Sécheresses prolongées, inondations répétées… le changement climatique affecte la capacité des populations à se nourrir. À l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, Marie Leroy, notre experte climat, explique comment le changement climatique met en péril les progrès réalisés dans la lutte contre la faim dans le monde au cours des dernières décennies.
Où en est la lutte contre la faim dans le monde ?
La situation n’est pas bonne. Depuis trois ans, la faim dans le monde progresse à nouveau, selon l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
821 millions de personnes souffraient de la faim en 2017. Un chiffre considérable qui nous ramène au niveau de 2010.
Comment expliquer ce terrible retour en arrière ?
Il y a un lien incontestable entre changement climatique et crises alimentaires. La baisse des pluies, le réchauffement climatique compromettent la production agricole et le stockage de nourriture dans de nombreuses régions du monde.
Par exemple, chaque dixième de degré de réchauffement a des impacts désastreux : les rendements de blé dans les pays tropicaux vont diminuer de 9% dans le cadre d’un réchauffement d’1,5°C. Ces pertes doubleraient (16%) en cas d’un réchauffement de 2°C. Or, nous sommes actuellement sur une trajectoire de plus de 3°C.
Quels sont les impacts sur les populations ?
Les impacts sont très concrets. Le changement climatique augmente les risques de pénuries alimentaires et d’envol du prix de certaines denrées.
Les petits producteurs des pays en développement sont les premiers touchés. Leurs revenus diminuent à mesure que la productivité baisse. Ils n’ont pas la possibilité d’acheter de la nourriture pour compenser ces pertes ou d’investir pour adapter leurs pratiques au changement climatique.
Parmi eux, les femmes sont les plus vulnérables. Bien qu’elles réalisent 60% du de la production agricole, beaucoup n’ont pas le droit de posséder des terres et n’ont pas accès aux ressources agricoles et économiques. Comment peuvent-elles faire face ?
Des solutions existent. Quelles sont-elles ?
Face à ce défi, les équipes de CARE aident les petites productrices à s’adapter au changement climatique. Elles acquièrent de nouvelles connaissances et ont accès aux données météorologiques et climatiques.
La mise en place d’écoles paysannes leur permet aussi d’expérimenter de nouvelles pratiques agricoles plus résilientes et durables. Au Bangladesh, avec le soutien de CARE, des agricultrices ont essayé de nouvelles variétés de riz. Ces semences ont résisté aux inondations extrêmes qui ont frappé le pays. Ainsi, ces femmes ont pu nourrir leur famille, et même vendre le surplus de leur production.
Que faut-il faire de plus ?
C’est incontestable. Le changement climatique est devenu une cause structurelle de la faim dans le monde. Il est indispensable que les États réduisent rapidement et drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre. Il est encore temps de limiter le réchauffement climatique, mais il y a urgence.
Il faut aussi redoubler d’efforts pour mettre en place des programmes d’adaptation au changement climatique. Or, les financements actuels des pays développés sont loin d’être suffisants.