En quelques jours, deux cyclones ont balayé les États-Unis et les Philippines, affectant des milliers de personnes. Habitations, infrastructures et champs ont été ravagés. À cause du changement climatique, les phénomènes climatiques extrêmes vont devenir plus destructeurs. C’est un véritable enjeu de la lutte contre la pauvreté. Voici le décryptage d’Aurélie Ceinos, notre experte climat.
Quel est le lien entre cyclones et changement climatique ?
Plus de 210 millions de personnes ont été affectées par des catastrophes naturelles, en moyenne par an de 2007 à 2016, dont 33 millions par des cyclones. Si nous ne faisons rien, ce chiffre va augmenter à cause du changement climatique. En effet, la hausse des températures des océans et la montée du niveau des eaux intensifient la force destructrice des cyclones.
Le nombre annuel d’ouragans violents (de catégorie 4 et 5) a ainsi augmenté de 75 % depuis 30 ans. Selon la communauté scientifique, les quantités de pluies pourraient s’accroître jusqu’à 20 % et les vitesses maximales de vent pourraient augmenter de 10 %. Ce week-end, le typhon Mangkhut a frappé les Philippines avec des vents de plus de 300 km/h. C’est énorme !
A noter aussi que le changement climatique pourrait entraîner des déplacements de ces phénomènes. Les cyclones se développent lorsque que la température de l’océan dépasse les 26 degrés sur au moins 50 mètres de profondeur. Or, si la répartition des températures change, ils pourraient avoir des trajectoires nouvelles et frapper différentes zones. A titre d’exemple, la côte ouest de Madagascar est aujourd’hui de plus en plus touchée par les cyclones. Les habitants de ces régions n’étant pas préparés à de tels phénomènes, CARE lance un projet de réduction des risques de catastrophes qui permettra d’accroître la résilience de ces populations.
Quels sont les effets sur les populations et les économies ?
Les vents violents et les pluies torrentielles qui accompagnent un cyclone ont des effets dévastateurs voire meurtriers. La plupart des cyclones touchant des pays en développement, les populations sont souvent peu préparées. Les pertes humaines et les dégâts matériels sont alors considérables. Les populations ne disposent pas nécessairement d’abris, ni de consignes à suivre en cas d’alerte. Et les infrastructures manquent, ce qui rend le travail des secours complexe dans le cas de terrains isolés.
Les conséquences économiques sont aussi désastreuses. En 2017, les catastrophes naturelles de grande ampleur ont augmenté le montant des pertes économiques : une étude de Munich Re fait état de 330 milliards USD de dommages. Les populations voient souvent les champs ou leurs outils de travail détruits. Le typhon Mangkhut a ainsi détruit 80 à 90 % des récoltes agricoles. Les champs de maïs, de riz, de cocotiers mettent un à dix ans pour redémarrer. Comment une famille de petits agriculteurs peut-elle survivre dans ce laps de temps ?
Comment prévenir de tels dommages ?
Les catastrophes naturelles menacent désormais les efforts menés depuis de nombreuses années en termes de lutte contre la pauvreté.
L'impact destructeur d'un cyclone ou d'inondations dépend de la vulnérabilité des populations. La construction d'habitations solides et de centres d'évacuation permet de limiter le nombre de victimes et les dommages matériels. Le pré-positionnement de stock d’urgence, la mise en place de systèmes d'alerte et de campagnes de sensibilisation permettent de savoir comment réagir en cas de catastrophe.
Toutes ces actions, nos équipes les mènent sur le terrain. Nous aidons aussi les populations à se relever plus rapidement : les agriculteurs peuvent redémarrer les cultures, les femmes lancer des activités économiques.
Mais il faut faire plus. Les pays développés, qui sont les premiers responsables du changement climatique, doivent assumer leurs responsabilités. CARE demande une réduction des émissions de gaz à effets de serre drastique dès maintenant ainsi que la mise en place d’un mécanisme de compensation des pertes et dommages.
Un dernier message ?
Les États, les entreprises et les citoyens doivent s’engager activement et rapidement dans la lutte contre le changement climatique pour éviter toute aggravation de ces phénomènes. Chaque action compte.
L’inaction n’est plus une option !
Pour mieux comprendre
On distingue trois types de cyclones :
- Les dépressions tropicales : les vents les plus soutenus ne dépassent pas 63 km/h.
- Les tempêtes tropicales : les vents sont compris entre 63 et 117 km/h.
- Les typhons dans le Pacifique ou les ouragans dans l’Atlantique : les vents dépassent le seuil de 117 km/h. Ils sont classés dans 5 catégories sur l’échelle de Saffir-Simpson. Par exemple, le supertyphon Mangkhut qui s’est abattu sur les Philippines ce week-end était classé en catégorie 5 avec des vents pouvant atteindre les 300 km/h.