Les États ont joué les prolongations et clôturé les négociations de la COP24 ce samedi 15 décembre, avec un jour de retard. Première COP après la publication du rapport spécial du GIEC soulignant l’urgence climatique, elle suscitait des attentes très fortes en matière d’engagements à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à accroître le soutien aux populations les plus vulnérables. Mais les pays les plus riches, soit en imposant des blocages sur des sujets-clés soit en manquant de leadership, en ont fait un rendez-vous manqué.
La COP24 devait produire des résultats concrets sur 3 fronts : un solide mode d’emploi de l’Accord de Paris, une décision de COP engageant les États à revoir à la hausse leurs objectifs climatiques de la COP21 pour respecter la limite de 1,5°C et une meilleure visibilité sur les financements mis à disposition des plus vulnérables pour faire face au changement climatique.
« Si les États ont bien répondu à la commande en adoptant un mode d’emploi de l’accord de Paris, celui-ci reste incomplet : la référence aux droits humains comme boussole de l’action climatique a été supprimée du texte et la question des pertes et dommages, pourtant cruciale pour les pays les plus vulnérables, est réduite au strict minimum. En faisant cela, les pays les plus riches ont en partie trahi l’esprit de l’accord de Paris et actent un retour en arrière », déplore Fanny Petitbon, experte climat de l’ONG CARE France.
En matière d’ambition, une cinquantaine de pays, principalement parmi les plus vulnérables mais aussi quelques États européens progressistes se sont engagés à revoir à la hausse leurs objectifs de réduction des émissions avant 2020. Mais la COP24 n’entérine pas d’engagement de l’ensemble des pays à faire de même, en dépit des cris de détresse lancés par les petits États insulaires et la menace de véto de l’ancien président des Maldives en l’absence d’une ambition collective. De trop nombreux pays développés ont encore une fois privilégié leurs propres intérêts par rapport à celui du collectif.
« Ces États réfractaires semblent totalement déconnectés de la réalité. Ne voient-ils pas que les citoyens, partout dans le monde, refusent de s’avouer vaincus face aux dangers du réchauffement climatique ? Marches pour le climat, grèves des écoliers, changements des pratiques de consommation… La société contribue et appelle à cette transformation, qui requiert une accélération sans précédent de l’action des États », alerte Fanny Petitbon
Les gouvernements doivent de toute urgence lancer un processus à l’échelle nationale afin de revoir leurs objectifs climatiques annoncés à la COP21 et être en mesure de remettre leur copie corrigée avant 2020. Le Sommet sur le climat du Secrétaire général des Nations unies en septembre prochain offre une réelle opportunité aux États de démontrer qu’ils sont prêts à faire équipe face à l’urgence climatique.
« En matière de solidarité, nous saluons les 128 millions de dollars promis au Fonds pour l’Adaptation, notamment par la France, mais c’est une goutte d’eau par rapport aux 300 milliards de dollars par an qui seront nécessaires pour répondre aux besoins en adaptation des pays les plus vulnérables d’ici 2030. Nous espérons que l’annonce par l’Allemagne d’un doublement de sa contribution initiale au Fonds Vert pour le Climat constitue une source d’inspiration pour de nombreux autres pays », conclut Fanny Petitbon
Contact médias
Notre experte climat, Fanny Petitbon (francophone et anglophone) était à Katowice pour suivre les négociations. Pour toute demande d'interview, contactez Camille Nozières : 07 86 00 42 75 ; nozieres@carefrance.org