Après dix ans de régression quasi constante, la faim dans le monde a brusquement augmenté. Pourtant, nous produisons suffisamment pour nourrir deux fois la population mondiale. Alors quelles sont les causes de ce drame ? Voici cinq points pour comprendre pourquoi la faim fait de si nombreuses victimes.
1. Plus de 20 millions de personnes sont menacées par la famine
C’est l'une des plus graves crises humanitaires depuis la Seconde Guerre mondiale : 20 millions de personnes souffrent de la faim et sont menacées par la famine au Yémen, au Soudan du Sud, en Somalie et dans le nord-est du Nigeria. C’est l’équivalent de deux fois la population de la Suisse.
C’est au Yémen que la situation est la plus critique : plus de 17 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire et sept millions sont proches de la famine.
L’état de famine est déclaré lorsqu'au moins 20% des familles sont confrontées à des pénuries alimentaires extrêmes, que plus d'un tiers des personnes souffrent de malnutrition aiguë et que le taux de mortalité dépasse deux personnes par jour pour 10 000 personnes.
2. La famine n'est que la partie visible de l'iceberg.
Dans le monde, 1 personne sur 9 n'a pas assez à manger, soit 815 millions de personnes. La malnutrition chronique a de terribles séquelles sur les populations. Chez les enfants malnutris, les retards de croissance, les maladies ou les lésions cérébrales provoqués par la faim entraînent souvent de mauvaises performances scolaires et plus tard de faibles revenus.
Laissée sans soin, la malnutrition aiguë peut aussi entraîner la mort. Ainsi, dans le monde, 45% des décès d'enfants de moins de 5 ans sont liés à la malnutrition et aux maladies infantiles que ces enfants sous-alimentés sont trop faibles pour combattre. La famine n’est déclarée que dans les pires cas, des gens meurent de faim bien avant ce seuil.
3. Les femmes et les filles sont les premières victimes de la faim.
La pauvreté et le manque de nourriture ont de graves conséquences sur la vie des populations. Les femmes et les filles sont les plus vulnérables : elles sont les premières à manger moins et à mettre de côté leurs propres besoins pour assurer la survie de leur famille. Dans de nombreux endroits affectés par la faim, le nombre de mariages précoces augmente car les familles marient leur fille pour avoir moins de bouches à nourrir.
La faim sévère augmente également les risques pendant la grossesse et l'accouchement. Au Yémen, un million de femmes enceintes souffrent de malnutrition sans accès à une assistance médicale appropriée.
4. Guerre et changement climatique accentuent la faim dans le monde
Les causes de la faim sont nombreuses dont l'extrême pauvreté, le manque d’investissement dans l’agriculture, la mauvaise répartition des ressources alimentaires et le gaspillage.
Mais ce sont la recrudescence des conflits et les impacts du réchauffement climatique qui sont les facteurs communs des plus graves crises alimentaires dans le monde. Dans de nombreux pays, les sécheresses sont devenues plus fréquentes à cause du changement climatique et ont été exacerbées par le phénomène climatique El Niño.
Au Yémen, au Soudan du Sud, au Nigeria et en Somalie, les conflits ont poussé des millions de personnes à fuir leur maison. Les combats et les pillages détruisent les récoltes et les moyens de subsistance des populations. Du fait de la pénurie de nourriture, les prix des aliments deviennent inabordables pour beaucoup. Au Soudan du Sud, au cours du mois d’août 2017, l’inflation était de 165%. Qui plus est, de nombreuses communautés n’ont pas accès à une aide humanitaire à cause des violences.
5. Nous pouvons combattre la faim !
Nous pouvons lutter contre la faim. Les taux de malnutrition diminuent dans les régions où les humanitaires distribuent de la nourriture et de l'eau. Les équipes de CARE, présentes dans les pays menacés par la famine, ont déjà aidé 2,1 millions de personnes. Outre les distributions d’urgence, nous aidons les communautés à trouver d'autres sources de revenus et à développer des cultures résistantes à la sécheresse.
Il est primordial que la communauté internationale soutienne la prévention de telles crises plutôt que d’attendre que le pire arrive.
Car nous le savons, les actions de prévention sauvent plus de vies, préservent les gains de développement et reviennent moins cher. Pour chaque dollar dépensé dans le cadre de la préparation aux catastrophes, près de sept dollars sont économisés sur de potentielles dépenses d’urgence.
Or, aujourd’hui, l’appel de l’ONU de 4,9 milliards de dollars pour éviter la famine au Yémen, en Somalie, au Nigeria et au Soudan du Sud n’a été financé qu’à 68%. La santé et la vie de 20 millions de personnes dépendent de cette aide. Plus la réponse est tardive, plus ces gens en souffriront.