Les inégalités de genre et le changement climatique constituent une double injustice : d'une part les inégalités de genre sont une des causes profondes de la pauvreté, d'autre part de nombreuses femmes et filles voient leurs conditions de vie menacées par le changement climatique. Des personnalités de haut niveau ont débattu de ce sujet aux Nations Unies, mardi dernier à New York.

L'impact du changement climatique sur les femmes

Les négociations climat, un univers masculin

Aveugles à l'égalité des sexes jusqu'en 2010, les négociations climatiques doivent reconnaître les vulnérabilités spécifiques des femmes et des filles aux impacts des dérèglements climatiques ainsi que leur rôle-clé comme actrices du changement.

« Les instances de décision sur le changement climatique restent un monde masculin, basé sur les expériences des hommes » a indiqué Mary Robinson, présidente de la Fondation Mary Robinson pour la justice climatique.

Il y a en effet une opposition grandissante d'Etats ne souhaitant pas voir l'égalité des sexes inclue dans le nouvel accord climatique qui sera adopté à Paris. Or, dans les sociétés où le sexe, l'origine ethnique, la classe sociale constituent des facteurs de discrimination, être un homme ou une femme est souvent un critère décisif pour déterminer le niveau de risque face aux chocs climatiques et aux modifications de l'environnement et de l'économie.

Les dangers du changement climatique

« Pour les femmes pauvres, le changement climatique est une question de vie ou de mort », a rappelé Lorena Aguilar, conseillère principale sur le genre de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

Les femmes et les enfants ont 14 fois plus de risques que les hommes de mourir lors d'une catastrophe naturelle. Pour assurer leur subsistance et celles de leurs familles, les femmes dépendent énormément des ressources naturelles fortement sujettes aux aléas climatiques. La gravité et la répétition des sécheresses ou des inondations affectent grandement leur capacité à couvrir leurs besoins.

Les femmes ne détiennent que 10 à 20% des terres agricoles dans le monde, alors qu'elles assurent 60% à 80% de la production alimentaire dans les pays en développement. Quand les effets du changement climatique rendent les terres non cultivables, les femmes voient leurs options sérieusement réduites.

Les femmes, actrices de changement

L'inclusion du genre dans les négociations

Les impacts spécifiques du changement climatique sur les femmes et les filles doivent être pleinement reconnus. Malgré de récents progrès à Genève, l'inclusion d'éléments de langage sur les droits humains et l'égalité des sexes applicables à toute action climatique n'est pas encore acquise dans les négociations climatiques.

« Si les voix des femmes sont exclues, le monde ne parviendra pas à lutter efficacement contre le changement climatique. Les Etats doivent soutenir l'intégration des enjeux de justice climatique, de droits humains et d'égalité entre les sexes, non seulement dans un accord climatique universel, ambitieux et contraignant, mais aussi plus globalement dans tous les processus pour l'après 2015», a rappelé Martha Chouchena- Rojas de l'association CARE qui a co-organisé ce débat.

Réfléchir aux solutions

Nous ne pourrons pas répondre à un défi d'une telle ampleur faire participer la moitié de la population mondiale à la création et à la mise en œuvre de solutions. La Secrétaire d'Etat française Pascale Boistard a ainsi proposé d'organiser une rencontre dans le cadre de la COP 21 pour échanger sur le rôle clé joué par les femmes en tant catalyseurs du changement et de pratiques durables.

« Nous voulons prendre la Bastille du changement climatique ! » : Lakshmi Puri, directrice exécutive adjointe d'ONU Femmes, a appelé la société civile à se fédérer lors de la COP 21 à Paris afin de présenter les expériences de terrain permettant de faire progresser l'égalité des sexes, un enjeu de plus en plus urgent au regard du défi climatique.