Le Sommet des Nations unies sur le climat est une nouvelle occasion manquée. Hier, les chefs d’États se sont encore une fois défaussés de leurs responsabilités alors même que leurs populations et l’ensemble de la planète sont menacées. Voici notre décryptage en 5 points. 

Les États plongent la tête dans le sable et refusent de renforcer leurs politiques climatiques

« Nous mettons en péril la vie elle-même […]. C'est mon obligation - notre obligation - de tout faire pour mettre fin à la crise climatique avant qu'elle n'entraîne notre fin. » L’appel d’António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, de mettre en place des politiques ambitieuses et concrètes pour lutter contre la crise climatique a été malheureusement largement ignoré.

Or, la fenêtre d’action pour éviter une catastrophe climatique est extrêmement courte : 12 ans. Nous n’avons plus le temps d’attendre. Aux vues de l’urgence climatique, il est inadmissible que de nombreux pays, comme les États-Unis, le Brésil, l’Australie ou l’Arabie Saoudite, ne soient pas venus à ce Sommet. D’autres, notamment les pays développés soit les plus pollueurs et donc responsables en grande partie du changement climatique, se sont contentés de présenter toujours et encore les mêmes engagements qui restent insuffisants. 

Seuls 66 États, essentiellement des pays en développement et ne représentant que 6,8 % des émissions de gaz à effet de serre, se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2050. Et 30 pays ont promis la fin de la construction de centrales au charbon à partir de 2020.

Les efforts de la France restent à concrétiser

De manière globale, les efforts de la communauté internationale sont bien en-deçà des besoins. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse augmentant de 1,6 % en 2017 et 2,7% en 2018. Les beaux discours ne suffisent plus.

La France, par exemple, a annoncé soutenir la réhausse de l’ambition européenne en matière de réduction des émissions, mais ses émissions nationales sont 4,5% plus élevées que ses objectifs initialement fixés. La France a cependant fait un pas important en annonçant la fin de tout financement aux industries carbonées à l’étranger. Ces annonces doivent se concrétiser rapidement, notamment lors de la présentation du Projet de loi de finances en fin de semaine.

Une faible mobilisation financière pour lutter contre les inégalités sociales causées par le changement climatique

L’autre point négatif de ce Sommet est le manque d’efforts financiers des États les plus pollueurs qui renforce ainsi les injustices sociales et climatiques. En effet, la moitié la plus pauvre de la population mondiale, soit les 3,5 milliards de personnes les plus menacées par l’intensification des catastrophes climatiques, n’est responsable que de 10 % des émissions de CO2. En revanche, les 10 % les plus riches de la planète sont responsables d’environ la moitié des émissions mondiales. 

Or, aujourd’hui, moins d’un centime par jour est consacré à aider les populations les plus exposées à la crise climatique, selon nos confrères d’Oxfam. Quelques pays européens dont la Suède, le Luxembourg, le Danemark se sont engagés à doubler leur contribution au Fonds vert pour le climat. Ils rejoignent ainsi la France (dont 80% de sa contribution sera sous forme de dons), l'Allemagne ou le Royaume-Uni. Mais d’autres grands donateurs, tels que le Japon, les États-Unis et l'Australie, refusent toujours d’intensifier leurs efforts. Pourtant, plusieurs dizaines de milliards de dollars supplémentaires sont nécessaires pour aider les communautés les plus affectées par les impacts climatiques. 

Nous sommes également déçus par le manque d'attention accordé aux sources de financement innovantes, telles que la mise en place de taxes sur le secteur de l'aviation ou l'exploration de nouvelles sources d’énergies combustibles.

Les citoyens se mobilisent juridiquement

Les associations et citoyens accroissent la pression sur les principaux responsables de la crise climatique. Les dirigeants qui se défaussent de leurs responsabilités de protéger le présent et futur de leurs populations seront désormais tenus pour responsables.

Les citoyennes et citoyens se mobilisent dans les rues et s’emparent de la question juridiquement : Greta Thunberg et quinze jeunes viennent d’intenter une action juridique contre cinq pays, dont la France. Ils dénoncent l’échec des États à faire face à la crise climatique comme une violation des droits de l’enfant. Cette action vient renforcer l’appel de l’Affaire du siècle : quatre associations, soutenues par deux millions de personnes ainsi que d’autres organismes dont CARE, ont assigné, cet été, l’État français en justice pour son inaction face aux changements climatiques. 

Le prochain rendez-vous international : la COP 25

CARE continue sa mobilisation et soutient « l'appel à l'action sur l'adaptation et la résilience » signé hier par plus de 100 pays et près de 60 organisations. Des mesures plus ambitieuses et un soutien financier en faveur de la résilience au changement climatique sont nécessaires immédiatement. Nous demandons aux Etats de venir à la COP 25, qui aura lieu début décembre, avec de nouvelles avancées concrètes. 

Contacts médias

Laury-Anne Bellessa, CARE France, bellessa@carefrance.org, +33 7 86 00 42 75