Le 4 octobre, un puissant ouragan a frappé Haïti. 1,4 million de personnes ont actuellement besoin d’une aide humanitaire. CARE fait partie des premières ONG à avoir soutenu les populations des régions du sud, les plus affectées par cette catastrophe. Jean-Michel Vigreux, directeur de notre bureau en Haïti, revient sur les défis de l’acheminement de l’aide.
Quelle est la situation, deux semaines après le passage de l’ouragan Matthew ?
Les Haïtiens, qui s’étaient déplacés, commencent à rentrer chez eux, à l’exception des populations dans le sud-est du pays. Dans le département de Grand’Anse, 90% des maisons et autres bâtiments ont été détruits.
Dans les régions du sud les plus fortement affectées par l’ouragan, il n’y a toujours pas d’accès à l’électricité et les réserves de nourriture s’épuisent rapidement. Les habitants de Grand’Anse souffrent de la faim, de même que certaines communes des départements du Sud et Nippes.
1,4 million de personnes ont actuellement besoin d’un soutien humanitaire dont 750 000 d’une aide d’urgence.
Quels sont les principaux défis pour l’acheminement de l’aide humanitaire ?
Certaines zones très isolées sont toujours difficilement atteignables. Il est très compliqué d’acheminer des stocks importants, notamment dans le département de Grand’Anse. Des arbres et autres débris jonchent encore les routes. Il y a quelques jours, l’un de nos camions a crevé sur la route.
Deux semaines après l’ouragan, les populations sont désespérées. La priorité des ONG est de résoudre ces problèmes logistiques. CARE avait pré-positionné des réserves d’urgence avant le passage de l’ouragan. Grâce à cela, nous avons déjà pu distribuer près de 55 000 repas chauds et bouteilles d’eau dans les départements coupés du monde durant les trois premiers jours qui ont suivi cette catastrophe.
Quels sont les besoins les plus urgents ?
Le manque d’eau et de nourriture ainsi que la dégradation des conditions d’hygiène sont nos principaux points d’inquiétude.
Nous sommes très vigilants quant à la propagation de maladies hydriques. Plus de 500 nouveaux cas de choléra ont déjà été reportés, dont la moitié à Grand’Anse. Cela est dû à la contamination des sources d’eau et à la surpopulation des abris temporaires. Plus de 175 000 personnes déplacées vivent actuellement dans 224 abris.
Pour prévenir la résurgence d’une épidémie de choléra, CARE a déjà distribué 1 000 kits d’hygiène et 7500 tablettes de purification d’eau dans les départements de Sud-Est, Ouest et Grand’Anse. 1 250 bâches ont aussi été distribuées aux personnes qui ont pu rentrer chez elles. Nous diffusons également des messages radios pour alerter les populations des risques et les informer sur les bonnes pratiques en termes d‘hygiène.
La situation alimentaire est aussi très inquiétante. Selon les premières estimations, 80% des exploitations agricoles ont été détruites dans le sud-ouest haïtien. Cette région surnommée « le jardin du pays » avait déjà souffert d’une sécheresse provoquée par El Niño. L’insécurité alimentaire va encore s‘aggraver. Il faudra apporter une réponse de longue durée pour aider les petits agriculteurs à redémarrer leurs cultures.
En parlant du long terme, comment aider Haïti à se remettre de cette nouvelle catastrophe ?
Les populations haïtiennes font face à une succession de crises depuis 2010 : séisme, ouragans, sécheresses. Nous ne pouvons pas changer cet état de fait mais nous pouvons aider les communautés à s’adapter et à être plus résilientes face aux chocs.
Une fois que nous aurons répondu aux besoins de première urgence, nous allons aider les Haïtiens à reconstruire leurs maisons et à retrouver des moyens de subsistance.
Pour cela, nous avons lancé un appel à dons de 15 millions de dollars pour soutenir nos actions durant les deux prochaines années. À ce jour, nous avons déjà pu récolter 5,7 millions de dollars.
C'est grâce à vos dons que nous pouvons venir en aide aux Haïtiens.
Présente depuis plus de 60 ans à Haïti, CARE intervient aujourd'hui pour répondre aux besoins immédiats et poursuivra son action pour aider à la reconstruction. 25€ permettent, par exemple, de composer un kit d'hygiène et 135€ un kit d'abris.
D'avance, un grand merci pour votre soutien !
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