Depuis la mi-novembre, les bombardements se sont intensifiés dans la partie est d’Alep. 250 000 civils sont pris au piège alors que des combats terrestres ont débuté. Des associations syriennes, partenaires de CARE, alertent sur la catastrophe humanitaire qui est en cours.
Les infrastructures civiles, cibles des bombardements
CARE et ses partenaires syriens témoignent de l’horreur des actions commises contre les populations d’Alep. En deux semaines, plus de 250 civils ont été tués, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
« Je vis au second étage d’un immeuble avec ma femme et mon bébé de cinq mois. Notre balcon, les fenêtres et les murs ont été touchés par des éclats lors des bombardements. On dort au milieu de l’appartement pour ne pas être blessés en cas de bombardement au milieu de la nuit. Pour se protéger, on évite de rester près des murs extérieurs », raconte l’un de nos partenaires.
Une catastrophe sanitaire et médicale
Nous dénonçons le fait que les infrastructures civiles (écoles, maisons) soient régulièrement bombardées. Aujourd’hui, il n’y a plus aucun hôpital en état de fonctionner à Alep. Les cas de poliomyélite, de typhoïde ou de rougeole, des maladies que l’on peut facilement éviter et soigner, risquent d’augmenter rapidement. Nous sommes également inquiets par la propagation de maladies hydriques car les réseaux d’eau ont été détruits il y a plusieurs semaines.
« Nous n’avons plus d’eau propre, personne ne sait quand nous en aurons de nouveau. Nous avons encore une petite réserve pour cuisiner. Nous utilisons de l’eau récupérée dans des trous même si nous savons que ce n’est pas très sûr en termes sanitaires. »
Des populations prises au piège
Près de 16 000 personnes ont fui les combats les plus intenses, se déplaçant d’un quartier à l’autre : elles ont tout laissé derrière elles.
« Ceux qui fuient les combats sont désespérés. Les comités locaux et la population essaient de les aider mais beaucoup de maisons ne sont plus que des débris. On ne peut plus vivre dedans. »
Et ce nombre de personnes déplacées risque encore d’augmenter. Des milliers d'autres personnes n'auront pas d'autre choix que de fuir si les combats continuent à s'intensifier.
Alep, toujours privée d’aide humanitaire
Nos partenaires syriens dénoncent une situation humanitaire effroyable. Les populations sont laissées à elles-mêmes. Il n’y a plus d’orphelinat ou de services sociaux pour apporter le moindre soutien aux familles et aux enfants.
La situation alimentaire est critique : beaucoup de familles ne mangent pas régulièrement. Certaines sont obligées de mendier pour avoir de quoi manger. Et les populations ont peur de se rendre sur les marchés à cause des bombardements.
« Les prix de la nourriture sont montés en flèche. Nous n’avons plus que du riz, des lentilles et des pâtes pour nous nourrir. Parfois, nous n’avons même pas de pain. Quand nous en avons, nous le mélangeons avec du riz ou des haricots. C’est tout ce que nous avons pour manger. »
La partie est de la ville est assiégée depuis plus de 100 jours.
Il n’y a aucun couloir humanitaire. Il est urgent de permettre aux humanitaires d’aider les populations d’Alep. Depuis plusieurs semaines, aucune aide alimentaire n’a pu entrer dans la partie est de la ville. La dernière distribution organisée par des ONG locales a eu lieu il y a deux semaines. CARE soutenait une cuisine communautaire à Alep dont les stocks se sont épuisés en octobre.
Le prix du fuel est aussi devenu exorbitant alors que les températures ont baissé.
« Il fait froid maintenant. Les gens n’ont plus de fuel pour les générateurs. Ils doivent brûler du bois pour se réchauffer. Je suis malade depuis quelques jours. »
CARE demande à toutes les parties de respecter le droit international et d’assurer la protection des civils syriens.