Dans un contexte global de recul des droits des femmes, les prochaines élections françaises sont un enjeu décisif pour les droits des femmes. Cinq ONG, dont CARE, demandent aux candidat·e·s aux élections présidentielle et législatives françaises de s’engager à ce que la France reconnaisse, intègre et promeuve de manière transversale et systématique les droits des femmes, dans toutes ses politiques publiques.
Un texte signé par Jocelyne Gendrin-Guinebault, présidente de Genre en Action ; Mégane Ghorbani, chargée de mission Droits des femmes chez ActionAid France – Peuples Solidaires ; Philippe Lévêque, directeur de CARE France ; Yveline Nicolas, coordinatrice d’Adéquations ; Friederike Röder, directrice France de ONE
Un contexte global de recul des droits des femmes
Dans un contexte global de recul des droits des femmes, les prochaines élections françaises sont un enjeu décisif pour les droits des femmes. Pourtant ce sujet reste marginalisé, parfois même instrumentalisé, dans le débat public en France comme à l’étranger.
Les politiques discriminatoires et les violences exercées à l’encontre des femmes restent une réalité préoccupante face aux conservatismes ambiants. Et ce, près de quarante ans après l’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et plus de vingt ans après l’adoption d’une Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes par les Nations unies.
Transformer les engagements politiques en actions concrètes
Au-delà des alternances politiques, la France doit poursuivre son travail et continuer de se doter d’une diplomatie ambitieuse en faveur des droits des femmes. Le prochain quinquennat doit permettre de transformer les engagements politiques en actions concrètes pour l’égalité de genre tant au niveau international que national.
Nous, organisations de solidarité internationale, demandons aux candidat·e·s aux élections présidentielle et législatives françaises de s’engager à ce que la France reconnaisse, intègre et promeuve de manière transversale et systématique les droits des femmes, dans toutes ses politiques publiques.
Nous leur demandons de garantir que la France se positionne officiellement en faveur des droits des femmes dans tous les espaces de discussions et de décisions bilatéraux et multilatéraux. La France doit, par exemple, encourager tous les États à ratifier et mettre œuvre la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et son protocole facultatif, considérés comme des instruments majeurs du respect des droits des femmes à l’international. Il reste beaucoup de progrès à faire dans ce domaine, notamment en matière de lutte contre les violences : au moins une femme sur trois est victime de violences physiques et/ou sexuelles au cours de sa vie dans le monde, selon l’ONU.
La nécessaire ratification des conventions internationales
Dans tous les pays, les femmes doivent faire face à de nombreux obstacles dans leur vie professionnelle et personnelle. Dans le monde, les femmes font deux à cinq heures de plus par jour de travail non rémunéré (tâches ménagères notamment) comparé aux hommes, selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et l’ONU.
En France aussi les femmes doivent faire face aux inégalités : leur salaire est en moyenne inférieur de 24% à celui des hommes.
La France doit s’engager à ratifier toutes les conventions de l’OIT visant à protéger les droits des travailleurs et travailleuses, notamment la Convention n°189, et à favoriser l’adoption d’une nouvelle Convention sur la violence sexiste au travail.
Le genre, un axe prioritaire de la politique d’aide au développement.
Les candidat·e·s devront accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable et notamment l’objectif 5 dédié aux enjeux d’égalité et d’autonomisation des femmes et des filles.
De façon plus transparente et inclusive, la France doit assurer un suivi et une évaluation de l’application effective des droits des femmes sur son territoire et dans ses projets de développement à l’étranger. Aujourd’hui, seuls 17% des projets de l’aide publique au développement bilatérale prennent en compte le genre, ce qui est insuffisant pour permettre une réelle amélioration des conditions de vie des femmes dans le monde. En ce sens, le développement d’une nouvelle stratégie genre et développement, impliquant et soutenant les organisations de la société civile, doit rester un axe prioritaire de la politique française d’aide au développement.
Les prochaines élections présidentielle et législatives sont l’occasion pour chaque candidat·e de s’engager à porter ce sujet au cœur de son action politique et de prouver sa volonté sur ces enjeux majeurs pour un développement juste et durable !
Ce texte a été publié par le Huffington Post