50 pays et institutions financières, dont la France, participeront ce mercredi 31 mars à un sommet virtuel sur le climat et le développement, dans le cadre des préparatifs de la COP26. À l’ordre du jour, les sujets qui fâchent :les financements climat et l’allègement de la dette pour les pays touchés de plein fouet par le changement climatique. L’ONG CARE appelle les principaux émetteurs de gaz à effet de serre à faire preuve d’une réelle solidarité avec les pays les plus vulnérables.
Le changement climatique pourrait pousser 132 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté
L’issue de ce sommet, organisé par le Royaume-Uni, donnera probablement le ton pour la COP26 prévue en novembre à Glasgow. L’heure n’est plus aux discours grandiloquents. Les ministres doivent profiter de ce sommet du 31 mars pour parler franchement des sujets qui fâchent et bloquent régulièrement les négociations internationales sur le climat: les financements climat ainsi que les pertes et dommages. Le décalage entre la dure réalité des impacts climatiques vécue par des pays vulnérables, dont beaucoup au Sud, et la faiblesse du soutien qu’ils reçoivent des pays du Nord est tout simplement inacceptable.
Au Mozambique par exemple, deux ans après le passage dévastateur du cyclone Idai, 104 000 personnes vivent toujours dans des centres d'hébergement dans le centre du pays. Au nord où le cyclone Kenneth a frappé en 2019, près de 670000 personnes sont actuellement déplacées. Malheureusement, le Mozambique n'est qu'un exemple parmi tant d’autres. Le changement climatique pourrait pousser 132 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté d'ici 2030. Les cyclones, inondations et incendies déplacent trois fois plus de personnes que les conflits. Les femmes représentent 80% des personnes déplacées à cause du changement climatique et pourtant sont rarement consultées quand il s’agit de définir les réponses à la crise climatique.
Les pays du Nord doivent cesser de jouer la montre et de fuir leurs responsabilités
Il est profondément injuste que les personnes ayant le moins contribué à provoquer la crise climatique soient celles qui en paient le prix fort. Les pays du Nord doivent cesser de jouer la montre et de fuir leurs responsabilités. Les pays donateurs et les banques de développement doivent présenter au plus vite des plans concrets pour augmenter massivement leurs financements climat d'ici 2025 et en allouer au moins la moitié à l’adaptation, comme ils s’y sont engagés dans l’accord de Paris. C’est le cas notamment de la France : ses annonces financières faites en décembre sont un premier pas mais restent insuffisantes. Cet argent doit pouvoir être accessible aux acteurs et actrices de terrain qui sont en première ligne de la lutte contre le changement climatique, notamment les organisations locales et dirigées par des femmes.
Les pays du Nord doivent aussi arrêter de nier l’évidence et ouvrir la voie à la mise en place de mécanismes de financements innovants pour lever des volumes financiers conséquents pour répondre aux pertes et dommages. Mais aussi penser à des solutions à court terme comme instaurer un moratoire sur la dette pour les pays touchés par une catastrophe climatique. Cela pourrait permettre de débloquer l’argent initialement mis de côté pour rembourser la dette afin de pouvoir répondre immédiatement aux besoins de leurs populations.
Ce sommet, hors du cadre onusien habituel, est l’occasion de recréer un lien de confiance entre le Nord et le Sud. C’est une condition nécessaire pour que la COP26 aboutisse à un sursaut de solidarité envers les pays les plus touchés par la crise climatique.
Contact médias
Fanny Petitbon experte climat de l’ONG CARE est disponible pour répondre à des interviews.
Contactez Camille Nozières : nozieres@carefrance.org/ 07 86 00 42 75