Au terme de deux semaines de négociations à l’Organisation internationale du travail (OIT), les États, entreprises et syndicats se sont mis d’accord pour établir la toute première convention internationale contre les violences et le harcèlement au travail. Il reste un an pour faire de ce projet un véritable outil de protection des travailleurs et travailleuses, commente l’ONG CARE.

L'association CARE défend les droits des femmes

Près d’une femme sur deux a été victime de harcèlement sexuel sur son lieu de travail, dans le monde. Or à l’heure actuelle, aucune loi internationale n’existe contre les violences et le harcèlement au travail. Après le mouvement #metoo et alors que 125 000 personnes ont soutenu la pétition lancée par CARE demandant une telle loi, il était donc temps de combler ce vide juridique. C’est ce qu’il vient de se passer à l’OIT, puisque le principe d’une toute première convention pour "mettre fin à la violence et au harcèlement dans le monde du travail" a été adopté. 

« C’est une première victoire pour les femmes et les hommes du monde entier qui subissent violences et harcèlement sur leur lieu de travail. Cette décision a une réelle portée symbolique avec de nombreux points positifs dans le projet de texte. Mais il reste beaucoup de travail avant l’adoption de la convention en juin prochain. Des questions très importantes restent en suspens ou sont susceptibles d’être de nouveau soumises à débat », commente Sophie Chassot, experte droits des femmes chez CARE France.

L’enjeu de l’année à venir est d’aboutir à un consensus ambitieux entre tous les acteurs du monde du travail. Les employeurs et les entreprises ont ainsi fait preuve de réserve sur des points essentiels. Si CARE salue l’inclusion des points suivants dans le projet de convention, nous appelons l’ensemble du monde du travail à ne pas revenir dessus et à continuer en ce sens :

  • Une définition large de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, prenant en compte la dimension de genre.
  • Une vision large du monde du travail, qui inclut notamment le travail à domicile et le trajet pour aller au travail.
  • La reconnaissance par les gouvernements des liens entre les violences domestiques et le monde du travail et leur engagement en faveur de mesures pour lutter contre tout type de violences.
  • La reconnaissance par les gouvernements de l’importance de protéger l’ensemble des travailleurs et des travailleuses, y compris ceux de l’économie informelle ou travaillant dans des espaces publics ou privés.

L’année à venir est déterminante pour s’assurer que cette convention soit la plus ambitieuse possible. La France, qui portait la voix de l’Union européenne, a démontré un soutien fort à cette convention et s’inscrit comme un État leader sur la question. Elle doit poursuivre cet engagement et inciter les autres États et les entreprises à soutenir cette convention. 

Contacts médias :

Des porte-paroles sont disponibles pour des interviews. Contactez Camille Nozières, CARE France : nozieres@carefrance.org / 07 86 00 42 75 

Notes aux rédactions :

  • CARE a lancé une mobilisation mondiale Au boulot #ViolenceZéro pour soutenir l’adoption de cette convention à l’OIT et lutter contre les violences et le harcèlement au travail. Déjà plus de 35 000 personnes en France et plus de 125 000 dans le monde ont signé cette pétition. Cette mobilisation va se poursuivre jusqu’en juin 2019, afin de s’assurer que l’ensemble du monde du travail adopte et mette en œuvre cette convention. 
  • Le 16 juin à Paris, 8 organisations (ONG, syndicat) lancent une mobilisation à l’occasion de la journée internationale des travailleurs et travailleuses domestiques. Rendez-vous à partir de 14 heures au Trocadéro pour assister au tribunal populaire des travailleuses domestiques en présence d’experts.