Déjà gravement touché par une crise économique et humanitaire, le Liban doit aujourd’hui faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine. Alors que la majorité de la population peine déjà à se nourrir, elle vit maintenant dans la peur de pénuries - de blé et de pétrole - qui pourraient avoir des lourdes conséquences, alerte l’ONG CARE sur place. 

L'ONG CARE intervient au Liban face à la crise économique
© CARE

Le conflit en Ukraine va aggraver une situation alimentaire déjà catastrophique au Liban

« La guerre en Ukraine risque d’avoir des conséquences bien au-delà de ses frontières. Au Liban, depuis plus d’une semaine déjà, les boulangeries rationnent le pain, produit essentiel pour la nourriture des plus démunis. Lundi dernier, le prix du sac de pain a augmenté de 20 % », alerte Bujar Hoxha, directeur de CARE au Liban.

La réserve de blé devrait durer un mois seulement, selon une déclaration officielle du ministre des Finances. En effet, très dépendant sur le plan agricole, le Liban importait 66 % de son blé d’Ukraine et 12 % de Russie. Il faut aussi noter, que depuis l’explosion du port de Beyrouth en 2020 et la destruction partielle des silos du port de la ville, il est désormais très difficile de stocker des graines. Outre le blé, d’autres produits de consommation provenant de l’Ukraine et de Russie, notamment l’huile à frire et le lait en poudre, manquent depuis plus d’une semaine sur les étagères des supermarchés. 

Pénurie de pétrole, d'électricité : les populations paient le prix fort de ce conflit

« L’autre grande inquiétude concerne la flambée des prix du pétrole. Le service public libanais fournit à peine deux heures d’électricité par jour. Pour pallier ce manque, les les infrastructures et les citoyens comptent sur des générateurs privés pour survivre. Mais face à l'augmentation des prix, les gens sont contraints de se rationner en électricité. Le Liban risque d’être plongé dans le noir ! Et cela ne concerne pas uniquement les particuliers mais aussi et surtout les hôpitaux, les écoles et d’autres secteurs vitaux. Il faut ajouter à cela, les problèmes d’accès à l'eau qui est alimentée par l’électricité. Plus de 900 000 Libanais et un million de réfugiés syriens avaient déjà signalé des pénuries l'année dernière. »

Les Libanais et Libanaises qui ont déjà fait face l’été dernier à une pénurie d’essence s’attendent au pire. Au cours de la semaine dernière, les stations d’essence ont fermé à deux reprises. Des files commencent à se former devant les pompes à essence alors que les autorités soulignent qu’elles ne peuvent garantir la stabilité du prix que pour les deux semaines à venir.

« Alors que ces deux dernières années, de nombreux Libanais et réfugiés syriens ont entièrement compté sur l'aide internationale et les initiatives humanitaires locales pour survivre, la principale crainte est que l'aide internationale diminue avec beaucoup de financements qui seront dirigés directement vers l’Ukraine. Or, le Liban a plus que jamais besoin de soutien ! »

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