Aujourd’hui, l’Europe et le monde font face à un défi sans précédent en matière climatique. Dans la perspective de la COP24, CARE s’associe à 18 organisations environnementales pour demander au Président Emmanuel Macron et à la Chancelière Angela Merkel de ne plus attendre pour prendre des mesures concrètes et ambitieuses sur le climat.
Le couple franco-allemand a toujours été à l’initiative d’avancées majeures pour l'Europe et la colonne vertébrale de l’intégration européenne. Il y a plus d’un demi-siècle, de cette amitié entre nos pays naissaient la construction de la paix, la confiance, la prospérité et la sécurité dans l’Union européenne.
Aujourd’hui, l’Europe et le monde font face à un défi sans précédent dont s’alarme le récent rapport du GIEC sur la nécessité de limiter la hausse de la température planétaire à 1,5°C : enrayer la crise climatique et protéger les humains et la nature de la menace qu’elle fait peser sur leur survie et leur bien-être. L’Europe fait d’ores et déjà face aux impacts du dérèglement climatique. Inondations, vagues de chaleur, sécheresses sont des évènements de plus en plus fréquents et intenses qui menacent les Européens et leur environnement, et coûtent des millions d’euros à nos sociétés.
La crise politique menace les intérêts climatiques
Parallèlement à la crise climatique, une autre crise majeure, politique cette fois, touche de plein fouet le projet européen : la montée des mouvements nationalistes, anti-démocratiques et anti-européens qui en menacent les acquis et le futur.
Ces deux crises sont intimement liées par la solution que l’on doit leur apporter : dépasser les intérêts de court terme des États et répondre aux besoins de tous les citoyens. Afin de restaurer la confiance dans le projet européen, il est urgent d’initier un nouveau contrat social pour une Europe écologique et équitable. Les dernières élections en Allemagne, les marches pour le climat dans nos deux pays ainsi que les sondages dans toute l’Europe montrent l’aspiration de la société européenne à un tel tournant écologique.
Notre message se veut positif
La transformation de nos sociétés pour limiter la hausse des températures à 1,5°C est un investissement dans le bien-être des Européens et un gage de modernisation de notre économie.
Un tel tournant contribuera à la réduction drastique de la pollution de l’air, qui cause la mort prématurée de 500 000 personnes tous les ans en Europe. Il contribuera aussi à éradiquer la précarité énergétique, à assurer une alimentation saine et de qualité pour tous et à créer des emplois dans des secteurs d’avenir comme les énergies renouvelables, les transports et infrastructures durables, la rénovation des bâtiments, et l’industrie de pointe.
Le couple franco-allemand, moteur de l'Europe
Nous sommes convaincus que la France et l’Allemagne ont une responsabilité particulière pour remettre l’Europe sur les rails de l’action climatique. En tant qu’organisations de la société civile française et allemande, nous nous unissons afin d’exhorter le Président Macron Emmanuel Macron et la Chancelière Merkel de mener l’ensemble de l’Union vers un objectif de zéro émission nette à l’échelle du continent bien avant 2050.
Les engagements actuels de l’Europe pour 2030 sont insuffisants et doivent être considérablement augmentés. Dans ce cadre, le futur budget européen doit être pleinement engagé à soutenir cette transition et sortir des énergies fossiles.
L'Europe doit prendre la tête du combat pour le climat
Lors de la Conférence sur le climat des Nations Unies, la COP 24, qui aura lieu en décembre en Pologne, la France et l’Allemagne ne devront pas seulement préserver la crédibilité de l’Union européenne dans la lutte contre le dérèglement climatique, ils devront aussi s’assurer que l’Europe soit offensive et prenne la tête des pays dans ce combat.
Au moment même où les gouvernements des Etats-Unis et du Brésil tournent le dos à l’accord de Paris, l’Union européenne doit employer toutes ses forces diplomatiques, de la menace de suspension des accords commerciaux à la solidarité financière envers les pays en développement, pour s’assurer que toutes les parties s’impliquent entièrement dans la mise en œuvre de l’accord de Paris.
Des actes et des transformations sont impératifs
La France et l’Allemagne devront être à la pointe de cette bataille politique en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre et en respectant leurs objectifs climatiques et énergétiques pour 2020.
Dans ce but, une véritable coordination franco-allemande pour la transition énergétique est nécessaire. Elle doit enclencher la fermeture d’un nombre important de centrales, nucléaires en France et à charbon en Allemagne, avant 2025. Un vrai prix du CO2 ainsi qu’une trajectoire vers 100% d’énergies renouvelables consolideront la transition énergétique. Enfin, le couple franco-allemand devra s’atteler à de profondes transformations dans tous les secteurs d’activité comme le transport avec le report de la mobilité vers des modes propres, des systèmes de chauffage efficaces et une agriculture durable.
Climat, l’appel urgent de 19 associations environnementales
Nous avons toutes les solutions entre nos mains. Seule la volonté politique manque. Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont une première fois engagés à Meseberg en juin dernier. Les sociétés civiles française et allemande leur demandent de ne plus attendre et d’initier un nouveau contrat social pour une Europe progressiste, équitable et écologique, au bénéfice de tous les Européens et de l’environnement.
Signataires :
- Signataires : Deutscher Naturschutzring, Réseau Action Climat France, CARE Allemagne, CARE France, CLER - Réseau pour la transition énergétique, Deutsche Umwelthilfe eV, E3G - Third Generation Environmentalism, Fédération nationale des associations d’usagers des transports FNAUT, Fondation pour la Nature et l’Homme, France Nature Environnement, Germanwatch, Greenpeace Allemagne, Greenpeace France, Hespul, Klima-Allianz, Naturschutzbund Deutschland (NABU), WWF Allemagne, WWF France.
- Tribune publiée dans le journal La Croix, le 23 novembre 2018.