Une soixantaine chefs d'Etat sont arrivés hier à la COP. Notre experte Aurélie Ceinos décrypte leurs discours ainsi que les avancées des négociations climatiques.
Hier, les chefs d’États se sont réunis à Marrakech dans le cadre de la COP 22. Ont-ils fait des déclarations constructives ?
Ils ont rappelé que l’urgence climatique était là. Le roi du Maroc, le président français et le secrétaire de l’ONU ont appelé les États à poursuivre la lutte contre le changement climatique.
Ils ont rappelé qu’aucun pays n’était à l’abri des dérèglements climatiques, tout en insistant sur la vulnérabilité des pays les plus pauvres. François Hollande a évoqué la dette écologique que le monde a envers le continent africain
Ces déclarations visaient-elles uniquement à remobiliser les États ou y-a-t-il aussi eu de nouvelles annonces, notamment de la part de François Hollande ?
Il n’y a rien eu de vraiment nouveau. François Hollande a rappelé que la France consacrerait 5 milliards d’euros à la lutte contre le changement climatique d’ici à 2020. Cette promesse avait déjà été faite lors de la précédente COP.
Il a aussi rappelé les engagements français en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les quinze prochaines années. Une nouveauté cependant : François Hollande a annoncé que la France souhaitait arriver à la neutralité carbone en 2050. C’est-à-dire que les quantités de carbone émis - par les industries et les pratiques agricoles - et de carbone absorbé - par les arbres ou le sol - s’annuleraient. François Hollande veut créer une coalition de pays qui s’engageraient tous pour atteindre cet objectif.
Cette déclaration et l’ensemble des autres discours vont-ils influencer positivement les derniers jours de négociations ?
Nous l'espérons car il reste encore beaucoup de sujets sur lesquels les États n’ont pas trouvé de compromis.
Mais il faut aussi souligner les avancées positives de ces derniers jours. Hier, les États ont adopté deux décisions sur les pertes et dommages liés au changement climatique. Il était crucial qu’ils se mettent d’accord sur la façon d’avancer. Sur cette question, un rapport de la Banque mondiale a encore rappelé cette semaine que l’impact économique et social des chocs climatiques est très sous-estimé. Chaque année, 26 millions de personnes basculent dans la pauvreté suite à des catastrophes naturelles.
Que contiennent concrètement ces décisions ?
Les États ont décidé de prolonger le mécanisme de Varsovie. Créé en 2013, ce mécanisme a pris beaucoup de retard sur ses objectifs initiaux : définir, mesurer les pertes et dommages et proposer des moyens concrets pour y répondre. Les États ont également reconnu le besoin de financements complémentaires.
Ces deux décisions sont des pas positifs mais nous ne pouvons pas nous arrêter là : les États ne doivent pas se dédouaner de leurs responsabilités en termes d’adaptation aux dérèglements climatiques. Car il faut limiter au maximum les impacts irréversibles du changement climatique. Or, la question des financements de l’adaptation est un sujet très difficile depuis le début de la COP.
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- Aurélie Ceinos, responsable climat de CARE France, sera à Marrakech du 12 au 19 novembre.
- Fanny Petitbon, responable plaidoyer de CARE France, sera disponible à Paris.
Contactez Laury-Anne Bellessa (à Marrakech du 12 au 19/11), responsable des relations medias, +33 (0)7 86 00 42 75, bellessa@carefrance.org