la violence sexuelle. Par exemple, dans les camps de réfugiés, l'association construit des installations spécifiques (hébergements et sanitaires) pour sécuriser et protéger les femmes.

Dans ses distributions, CARE porte également une attention particulière aux filles et aux femmes. Des kits de santé reproductives sont distribués afin de subvenir aux besoins des femmes enceintes et nouveau-nés et d'assurer des accouchements sans danger.

Les femmes sont un moteur indispensable de la reconstruction post crise, à intégrer dans actions mises en place.

Pourtant, elles sont largement tributaires de leur environnement sociétal : normes sexistes, pratiques culturelles, traditions... Elles sont donc d'autant plus touchées par les situations d'urgence que les communautés toléraient déjà les inégalités hommes-femmes et les violences basées sur le genre. C'est pourquoi il est extrêmement important, en parallèle du travail d'urgence, de sensibiliser en amont les populations à ces questions.