Le premier round des négociations s'est achevé ce samedi avec l'adoption d'un nouveau texte, transmis à Laurent Fabius. Ce qui semblait pourtant loin d'être acquis hier a donné lieu à un consensus de façade. En effet, beaucoup d'options sont sur la table et les enjeux les plus sensibles n'ont toujours pas été tranchés, en particulier ceux concernant les populations les plus vulnérables. ACF, CARE, CCFD et Secours Catholique alertent sur le risque d'adoption d'un accord qui n'apporterait pas les garanties d'une transition vers un monde plus juste.

L'association CARE participe à la COP21

Droits humains

Il pourrait sembler évident, dans le cadre de la CCNUCC que les Etats s’engagent à respecter, protéger, promouvoir et réaliser les droits humains dans toute action de lutte contre les changements climatiques. En effet, Il est nécessaire d’intégrer ces éléments de langage dans le volet opérationnel de l’Accord (Article 2 notamment). Cette option, bien que fortement poussée par certains Etats, est encore sur la table des négociations, mais est fortement débattue et très fragile.

Pour Jean Vettraino, chargé de plaidoyer droit à l'alimentation au Secours Catholique-Caritas France : « Les droits humains pourraient être simplement relégués dans le Préambule de l’Accord, voire supprimés ce qui serait inacceptable ».

Sécurité alimentaire

Selon la FAO, 800 millions de personnes souffrent de la faim de le monde et on attend jusqu’à 600 millions de personnes supplémentaires d’ici à 2080 à cause des changements climatiques. A mi-parcours des négociations, Action contre la Faim se félicite que les négociateurs se soient emparés de la question de la sécurité alimentaire. Sa mention apparaît à trois reprises dans le texte dont le préambule.

Peggy Pascal, chargée de plaidoyer sécurité alimentaire à ACF rappelle : « Les Etats doivent faire référence à la sécurité alimentaire et non pas aux notions de production et de distribution alimentaire qui laissent la porte ouverte à tout type de modèles agricoles y compris à des modèles polluant et peu effectif ».

ACF appelle les Etats à ne pas réduire la sécurité alimentaire à une question de production et de modèle commerciaux.

Adaptation

Les négociations sur l’adaptation ont bien avancé. Cependant, un point crucial n’a toujours pas été tranché : comment articuler le lien entre niveau de réduction des émissions et besoins en adaptation ?

« Les Etats auront à choisir entre plusieurs options qui détermineront leur niveau d’ambition. L’une des options se contente de constater que plus il y aura d’efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, moins les besoins d’adaptation seront importants. Afin de soutenir les plus vulnérables, nous voulons que l’accord prévoie un mécanisme d’ajustement du niveau de support technique et financier à l’adaptation en fonction du niveau de la hausse de la température. C’est la seule manière de garantir que les financements couvriront les besoins crées par les dérèglements climatiques », indique Aurélie Ceinos, responsable climat à CARE France.

Pertes et dommages

Des progrès notables ont été faits. Les négociateurs qui ne voulaient pas de mention des pertes et dommages dans l’accord ont fait un pas en avant et retiré leur veto. L’option aujourd’hui proposée reste à confirmer puisqu’elle reste entre parenthèses et à améliorer notamment sur l’inclusion d’une référence sur une responsabilité commune mais différenciée.

« Nous soulevons aussi le lien avec la réduction des émissions et le financement. Ces trois piliers doivent donc être renforcés de concert. Le contraire ne ferait qu’accroître les dommages irréversibles », ajoute Aurélie Ceinos.

Lima-Paris Action Agenda

Depuis le lancement des journées thématiques du Lima-Paris Action Agenda (LPAA) mardi 1er décembre, la société civile alerte sur les fausses solutions intégrées à cet Agenda pour l'Action (climate-smart agriculture, 4 pour 1000, oil and methane partnership...), et l'absence de cadres et decritères permettant de sélectionner et d'assurer le suivi des initiatives. Or, alors que le nouveau texte de l'Accord montre que des enjeux cruciaux ne sont pas tranchés, le LPAA continue sa marche forcée pour son intégration officielle dans l'Accord. Point d'orgue de cet Agenda : l'Action Day présidé par François Hollande et Ban Ki Moon aujourd'hui, destiné à promouvoir l'ensemble des secteurs couverts par le LPAA.

« Christina Figueres affirme que les initiatives du LPAA doivent devenir la norme. Ce n'est pas acceptable. Le LPAA contient aujourd'hui nombre de fausses solutions qui nuiront tant aux droits humains qu'à l'environnement. Plusieurs initiatives concernant l'agriculture sont problématiques. Il est étrange de constater que le pilier agriculture du LPAA est totalement absent de l'Action Day organisé aujourd'hui. Il semblerait que les décideurs préfèrent mettre sous le tapis des initiatives dangereuses, plutôt que d'avoir le courage politique de les exclure. En l'état toute référence au LPAA dans l'accord doit être supprimée », déclare Maureen Jorand, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire au CCFD-Terre Solidaire.

Contacts Presse

Revoir la conférence de presse