La COP22 (Conférence des Nations unies sur le changement climatique) aura lieu à Marrakech du 7 au 18 novembre. Les expertes de CARE France, Fanny Petitbon et Aurélie Ceinos, participeront à ces négociations. Elles nous expliquent pourquoi il est urgent de lutter contre les dérèglements climatiques qui affectent déjà des milliards de personnes.

Quel est l’enjeu de cette COP ?

Il faut poursuivre la dynamique initiée l’année dernière, c’est-à-dire rendre l’Accord de Paris opérationnel. Avant que cet accord ne soit mis en place concrètement dans les prochaines années, les États doivent se mettent d’accord sur de nombreux détails techniques.

Mais il ne faut pas se limiter à ces discussions qui visent le moyen terme, il faut accélérer l’action climatique avant 2020. Car, si nous ne réduisons pas dès maintenant nos émissions de gaz à effet de serre, nous n’arriverons pas à tenir l’objectif de l’Accord de Paris : limiter le réchauffement à 1,5°C. Pourquoi ce seuil ? Parce qu’au-delà la biodiversité et les êtres humains ne pourront plus s’adapter. Or, la trajectoire actuelle nous amène vers un réchauffement de la planète de 4°C !

Il n’y a donc pas de temps à perdre. D’autant plus que nous savons que le changement climatique est déjà en œuvre.

Quels sont les impacts déjà visibles ?

Malheureusement, ils sont nombreux. Le changement climatique dévaste d'ores et déjà des infrastructures, des écosystèmes et des vies.

2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée : en Inde, par exemple, les vagues de chaleur sont récurrentes et s’aggravent depuis de quelques années. Elles ont causé la mort de plus de 3000 personnes en 2 ans.

Les catastrophes naturelles sont aussi plus fréquentes et intenses. Il suffit de regarder la dévastation causée à Haïti le mois dernier par l’ouragan Matthew pour comprendre la situation dramatique des populations les plus exposées au changement climatique.

Que doivent faire les Etats pour protéger les plus vulnérables ?

Les domaines d’interventions sont nombreux : agriculture, adaptation aux chocs climatiques, compensation aux pertes et dommages irréversibles. Ce qui nous inquiète, c’est que de fortes divergences subsistent sur ces sujets majeurs pour les populations les plus vulnérables. 

Par exemple, il est urgent de définir les critères d’une agriculture qui permette de limiter et de s’adapter au changement climatique, tout en assurant la sécurité alimentaire de tous. Or, les États s’opposent toujours sur les actions à mettre en place : les pays émergents ne veulent pas discuter de la réduction des émissions de CO2 et souhaitent se concentrer sur l'adaptation. 

Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre la prochaine COP et de perdre un an de travail. Les États doivent agir dès maintenant.

Il n’y a pas de temps à perdre : vous appelez les États à agir les plus rapidement possible ?

Oui, il faut absolument en faire plus ces trois prochaines années si on veut protéger les vies et les moyens de subsistance de milliards de personnes partout dans le monde. Les enjeux sont très concrets : selon une récente étude, 75 à 250 millions d’Africains seront exposés à un stress hydrique accru d’ici 2020, c’est-à-dire des conditions de santé fortement dégradées et une situation alimentaire critique car il n’y aura pas assez d’eau pour les cultures agricoles.

Mais la question n’est pas seulement de savoir ce que les Etats vont faire pour limiter les impacts climatiques mais aussi comment ils vont agir. L’urgence ne doit pas justifier toutes les solutions. Il faut éviter les initiatives reposant sur l'utilisation d'OGM ou d’intrants chimiques nocifs qui contribuent à notre dépendance aux combustibles fossiles et rendent les agriculteurs de plus en plus vulnérables. 

Des actions climatiques qui contribueraient à accroître les inégalités n’auraient aucun sens. Par exemple, un barrage hydroélectrique de grande ampleur émet peu de carbone mais peut conduire à des inondations de zones, des pertes de culture ou des déplacements de populations. Il faut absolument prendre en compte le respect des droits humains dans nos actions.

Quelle est l’action de CARE pour lutter contre ces impacts climatiques ?

Le changement climatique menace les progrès réalisés depuis de nombreuses années en termes de développement. En tant qu’ONG de lutte contre la pauvreté, le soutien aux populations affectées par les dérèglements climatiques est donc l’une de nos priorités :

  • CARE soutient les populations affectées par des chocs climatiques ponctuels (tempêtes, inondations) ou de long terme (variabilité des saisons et des précipitations).
  • CARE met en place des programmes d'adaptation : soutien agricole aux communautés péruviennes qui souffrent de la disparition des glaciers ; mise en place de réseaux d'accès à l'eau en Inde ; projets de plantation de mangroves et de restauration de systèmes de défense côtiers dans certaines régions d'Indonésie, de Thaïlande et du Vietnam.
  • CARE participe également aux négociations internationales sur le climat. C’est pourquoi nous serons à Marrakech du 7 au 18 novembre pour participer à la COP22.

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