La semaine prochaine sortira le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur un réchauffement planétaire de 1,5°C. Commandité par les gouvernements lors de la COP21, ce rapport marque une étape importante dans la recherche climatique : il a le potentiel de jouer le rôle de piqûre de rappel aux États sur l’urgence d’accélérer l’action climatique. Fanny Petitbon, notre responsable plaidoyer, explique les enjeux de ce rapport.

Pourquoi limiter le réchauffement à 1,5°C ?

Lors de la COP21, les États se sont engagés à tout faire pour rester sous le seuil des 2°C, et si possible 1,5°C. C’est une question de survie pour les populations les plus vulnérables aux impacts du changement climatique. Or pour le moment, nous sommes vers une trajectoire dramatique d’un réchauffement de +3°C d’ici la fin du siècle. Les mesures annoncées par les États sont clairement insuffisantes.

Le rapport du GIEC va permettre de mieux comprendre les conséquences de l’inaction. Nous savons déjà que si rien n’est fait, plus de 100 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d’ici 2030 à cause du changement climatique.

Certains impacts du changement climatique sont d’ores et déjà inévitables en dépit des efforts actuels : les rendements agricoles vont baisser, de nombreuses terres seront submergées par la montée des mers. C’est ce qu’on appelle les pertes et dommages auquel fait référence l’accord de Paris.

Quel est l’enjeu du rapport ?

Ce rapport va étudier les impacts mais aussi les solutions pour ne pas dépasser un réchauffement à 1,5°C. Nous savons déjà que tous les scénarios proposés par le rapport ont une chose en commun : l’urgence absolue de réduire les émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre non pas dans 10 ou 15 ans, mais maintenant !

La majeure partie de ces réductions peut se faire à l’aide de technologies déjà disponibles – en particulier la transition vers 100% d’énergies renouvelables. 

Les impacts du changement climatique sont d’ores et déjà une réalité. Que faire ?

Il faut augmenter de manière significative le soutien à l’adaptation des populations les plus pauvres et les plus vulnérables afin de les aider à surmonter les chocs climatiques. Mais la réponse n’est actuellement pas la hauteur des enjeux.

Il est essentiel que le rapport du GIEC se penche sur l’écart gigantesque entre l’aide actuellement fournie par les pays développés et le coût réel de l’adaptation pour les pays en développement, estimés à près de 300 milliards de dollars par an d’ici 2030. La finance climatique est un maillon de la solidarité internationale, car ce sont les pays riches qui sont en grande partie responsables des dérèglements climatiques qui affectent les plus vulnérables.

Les pays riches doivent continuer à mobiliser des financements et les augmenter massivement. Ils se sont engagés à le faire dans le cadre de la Convention-Cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques et de l’accord de Paris de 2015. Il serait opportun que le rapport du GIEC suggère des sources innovantes de financements avec le potentiel de générer des fonds publics complémentaires.

Ce rapport aura-t-il un impact concret ?

Des États ont tenté à plusieurs reprises d’affaiblir le poids des déclarations de la communauté scientifique. C’est pourquoi il ne faudra pas se contenter de lire le résumé du rapport qui fait l’objet de compromis entre les scientifiques et les États. Il faudra analyser l’ensemble du rapport qui comporte des données scientifiques sur les impacts du changement climatique déjà bien réels, et qui ne vont cesser d’augmenter.

Les responsables politiques, aux niveaux international, national et local ne doivent pas ignorer les conclusions du rapport. Les précédentes recommandations du GIEC relèvent de la pure logique. Il n’y pas de temps à perdre : les États doivent jouer leur rôle et initier les changements qui bénéficieront à toute la planète. La COP24, en décembre en Pologne, est le moment ou jamais pour eux de démontrer qu’ils ont entendu cet appel et qu’ils sont prêts à y apporter une véritable réponse.

RDV lundi 8 octobre

Lundi prochain, 8 octobre, nos experts climat analyseront le rapport du GIEC ! Notre décryptage sera sur en Une du site. 

En attendant la sortie du rapport voici 3 leçons à retenir pour limiter le réchauffement à 1,5°C.