Il y a neuf mois, le sud d’Haïti était ravagé par le puissant ouragan Matthew. Emilie Martin, notre responsable des urgences, revient de mission dans les zones isolées qui sont toujours dévastées. Elle raconte comment CARE soutient 12 405 personnes à reconstruire leur maison et leur vie.
Quelle est la situation dans les régions affectées par l’ouragan Matthew ?
Neuf mois après l’ouragan, les populations sont toujours affectées par le passage de l’ouragan. Les impacts sont toujours visibles et nous avons de fortes inquiétudes quant à la capacité de la population à faire face à de nouveaux chocs. Le gouvernement vient d’ailleurs de déclarer l’état d’urgence sur quatre départements frappés par l’ouragan Matthew.
Les populations souffrent donc toujours des impacts de l'ouragan ?
Oui, dans celui de Grand-Anse, la reconstruction des maisons n’est toujours pas terminée. Et la reprise des activités agricoles va être encore plus longue. On ne trouve toujours aucun fruit, légume ou autre produit frais sur les marchés. Les bananiers ne produiront pas de nouveau fruit avant neuf mois, les cocotiers prendront encore plus de temps.
On oublie trop souvent qu’il faut des années pour se remettre de ce type de catastrophes naturelles. Sans parler du choc psychologique qu’ont subi les populations.
Comment CARE participe à la reconstruction ?
CARE aide actuellement plus de 12 405 personnes, grâce au soutien d’ECHO (service de la Commission européenne à l'aide humanitaire et à la protection civile) dans le département de la Grande-Anse. Notre objectif est de couvrir les principaux besoins de ces familles : aide alimentaire, appui aux activités génératrices de revenus et reconstruction des maisons et des écoles.
Quelles sont les difficultés auxquelles les humanitaires font face sur le terrain ?
Nous travaillons en milieu urbain - au niveau du centre-ville de Jérémie dans les quartiers très défavorisés de Sainte-Hélène - mais aussi dans les zones rurales de Haute Guinaudée et de Basse Volodrogue.
Bon nombre de ces communes sont très isolées, car il y a peu de routes pour y accéder et celles-ci sont étroites et accidentées. La mobilisation de nos donateurs nous a permis de participer à la réhabilitation de trois ponts suspendus qui franchissent les larges rivières de cette région.
Comment aider les populations à limiter ce type de dégâts lors de prochaines catastrophes ?
Nous avons formé 110 maçons qui appuient désormais les populations à reconstruire des habitations plus solides et plus sûres, selon le principe du « build back safer ». Les toitures sont ainsi fixées aux murs par des charnières afin qu’elles ne s’envolent pas en cas de prochaine tempête. De même, les maisons reposent désormais sur des fondations de 61 cm de profondeur. Ces méthodes préviendront la destruction des habitations, tout en diminuant le nombre de blessés graves et des morts.
Nous employons des techniques similaires pour la réhabilitation de dix écoles, dont nous voulons terminer les travaux d’ici la rentrée scolaire. Depuis le passage de l’ouragan, des centaines d’enfants n’ont pas pu retourner en classe. D’autres sont obligés de se rendre dans des établissements éloignés ou dangereux car fortement endommagés par l’ouragan.
Et sur le plan économique ?
Il faut aider les populations à se remettre de cette catastrophe, sur le plan économique. À l’heure actuelle, nos équipes leur apportent une aide alimentaire sous forme de coupons qu’elles peuvent échanger contre des produits alimentaires de base dans des boutiques de leurs quartiers : farine, pâte, millet, poisson séché, maïs, riz, pois, huile. Ce programme permet également de redynamiser l’économie locale. Les vendeurs partenaires de CARE, se fournissent ainsi sur les marchés locaux, en particulier dans la ville de Jérémie.
Et sur le long terme ?
La région de Grand-Anse était le grenier d’Haïti. Sur le long terme, nous voulons soutenir le développement de ce potentiel agricole. Nous avons d’ailleurs déjà commencé à distribuer des semences aux agriculteurs. Et nous comptons soutenir le développement d’autres types d’activités génératrices de revenus, telles que la pêche et le petit commerce.
L'action de CARE en Haïti
CARE travaille en Haïti depuis 1954. Nos équipes participent à la reconstruction des régions impactées. En plus des réponses aux urgences, CARE met en œuvre des programmes de développement : éducation, autonomisation économique des femmes, développement de moyens de subsistance. > En savoir plus