Chaque jour, Aurélie Ceinos, notre experte climat, décrypte les négociations climatiques. Hier, certains sujets, comme l'agriculture, étaient toujours au point mort. Les négociateurs ont tout de même réalisé qu'il ne leur restait qu'une journée de travail pour les discussions techniques. Grâce à ce sursaut, certains points comme l'intégration du genre dans les actions climatiques ont pu avancer. 

Vous nous racontiez que les négociations de mardi sur l’agriculture avaient du mal à avancer. La journée d’hier a-t-elle été plus efficace ?

Malheureusement, pas en ce qui concerne sur ce sujet. On fait du surplace avec toujours une forte opposition entre les pays en développement et les pays développés. Les uns veulent se concentrer sur l’adaptation et les autres sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les ONG rappellent aux Etats qu’il n’y a pas de temps à perdre. Car si aucun compromis n’est trouvé, on risque de perdre un an de travail. Les discussions sur l’agriculture ne reprendront pas avant la prochaine COP, en décembre 2017.

Les négociateurs doivent donc mettre les bouchées doubles ?

Oui, et certains négociateurs ont réalisé hier qu’il ne restait qu’une journée de travail pour avancer sur les points techniques. Cette prise de conscience a provoqué un sursaut. Et certains sujets ont pu avancer. C’est le cas de la question des femmes et du genre.

Pourquoi parler de genre dans des négociations climatiques ?

L’accord de Paris est le premier traité environnemental qui mentionne les droits humains, l'égalité de genre ou les droits des peuples autochtones. C’est une grande avancée car des actions climatiques qui renforceraient les inégalités existantes n’auraient aucun sens.

Pour en revenir au genre, nous savons que les femmes sont les plus exposées au changement climatique. Celles qui cultivent leurs terres ont moins de ressources que les hommes pour s’adapter aux dérèglements climatiques. Un autre exemple : les catastrophes climatiques entraînent une désorganisation des communautés, qui est souvent accompagnée d’une augmentation des violences contre les femmes.

Les femmes sont donc particulièrement touchées par les impacts du changement climatique alors qu’elles consomment en moyenne moins d’énergie. Quelles sont les avancées des négociations sur le genre ?

Le programme de travail sur le genre qui avait été décidé en 2014 arrive à échéance. Il a permis de développer des recommandations pour intégrer le genre dans les actions d’adaptation et de réductions des émissions. Maintenant, les négociateurs doivent se mettre d’accord sur la suite.

Cela passe par la définition d’un périmètre d’action. Le G77 - qui regroupe 134 pays en développement et émergent - a poussé pour intégrer la double notion d’autonomisation des femmes et d’égalité des genres. C’est un point positif car ces termes incluent non seulement le renforcement des capacités des femmes mais aussi un travail sur l’évolution des lois et des normes sociales pour lutter contre les discriminations.

Donc si l’accord de Paris se veut ambitieux pour le climat, il doit aussi défendre les droits des femmes. Y-a-t-il encore des points bloquants?

Oui, il faut avant tout assurer des ressources financières pour la mise en place d'actions concrètes. La question est de savoir où les trouver.

Or, sans les fonds nécessaires, on risque de s’en tenir à des beaux discours. Ce que nous demandons, c’est par exemple un appui technique pour intégrer le genre dans les plans nationaux d’adaptation des pays les moins avancées.

Il faut aussi renforcer le nombre et le rôle des négociatrices. L’égalité de genre doit se concrétiser à tous les niveaux !

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Nos expertes climat présentent également un chronique quotidienne sur la radio RCF du 7 au 18 novembre à 7h14.

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Contact médias

Nos équipes (francophones et anglophones) sont disponibles pour toute demande d’interview. 

  • Aurélie Ceinos, responsable climat de CARE France, sera à Marrakech du 12 au 19 novembre.
  • Fanny Petitbon, responable plaidoyer de CARE France, sera disponible à Paris. 

Contactez Laury-Anne Bellessa (à Marrakech du 12 au 19/11), responsable des relations medias, +33 (0)7 86 00 42 75, bellessa@carefrance.org