Cette nuit, la présidence britannique a publié les premiers brouillons de textes des décisions de la COP. Ce qui est très clair c’est qu’à ce stade, le texte échoue complètement à démontrer que les pays vulnérables peuvent désormais compter sur les pays pollueurs pour les soutenir face aux pires impacts du changement climatique. Réaction à chaud de Fanny Petitbon, experte climat de l’ONG CARE :
Si le plan d’exécution pour les 100 milliards de dollars de financements climat est bien rappelé, il n’y a aucune incitation à ce que les États accélèrent le tempo. 2023 est devenue une échéance par défaut alors que cette promesse faite il y a 12 ans aurait déjà dû être honorée dès 2020. Le changement climatique, lui, ne se met pas en pause en attendant. Chaque année qui passe sans honorer cet engagement augmente la facture finale car les impacts climatiques vont se multiplier et s’intensifier, en particulier dans les pays du Sud.
L’autre déception c’est que si le texte appelle à accroître les financements pour l’adaptation, mais aussi à privilégier leur déboursement sous forme de dons, il fait l’impasse sur la nécessité de garantir un équilibre 50/50 entre financements pour l’adaptation et la réduction des émissions. C’était pourtant un engagement-clé de l’accord de Paris. Et il ne met pas l’accent sur la nécessité que ces fonds soient bel et bien additionnels à l’aide publique au développement. Cela permettrait pourtant d’éviter ce qu’on a vu pendant cette COP, où la Norvège a annoncé le triplement de ses financements pour l’adaptation mais en piochant dans son APD...
Dans la lignée de l’accord de Paris et de la montée en puissance du sujet à la COP26, les pertes et dommages sont reconnus comme une problématique à part entière. Si le texte appelle les pays riches à renforcer leur soutien pour répondre effectivement aux pertes et dommages et pas juste les prévenir ou minimiser, la référence aux financements reste malheureusement implicite et nécessite d’être écrite noir sur blanc. De même, le texte ne donne pas de mandat au mécanisme de Varsovie qui permettrait enfin de se pencher sur les moyens de mobiliser et de distribuer les financements pour les pertes et dommages. C’est pourtant un élément-clé pour mettre fin à l’inertie des pays pollueurs !
Contact média
Fanny Petitbon, experte climat de CARE, est disponible pour répondre aux interviews. Contactez Camille Nozières : nozieres@carefrance.org, 07 86 00 42 75