La COP 24 démarre ce week-end à Katowice en Pologne. C’est le moment pour les États de faire face aux incohérences de leurs actions climatiques. C'est l'heure de vérité pour l'accord de Paris. Voici les principaux enjeux de cette COP par Fanny Petitbon, l'une des expertes climat de l’ONG CARE, qui sera sur place pour suivre les négociations.

L’urgence climatique n’est pas de la science-fiction.

La COP 24 marque la fin d'une année au cours de laquelle les conséquences d’un réchauffement climatique à +1°C se sont fait violemment ressentir : typhons aux Philippines et aux États-Unis, incendies en Europe et en Amérique du Nord, inondations en France… 

Et ce n’est pas un hasard. L’action climatique fait grandement défaut. Malgré les engagements pris par les gouvernements dans l’accord de Paris, les émissions de CO2 ont atteint un niveau record en 2017 !

La fenêtre d’opportunité est courte, mais elle existe.

La bonne nouvelle c’est qu’il est encore possible de ne pas dépasser un réchauffement de 1,5°C ! Mais pour cela, il faut agir vite : les États ont 2 ans pour adopter des objectifs de réduction des émissions 5 fois plus ambitieux que ceux d'aujourd'hui et 10 ans pour mettre en place des actions concrètes, selon les derniers rapports du GIEC et du PNUE. 

48 pays, parmi les plus vulnérables, ont déjà pris les devants en annonçant, la semaine dernière, une réhausse de leurs objectifs d’ici à 2020. Aux pays les plus émetteurs maintenant de prendre de tels engagements. Dès la COP24, la France et les autres pays progressistes de l'UE doivent afficher un soutien sans ambiguïté au seul scénario compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5°C : la neutralité carbone avant 2050 pour l'UE. 

Cette COP est le moment pour les États riches de montrer qu'ils ne sacrifient pas l'avenir de la planète.

L’augmentation des financements internationaux est au cœur de la justice climatique.

Les pays les plus riches doivent réaffirmer leur solidarité climatique et augmenter massivement leur soutien aux pays en développement qui sont les plus impactés par le changement climatique alors qu’ils en sont les moins responsables. 

Les pays développés doivent tenir leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars de financements climatiques par an d’ici à 2020. On en est encore loin : 56 milliards de dollars en 2016. Ces nouvelles contributions, notamment à travers la reconstitution du Fonds Vert pour le Climat, sont indispensables pour soutenir l’adaptation, qui représente aujourd’hui seulement ¼ des financements climatiques. Les États doivent également cesser de faire l’autruche et apporter une réponse à la problématique des pertes et dommages irréversibles. C'est le troisième pilier de l’action climatique et il est au point mort depuis 5 ans. 

Des sources de financements innovantes sont pourtant à portée de main, telles qu’une taxe sur l’extraction des énergies fossiles ou sur les transports maritimes et aéronautiques.

La COP 24 est le test de crédibilité de l’accord de Paris, l’outil international pour lutter contre le changement climatique.

Malgré le retard considérable pris par les États, il est désormais l’heure de finaliser et d’adopter le manuel d’application de l’accord de Paris pour que celui-ci devienne enfin opérationnel. 

Il faut par exemple définir le contenu des bilans qui auront lieu tous les 5 ans. Il faut aussi mettre en place des garde-fous pour s’assurer que l’action climatique respecte les droits humains, réduise les inégalités de genre et contribue à une plus grande sécurité alimentaire.

Contact médias

Notre experte (francophone et anglophone) est à Katowice du 02 au 14 décembre pour suivre les négociations : Fanny Petitbon : 0619122146 ; petitbon@carefrance.org

Nous avons aussi des expertes disponibles à Paris.

Pour toute demande d'interview, en Pologne ou à Paris, contactez Camille Nozières : 07 86 00 42 75 ; nozieres@carefrance.org