Depuis 1000 jours, le Yémen subit une guerre qui a transformé le pays le plus pauvre du Moyen-Orient en la plus grave crise humanitaire au monde. Le Yémen est aujourd’hui au bord d'une famine historique, ravagé par des maladies évitables. Toutes les dix minutes, un enfant y meurt de faim ou de maladie. Les trois quarts de la population – 22 millions de personnes – dépendent de l’aide humanitaire pour survivre.
Toutes les parties au conflit se sont livrées à des attaques répétées contre des civils, dans une impunité presque totale. Le récent blocus imposé par la coalition menée par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis a aggravé une situation déjà catastrophique. Il a empêché l’acheminement de nourriture, de médicaments et de carburant, conduit à la fermeture d’hôpitaux et privé d’eau potable des villes entières. Le regain de violence à Sanaa et l'assassinat de l'ancien président Saleh par les Houthis ne font qu’accroître les menaces qui pèsent sur les populations civiles.
Face à cette catastrophe imputable à l’homme, la communauté internationale a montré son incapacité à agir. Des millions de femmes, d'hommes et d'enfants yéménites se sentent abandonnés par les dirigeants mondiaux, qui semblent placer les profits et la politique au-dessus des vies humaines. Depuis 1000 jours, la diplomatie discrète a échoué à contenir les attaques répétées de toutes les parties contre des civils innocents.
La France, les Eats-Unis, et le Royaume-Uni ont une responsabilité particulière, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et principaux fournisseurs d'armes de l’Arabie Saoudite et des Emirats arabes Unis. Ils ont le devoir d’utiliser tous les moyens à leur disposition pour contraindre leurs partenaires dans la région de mettre fin à la crise. Au lieu d'attiser les flammes d'une guerre qui étrangle toute une population et risque de déstabiliser la région entière, ils pourraient être les artisans de la paix.
Après 1000 jours de guerre, nous sommes à un tournant. Pour éviter d'autres catastrophes, le Yémen a besoin d'un cessez-le-feu immédiat; de la levée de tous les blocages à l’acheminement de nourriture, de carburant et de fournitures médicales ; et de la mise en place d’un nouveau processus de paix inclusif auquel participent activement les femmes, les jeunes et la société civile dans sa diversité. Nous appelons Emmanuel Macron, Theresa May et Donald Trump, à prendre des mesures urgentes au Conseil de sécurité de l'ONU pour y parvenir.
Notre message aux dirigeants français, britannique et américain est simple : si vous ne voulez pas avoir d’autres milliers de vies d’enfants yéménites sur la conscience, il est temps d'agir maintenant. Le Yémen ne peut plus attendre.
Les signataires
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