Un manque flagrant de représentation des femmes dans les négociations climat. Pour quel impact ?
L’année dernière, seulement sept des 110 dirigeants mondiaux participant à la COP27 étaient des femmes. Si la représentation des femmes est en légère hausse cette année, elles restent encore largement sous-représentées à la COP et dans l’ensemble des espaces de négociations et de prise de décisions sur le climat.
« Une fois de plus, le tapis rouge est déroulé pour les dirigeants masculins à la COP et les hommes dominent parmi les principaux négociateurs. Comment allons-nous parvenir à des politiques climatiques efficaces et durables sans tenir compte de la moitié de la population sur terre ? Les femmes et les filles sont les plus touchées par le changement climatique, mais elles sont réduites au silence. Elles sont invisibles. Il faut que cela change » , alerte Fanny Petitbon, responsable plaidoyer pour CARE France, actuellement à la COP à Dubaï.
La crise climatique est due à des politiques économiques décidées par des gouvernements majoritairement masculins. À la COP28, les voix des femmes sont à peine entendues dans les cercles décisionnels les plus élevés, mais aussi à tous les niveaux de la prise de décision en matière de climat. Seuls 37 % des délégués nationaux à la COP27 de 2022 étaient des femmes, soit un pourcentage inférieur à celui de 2021. La représentation des femmes était encore plus faible parmi les négociateurs de haut niveau. Seuls 29 % des chefs et chefs adjoints de délégation étaient des femmes à la COP27.
L’impact disproportionné du changement climatique sur les femmes
« Le changement climatique est sexiste et a un impact disproportionné sur les femmes et les filles des pays du Sud. Pour elles, la réalité des inondations, des sécheresses et de la hausse des températures se traduit par une augmentation de la violence sexiste, la destruction des moyens de subsistance et la perte d’opportunités » , explique Fanny Petitbon.
Le changement climatique est sexiste :
- Dans certaines régions du monde, l’augmentation des mariages forcés est directement corrélée aux catastrophes climatiques. Au Bangladesh par exemple, le nombre de mariages de filles âgées de 11 à 14 ans a augmenté de 50% lors d’une vague de chaleur de plus de trente jours (1).
- Alors que les ressources en eau sont de plus en plus rares, deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Au Botswana, 56 % des filles ont dû parcourir de plus longues distances et passer plus de temps que d’habitude pour aller chercher de l’eau (2).
Nous avons besoin de soutenir véritablement les femmes dirigeantes, en particulier au niveau local, afin qu’elles puissent prendre les décisions qui les affectent le plus. Les États doivent respecter le plan d’action pour l’égalité des sexes de la CCNUCC qui stipule que les femmes devraient participer pleinement, sur un pied d’égalité et de manière significative à tous ses processus, y compris aux négociations mondiales sur le climat. Qui plus est, en 2019, tous les gouvernements participant à la COP ont accepté d’œuvrer à la réalisation d’une participation égale.
La participation des femmes, des minorités ethniques et des groupes marginalisés à la prise de décision en matière de climat et d’environnement est non seulement une question de droits, mais permet également d’obtenir de meilleurs résultats en matière d’environnement (3). Les décideurs politiques présent.e.s à la COP28 doivent tenir compte de ces éléments et veiller à ce que les femmes et les filles jouent un rôle significatif dans l’élaboration d’une action climatique plus ambitieuse.
Ces chiffres sont tirés de la photo officielle des chef.fe.s d’Etats et de gouvernements à la COP28, qui peut être consultée ici.
Sources citées : (1) Le Monde, 2023 ; (2) UN Women, 2022 ; (3) UN Women, 2022
Contact médias :
- Les experts climat de CARE sont à la COP28. Pour toute demande d’interview, contactez Chloé Sublet (aussi à Dubaï) : 00 33 (0)7 86 00 42 75, sublet@carefrance.org
- Lire la note de positionnement de CARE sur la COP28
L'action de CARE face au climat
Fondée en 1945, CARE est l’une des principales organisations humanitaires au monde. En 2022, nous avons aidé 174 millions de personnes dans 111 pays dans le monde. CARE s’attaque aux causes sous-jacentes de la pauvreté et lutte contre les effets du changement climatique. Nous accordons une attention particulière aux femmes et aux filles, qui sont les plus touchées par les impacts climatiques. Pour cela :
- CARE soutient des projets de réduction des risques des catastrophes naturelles et climatiques et fournit une aide d’urgence aux populations touchées par ces catastrophes.
- Nous renforçons la capacité d’adaptation des communautés aux impacts climatiques sur le long terme, notamment en promouvant des techniques agricoles résilientes.
- Lors des conférences internationales sur le climat, nous soutenons la voix des populations les plus affectées afin que les gouvernements prennent des mesures concrètes et ambitieuses contre le changement climatique.
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- 30 septembre 2024
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