Même si les Haïtiens font preuve d'une très grande résilience, ils ont besoin d'aide pour faire face à ce nouveau drame. Voici l'appel de Jean-Michel Vigreux, directeur du bureau local de CARE.
Je ne pouvais pas imaginer qu’un ouragan puisse faire autant de dégâts.
Je ne pouvais pas imaginer qu’un ouragan puisse faire autant de dégâts. Mais lorsque je me suis rendu à Jérémie, le chef-lieu du département de Grand’Anse dans le sud de l’île, j’ai vu l’ampleur effarante des destructions. On compare cette catastrophe à la dévastation causée par le séisme de 2010.
Quatre jours après l’ouragan, nous avons rejoint nos équipes prépositionnées dans le sud. Nous avons mis neuf heures pour nous rendre de Port-au-Prince à Jérémie, soit quasiment deux fois plus de temps que d’habitude. Plus nous nous dirigions vers le sud-ouest, plus les dégâts étaient importants. Les arbres verts et l’herbe luxuriante avaient laissé place à une terre désolée, jonchée de débris et de gravats.
« Nous n’avons plus de maison. »
Nous nous sommes arrêtés à un centre d’évacuation à Les Cayes, où CARE distribue des repas chauds et de l’eau potable. J’ai demandé à un groupe de femmes qui s’y trouvait : « Quand allez-vous pouvoir rentrer chez vous ? » L’une d’elles a haussé les épaules : « Nous n’avons plus de maison. »
Quand nous sommes arrivés à Jérémie, c’était apocalyptique. 80 % des maisons ont été endommagées ou détruites. Certains des habitants ont perdu des proches, la grande majorité ont également perdu leurs sources de revenus : bétail et cultures. « L’ouragan a frappé au pire moment possible. Je venais juste d’investir de l’argent dans des cultures de plantain. Et maintenant, tout a été détruit », raconte Cléta qui vit près de Jérémie.
Un million et demi de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire.
Un million et demi de personnes ont besoin d’une aide. En voyant le désespoir sur les visages, j’ai senti que nous devions faire plus et rapidement. Les gens n’ont ni eau, ni nourriture. Les sources d’eau ont été contaminées, ce qui a engendré une augmentation inquiétante des cas de choléra.
Les besoins sont immédiats. Et la différence majeure avec le séisme de 2010 est le manque de mobilisation internationale. Après le tremblement de terre, des milliards de dollars ont été versés à Haïti. Aujourd’hui, sur les 120 millions de dollars demandés par l’ONU pour couvrir les besoins vitaux des sinistrés, seuls 13 % ont été collectés.
J’entends la réticence de certains après les débats qui ont suivi le séisme. Pourtant, la grande majorité des ONG ont utilisé les fonds versés à bon escient. CARE, par exemple, a utilisé avec succès les 113 millions de dollars reçus. Nous avons pu aider les Haïtiens à reconstruire leur pays au cours des cinq années qui ont suivi la catastrophe. Qui plus est, le gouvernement haïtien actuel est centré sur la création d’une structure démocratique plus solide et plus transparente vis-à-vis de la population. Si le gouvernement de 2010 était quasiment absent du processus de coordination humanitaire, il a pris cette fois-ci la responsabilité de préparer et de coordonner la réponse humanitaire.
Les Haïtiens ont besoin d'aide
Il est important de rappeler qu’Haïti est le pays le plus pauvre du continent américain. Et l’île est extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles. Les conséquences de cet ouragan pourraient être terribles pour les populations qui ne se sont pas encore complètement relevées de plusieurs chocs successifs depuis 2010 : un séisme, deux ouragans, une tempête tropicale, deux sécheresses.
Même si les Haïtiens font preuve d’une très grande résilience, ils ont besoin d’aide pour faire face à cette nouvelle catastrophe. Après l’ouragan Sandy, les associations villageoises d'épargne et de crédit créées par CARE dans les zones dévastées avaient pu distribuer plus de 43 000 dollars aux victimes de l’ouragan. Elles ont ensuite recommencé à économiser pour être prêtes à faire face à la prochaine crise. Ce type de montant ne suffira pas à reconstruire des régions complètement dévastées.
Il faut se rendre compte de la situation : même des pays riches, tels que les États-Unis, déploient d’importantes ressources sur plusieurs années pour la reconstruction qui suit des catastrophes de l’ampleur de l’ouragan Matthew.
Nous en appelons à la compassion de la communauté internationale
Beaucoup d’Haïtiens sont aujourd’hui désespérés.
« C’est la première fois que le vieil homme que je suis voit une telle tempête. Notre maison tremblait et le toit s’est envolé. Des débris volaient dans tous les sens. Ma famille a été épargnée mais j’ai tout perdu. Je n’ai plus de maison, plus de jardin, plus d’argent. Nous ne pouvons qu’espérer recevoir de l’aide », raconte Ylvens, 67 ans.
J’espère que la compassion des bailleurs prendra le dessus. Chaque minute compte, et nous devons agir.
Ce texte a été publié par le Huffington Post
C'est grâce à vos dons que nous pouvons venir en aide aux Haïtiens.
Présente depuis plus de 60 ans à Haïti, CARE intervient aujourd'hui pour répondre aux besoins immédiats et poursuivra son action pour aider à la reconstruction.
Nos équipes ont déjà distribué près de 80 986 repas chauds et 52 280 bouteilles d’eau dans les départements les plus affectés par l'ouragan Matthew. CARE a également distribué 2 074 kits d’hygiène et 67 347 tablettes de purification d’eau dans les départements de Sud-Est, Ouest et Grand’Anse. 2 974 bâches et 160 couvertures ont aussi été distribuées aux personnes qui ont pu rentrer chez elles.
25€ permettent, par exemple, de composer un kit d'hygiène et 135€ un kit d'abris.
D'avance, un grand merci pour votre soutien !