Alors que la moitié de l’humanité est confinée pour ralentir la propagation de la pandémie de Coronavirus, l’inquiétude monte dans les pays les plus vulnérables. En effet, pour les pays déjà en proie à une crise humanitaire, avec un système de santé défaillant, le Coronavirus fait craindre le pire. Les équipes de l’ONG CARE en Afghanistan, en Syrie au Mali et en Amérique Latine témoignent de leurs inquiétudes.

Syrie – « 91% des camps de déplacés en Syrie n’ont pas accès au savon. »

« Les conditions d’hygiène dans les camps de déplacés du nord de la Syrie sont encore pire que ce nous craignions et nous font craindre une propagation rapide et de nombreuses victimes. Une évaluation menée par CARE et ses partenaires, dans 78 camps du nord-ouest du pays, dans les régions d’Alep et d’Idlib notamment a démontré que :

  • 45% de ces camps ne disposent pas de latrines. Et pour les 55% qui en sont équipés, la moyenne est de 240 personnes par latrine.

  • 83% n’ont aucune installation pour le lavage de mains.

  • 91% n’ont pas accès au savon.

Le Coronavirus a déjà fait des morts dans d’autres régions de la Syrie. Nous craignons qu’il se répande comme une trainée de poudre, à notre insu, parmi une population à bout de force. Avec seulement 150 ventilateurs disponibles, dans le nord-ouest du pays, pour plus de 4 millions de personnes, ce serait une véritable tragédie. L’OMS a commandé 90 ventilateurs supplémentaires, mais ce ne sera toujours pas assez pour faire face à une pandémie de grande ampleur. La prise de température est pour le moment l’un des seuls indicateurs que nous pouvons utiliser. Car malgré la livraison de kits de tests, un seul laboratoire est opérationnel et seuls 20 tests ont pu être réalisés en 8 jours », alerte Tue Jakobsen, coordinateur de la réponse humanitaire en Syrie pour CARE.

Afghanistan – « Seul un hôpital dispose du matériel de test du Coronavirus. »

« Plus de 230 cas de Coronavirus ont été confirmés en Afghanistan mais nous craignons que ce chiffre soit bien plus élevé en réalité. Dans ce pays déchiré par la guerre, le système de santé est très fragile et déjà surchargé. Seul un hôpital dispose du matériel de test pour 35 millions d’habitants. 

Et suite aux restrictions de passage à la frontière avec le Pakistan, l’importation des biens et fournitures médicales est limité. Les conséquences des mesures de réduction des risques de la pandémie se font déjà sentir pour les personnes les plus précaires. Le prix des denrées alimentaires a considérablement augmenté », explique Deepmala Mala, directrice de CARE pour la région Asie.

Mali – « Le système de santé déjà très faible sera rapidement saturé si la pandémie prend de l’ampleur. »

« Au Mali, nous avons actuellement 36 cas, 3 décès déclarés et plusieurs centaines de cas suspects. 

Le pays doit déjà faire face à de nombreux défis : notamment l’insécurité due au conflit dans sahel et le changement climatique, avec des sécheresses récurrentes. Le système de santé du pays déjà faible se trouvera très rapidement saturé si la pandémie prend de l’ampleur », s’inquiète Balla Moussa Sidibe, directeur de CARE au Mali.

Amérique Latine – à la frontière vénézuélienne, « le virus est une véritable bombe à retardement. »

« À travers les pays d’Amérique Latine, on compte actuellement près de 5 millions de réfugiés vénézuéliens qui ont fui la crise dans leur pays. Souvent contraints de vivre dans des logements ou des camps insalubres et surpeuplés, le risque d’attraper le virus pour eux est décuplés. Le virus est une véritable bombe à retardement dans un contexte où il est impossible d’appliquer les mesures de distanciation sociale.

De plus, 50% de la main-d'œuvre en Amérique Latine gagne sa vie au jour le jour grâce au travail informel comme vendeurs de rue ou travailleurs domestiques : toute mesure de quarantaine et d'isolement social dans les pays de la région laissera ces personnes sans aucune ressource », alerte Tatiana Bertolucci, directrice de CARE pour la région Amérique Latine.

Contact médias

Des porte-paroles sont disponibles pour des interviews. Contactez Camille Nozières, nozieres@carefranceorg, 0786004275

Notes aux rédactions

  • CARE est une association de solidarité internationale présente dans 100 pays dans le monde

  • Nos actions contre le Coronavirus : nous renforçons nos programmes de santé, d’accès à l’eau et aux produits d’hygiène partout dans le monde pour faire face au Coronavirus. Depuis des décennies, CARE mène des projets pour lutter contre les épidémies : Ebola, Zika ou encore le choléra. 

  •  Notre appel à dons : pour continuer nos actions, face à une crise d’une ampleur sans précédent, nous avons besoin d’une mobilisation sans précédent c’est pourquoi nous avons lancé un appel à dons : https://donner.carefrance.org/urgence-covid-19