L'épidémie de Coronavirus a-t-elle un effet sur le changement climatique et inversement ? Découvrez en trois points les menaces liant ces deux crises, mais aussi les opportunités de construire un monde plus juste et résilient face aux chocs sanitaires et climatiques.

Coronavirus et changement climatique touchent les plus vulnérables et creusent les inégalités.

Ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui sont les plus durement impactés par la pandémie du Coronavirus, comme par les conséquences déjà bien concrètes du changement climatique. Ainsi, trois milliards de personnes ne disposent pas d’installation pour se laver les mains avec de l’eau et du savon chez elles, selon l’Unicef. Elles n’ont donc pas la possibilité de se protéger des maladies, telles que le Coronavirus. Et les ressources en eau se font déjà de plus en plus rares à cause du changement climatique. Une situation qui n'est pas prête de s’améliorer : d’ici à 2025, ce sont 1,8 milliard de personnes qui vivront dans des zones soumises à un stress hydrique principalement à cause du changement climatique et de l’augmentation de la population mondiale.

Une crise vient ainsi renforcer l’autre. Dans les prochaines semaines et mois, beaucoup de pays en développement vont devoir faire face à ces deux menaces cumulées. Début avril, le cyclone tropical Harold a fait des ravages dans les îles Salomon, Vanuatu, Fidji et Tonga. Détruisant de nombreuses habitations sur son passage et obligeant les habitants des zones les plus touchées à se réfugier dans des abris de fortune. Les opérations de secours ont été compliquées par la pandémie du Coronavirus. Tempêtes, inondations, canicules, incendies vont accroître la pression sur des économies mises à mal par le Coronavirus et des systèmes de santé débordés. Par exemple, comment les hôpitaux arriveront-ils à faire face en Asie, et notamment l’Inde, si de nouveaux épisodes caniculaires de plus de 50°C frappent la population en même temps que le Coronavirus ? 

La pandémie du Coronavirus, tout comme le changement climatique, révèle ainsi et aggrave les inégalités sociales déjà existantes à travers le monde. Les mesures de confinement sont impossibles à respecter dans de nombreux pays sur le continent africain mais aussi en Asie ou en Amérique latine. Des milliards de personnes n’ont pas d’autres choix que de s’exposer au Coronavirus pour essayer de trouver de quoi manger et survivre au jour le jour.  

Le Coronavirus comme le changement climatique creuse les inégalités.
© CARE

Le climat, comme le Coronavirus, est une catastrophe déjà à l’œuvre pour la santé humaine.

L’impératif de santé publique a permis d’imposer des mesures fortes pour sauver des vies humaines face au Coronavirus. Or, le changement climatique a d’ores et déjà des incidences concrètes sur la santé des populations. Ces conséquences pourraient être encore plus graves si nous ne mettons pas tout en œuvre pour changer les projections annoncées. Par exemple, la baisse de rendements agricoles due au changement climatique entrainera une diminution des denrées alimentaires, une hausse rapide des prix et donc une vague importante de malnutrition, selon le GIEC. Les maladies infectieuses et les pathologies respiratoires liées aux allergies et à la pollution atmosphérique vont également augmenter drastiquement

Par ailleurs, la déforestation à outrance accélère le changement climatique car elle réduit la capacité d’absorption du CO2 par les arbres et forêts et augmente les risques de propagation de virus. En 2017, le virus Ebola était apparu dans des zones déforestées d’Afrique de l’Ouest après que des chauves-souris aient été chassées de leur habitat naturel. Selon certains scientifiques, la faune sauvage abriterait 1,7 million de virus encore inconnus. Alors c’est simple, plus on protège la biodiversité et les écosystèmes naturels, moins il y aura de risques d’épidémies. Or depuis le début de la pandémie du Coronavirus, le Brésil a par exemple assoupli les mesures de défense de l’environnement, et entraîné un bond de +50% de déforestation en Amazonie par rapport à l’an dernier.

Entre 2030 et 2050, le changement climatique devrait être à l’origine de près de 300 000 décès supplémentaires par an. Il est urgent d’agir, d’autant plus que le changement climatique n’est pas une crise temporaire. Il n’y aura pas de vaccin, ni dans six mois, ni dans un an. 

CARE soutient les victimes du changement climatique et aide les populations à se préparer au Coronavirus dans le monde.
© CARE

Ces deux crises sont l’occasion de tirer les leçons et d’imaginer « un monde d’après » plus résilient, plus sobre, plus solidaire...

La pandémie du Coronavirus a démontré qu’il était possible d’agir rapidement et efficacement pour faire face à des menaces qui pèsent sur l’humanité. Pourquoi en serait-il différemment pour le changement climatique ? La priorité des gouvernements doit-être la même : sauver des vies et assurer une justice sociale. 

Pour cela, la science peut nous aider à prévenir une catastrophe. Les connaissances scientifiques ont un important rôle à jouer dans nos politiques publiques, que ce soit les médecins pour le Coronavirus ou les climatologues pour le changement climatique. Alors écoutons-les quand ils nous appellent à adapter nos modes de vies et modèles économiques à l’urgence climatique. Les 10 prochaines années sont critiques si on veut se donner une chance de ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement climatique.

Des actions nationales et internationales doivent être mises en place face à ces menaces globales qui n’ont pas de frontières. Il ne s’agit pas de relancer mais de transformer nos économies, notamment en incitant les entreprises à adapter leurs modes de fonctionnement en pensant au long terme. Une mesure simple serait de conditionner les aides aux entreprises en fonction de leur engagement dans la transition écologique et de mettre fin aux subventions publiques aux industries polluantes. Qui plus est, la crise actuelle permet de mettre en perspective les coûts de la lutte contre le changement climatique. Par exemple, la transition vers les énergies renouvelables est estimée entre 300 et 800 milliards d’euros par année pour le monde entier. Ce qui parait raisonnable en regard des premiers soutiens à l’économie suite au Coronavirus : 40 milliards d’euros pour la Suisse, 820 milliards pour l’Allemagne et 1800 milliards pour les USA...  

Il est possible de construire un monde capable de résister aux chocs sanitaires, mais aussi climatiques, amenés à se multiplier. Tout cela est à portée de main. Ce n’est qu’une question de volonté politique ! 

Face au changement climatique, CARE lutte pour construire un monde plus durable et plus solidaire.
© CARE